On ne sais point si cette histoire est véritable ou non, mais du moins c'est ce que la belle raconte. En fait on peut trouver à son récit de vie deux sortes d'histoires. Mais toutes deux sont totalement probables. Alors laquelle vous conter ? Celle qui est une tragédie morbide, ou celle qu'elle censure pour ne point heurter les âmes sensibles ?
D'ailleurs doit-on obligatoirement commencer par un éternel 'il était une fois' ? Ou par le jour même de la naissance de l'être plein de charme qu'Aliénor est ? Ne peut-on point commencer par la fin, et revenir dans un flash back contenant un autre flash back ? Vous vous y perdriez sûrement... Du moins on le craint.
Longue réflexion pour une simple biographie... Mais soit il faut bien connaître un temps soit peu le passé d'une personne, même si cette dernière se refuse par moment de la narrer.
Alors commençons par le début... Ou la fin, comme toute chose ayant un sens et une logique. Mais sachez qu'il n'y aura ni d'il était une fois ou née en ce jour de printemps. D'ailleurs si vous vous attendez à une histoire des plus communes avec de douces et joyeuses péripéties et bien... Il y en a certes mais encore sont elles rares. Ce conte n'est que racontar romancé et enjolivé d'un ramassis de vie.
"Frappé comme un vulgaire animal l'être avait le souffle coupé. Le sang engorgeant de sa couleur rougeâtre la terre sous son visage. Il n'avait plus l'air d'un humain normalement constitué, les coups pleuvaient par dizaines ou vingtaines. En réalité il perdait toute notion de temps et de chiffres. Tout ce qu'il savait été qu'il faisait nuit noire, le jour, l'heure il ne savait plus. Concernant le lieux ? Oui, il savait qu'il était dans une de ces vastes forêt que l'on trouve dans le pays. Une de ces forêts qui se dressent comme des herses, avec ces arbres sombres aux feuillages cachant la lumière de la lune et la brillance des étoiles guidant le pauvre berger perdu.
L'homme au sol ne pouvait contempler l'étendue de cette beauté nocturne qui donnait aussi l'impression de se retrouver dans un monde enchanté. Grimaçant sous chaque coup s'écrasant sur son corps douloureux et frêle l'homme suppliait du regard son tortionnaire. Tortionnaire souriant avec une certaine fierté à faire frémir et pâlir le plus pâle des esprits. Il aimait la punition qu'il donnait à sa jeune victime. Peut-être en jouissait-il... Un rire gras et guttural sortait par moment de sa gorge sale.
Plus loin entre l'ombre des arbres fort de la forêt et les faibles rayons lunaire les formes souples et gracieuses d'une femme de dessinait. Deux pointes étincelantes brillaient, scrutant la scène qui se déroulait sous ses yeux guère plus innocents que le premier des assassins du pays. Mais loin de là la pensée vacillant vers le fait que l'ombre aimait ce qu'elle voyait. Non, une part de sa personne détestait cela, l'autre attisé par l'incroyable et délectable odeur de sang et de chair qui se déchire sous les coups lui donnait une sainte envie de lécher ses lippes. Ses boyaux se tordant de désir... Un désir inhumain tellement proche de l'animal. Ses doigts fins se crispaient sur le tissu bleu nuit de sa robe, la demoiselle ferma les yeux et se concentra sur autre chose... Les suppliques de l'homme à terre ou bien l'impact des coups qu'il subissait ? D'ailleurs, comment était elle arrivée à se retrouver face à une mise à tabac telle ?
Revenons donc à quelques années en arrière. Aliénor de son prénom et Colombes de son nom se réveilla un beau soir de novembre enveloppée dans des draps de soie nacrés, sa tête reposant sur des coussins de soie plus foncée et tout aussi doux que ces draps. Elle méconnaissait totalement le lieu de son réveil. Ses perles bleus lui servant d'yeux naviguaient dans la pièce, tentant de reconnaître le moindre détail qui pourrait l'y aider. Mais hélas rien, rien dans cette vaste chambre ne lui rappelait la moindre chose qu'elle pouvait connaître. Même pas cette odeur subtile de musc, de terre et de soleil qui envahissait l’atmosphère. La demoiselle surprise de reconnaître ces odeurs fronça les sourcils et se leva brusquement en enroulant le draps autour de son corps nu. Voilà bien une chose qui lui était aussi fort surprenant. Mais en cet instant la jeune Aliénor craignait le pire. Que lui était donc t'il arrivé !? Où était elle ? Qui l'avait amené ici ? Farfouillant sa mémoire elle ne découvrit qu'un vaste trou noir, rien ne lui revenait, comme si on lui avait effacé la moindre parcelle de ses souvenirs de jeunes femmes. La brune en était catastrophée. Courant vers la porte elle se jeta sur la poignet pour tenter d'ouvrir la porte. Mais cette dernière ne s'ouvrit pas. Prise par la peur affluant dans ses veines elle essaya à maintes reprises mais eut toujours le même résultat. La porte était elle condamnée ? Tombant à genoux toujours enveloppée des draps elle supplia qu'on la libère. Sa peur se sentait dans sa voix de Crystal.
