| Sujet: Le songe d'une nuit d'été [PV Dust] Ven 13 Mai - 20:40 | |
| « Plic… ploc… plic… ploc… »
Le regard émeraude observait les gouttes qui tombaient sur le sol depuis une feuille d’un bosquet. Lorsqu’une goutte se décrochait et allait éclater en dizaines de petites gouttelettes sur le sol de pierre, la propriétaire des mires vertes ponctuait la désagrégation d’un « plic » ou d’un « ploc ».
Séléné souriait, étrangement captivée par ce simpliste spectacle. Simpliste comme une partie d’elle. Malgré l’heure plus que tardive, la lune éclairait parfaitement le parc royal. La jeune femme trouvait même l’endroit plus beau, tout y était sublimé. Les arbres, les fleurs, les statues, les fontaines et l’eau qui s’en écoulait, tout cela semblait rayonner. La louve appréciait plus la nuit que le jour surtout quand sa chère lune était de la partie.
C’était d’ailleurs son goût pour le sombre et l’obscurité qui la faisait résider dans les geôles du château. Or quand on disait geôle, c’était vraiment le cas. Ce n’était pas comme si elle possédait une chambre ou une petite pièce près des cellules et des salles de torture. Non, elle occupait une vraie cellule. D’ailleurs, elle oscillait entre plusieurs d’entre elles suivant s’il y avait des occupants ou non. Elle se satisfaisait de peu. Elle avait juste besoin d’un peu de paille pour dormir et encore. Pour le reste, elle trouvait toujours de quoi se débrouiller. A croire qu’elle n’était qu’une simple mendiante et non pas l’assassin en chef du lieu. Mais les petits plats, les lits chauds, elle n’aimait pas. Elle trouvait même ça bizarre. Au fil du temps, les gardes s’y étaient habitués. Enfin, disons qu’ils faisaient tout pour l’éviter et se préoccupaient donc assez peu de ses besoins ce qui convenait très bien à la jeune femme.
La nuit, Séléné sortait de sa « tanière » pour aller prendre un peu d’air frais et se nourrir. Et oui, torturer ça donne faim. De ses débuts avec Yvan, elle gardait le goût de la chasse et de la vie en plein air. Hors le parc royal possédait un grand bois qui regorgeait d’animaux. Il y avait donc tout ce qui fallait à la louve pour vivre sans problème. Généralement, elle ne restait pas aux abords du palais. Bien qu’elle ne sorte que vers les deux/trois heures du matin, elle évitait la zone trop proche des portes et du bâtiment. Il y avait toujours quelques serviteurs qui vaquaient à diverses occupations. Mais dans le parc, dans les bois, personne ne s’y risquait la nuit. Séléné était seule et c’était très bien comme ça.
Le nez, constellé de petites tâches de rousseurs, se retroussa brusquement et se mit à humer l’air. L’intérêt de la donzelle avait été détourné des gouttelettes par autre chose. Une odeur douce