Mais là tapis dans l'ombre du mur la belle était observé. Des yeux luisant d'une certaine convoitise suivaient ses moindres faits et gestes, les enregistrant un par un. Soudain il avança faisant craquer sous sa botte les lattes de chêne recouvrant le sol. L'ombre avancée drapée dans une longue cape rouge sangoire ses yeux brillant fixaient toujours la jeune femme qui paniquait et pleurait ainsi avachie à terre. Pourtant son ouïe à présent sur-développer devait bien percevoir les grincements légers de ces pas arrivant à lente allure dans sa direction. Mais non rien ne la faisait bouger, la peur la tétanisait. Aliénor trop submergée par ses émotions ne se rendait même pas compte que sa vision du monde avait changé. Elle en était bouleversée en quelques heures toutes ses sensations, ses perceptions avaient évolués dans un mieux. Un mieux effrayant, un mieux qui la tétanisait de plus de cette claustrophobie. La demoiselle tremblait et l'être sans visage approchait de plus en plus, si proche qu'il posa sa main sur elle avec force et serra son épaule entre ses doigts musclés. Là enfin, sortant de sa torpeur la brune sursauta et fit volte face se trouvant nez à nez avec son kidnappeur. Oui, elle fut victime d'un rapt, mais d'un rapt hors du commun. Elle, Aliénor Colombes, fille d'avocat et de bijoutière venait de se faire enlever par un effrayant inconnu, inconnu dont le visage était caché et dont seul les yeux luisaient. La belle le fixait ses yeux vacillait quand enfin il se présenta. Dimitri Vorchinski. Ce nom lui disait vaguement quelque chose. Mais où l'avait elle entendu, tout était flou dans sa tête, ses souvenirs derniers n'étaient pas présent.
L'homme l'aida à se relever et d'une main ferme il lui saisit le poignet la soutenant tout en l'entraînant vers le lit où elle s'était éveillée. Là, il la fixa toujours, sa respiration de mâle était forte, et son haleine sentait le sang. Cela lui soulevait le coeur, mais la jeune femme en retenait ses hauts le coeur. Portant lentement sa main contre sa bouche elle n'osait bafouiller une question simple et pourtant tellement importante. Mais ce fut en cet instant comme si ce Dimitri avait lu en elle comme dans un livre ouvert. Il lui répondit d'une voix grave et profonde raisonnant dans sa cage thoracique comme des coups de hachoir.
Ce Dimitri lui expliqua dès lors qu'elle était sa convoitise, son désir caché... Qu'il l'avait depuis fort longtemps repéré et qu'il l'avait suivis sans jamais qu'elle ne le repère. Oui, il devait avoir ce don, celui de ne pas se faire voir. Pourtant, quand on voit sa carrure on ne peut qu'immédiatement le repérer quand il y a foule, grand, oui sûrement plus que grand que la moyenne pour l'époque. Des épaules larges qui donnaient naissance à ses bras que l'on pouvait imaginer tout en muscle sous les tissus qui le recouvraient, un cou fort et épais, comme un taureau, un buste haut large s'affinant vers les hanches et aux cuisses surprenantes de grosseurs de ses muscles. Mais s'il n'avait pas ce visage aux traits doux, ce Dimitri serait le cauchemar de bon nombre de personne l'ayant croisé. Mais voilà à présent il se confiait à la jeune Aliénor qui recroquevillée tremblait telle une feuille sous la brise du vent d'hiver.
La belle ne savait que pensait, tout se mélangeait dans sa tête que croire, que faire, comment cela en était-il possible ? Qui était-elle avant de s'éveiller dans ce grand lit aux draps de satin ? Avait-elle de la famille ? Si oui s'inquiétaient-ils pour elle ? Elle était complètement perdue, il se passait trop de chose, trop de ressentit... Trop de tout. Pourtant, Aliénor aurait aimé poser toutes ces questions, mais la sécheresse de sa gorge et la tétanie de ses cordes vocales l'en empêchait. Sa seul réaction était de monter sa main fine vers sa bouche pour en couvrir la faible ouverture traduisant l’effroi qui la saisissait. Plus elle écoutait ce que lui disait Dimitri, l'obsession qu'il avait développé pour elle, le fait qu'il la voulait avec lui pour l'éternité, jusqu'à cet instant où il l'avait veillé tapis dans l'ombre une semaine durant.
A ces mots il se leva et la regarda du coin de l'oeil la faible lumière de la nuit laissait entrevoir une balafre lui barrant le visage en deux passant sur son oeil et son nez échouant vers la mâchoire. Il était encore plus effrayant. Un long frisson lui parcourut tout le dos et la brune resserra le plis de sa robe de chambre rouge. Le suivant de ses yeux inquiet elle resta fixée sur ses traits marqués par la lumière des rayons de lue traversant la fenêtre. Elle s'humecta les les lèvres avant de se sentir soudainement prise de fatigue, la tête lui tournait et elle sentait une forte douleur comme si on lui martelait la crâne, suite à cela elle ne se souvint de rien.
Aliénor s'éveilla à nouveau dans ce grand lit quelques jours plus tard. Les rayons du soleil transparaissant à travers les carreaux du logis, la vision du monde était tout autre que la dernière fois, le lieux était beaucoup plus accueillant. Mais elle ne savait toujours pas où elle était. Sûrement dans un château ou un manoir perdue en campagne française. Avec des plaines s'étendant sur de nombreux hectares et avec quelques sous-bois. Repoussant les draps, la demoiselle se leva et posa ses pieds fins sur la fraîcheur du bois. Là sous ses pieds, la sensation était différente... Comme si elle ressentait mieux le bois, le sentait respirer. Elle baissa la tête et observa mieux, sa vision aussi avait changé. Elle percevait plus de détails comme ceux d'un animal. Tout semblait nouveau. Chaque sensations, chaque ressentis.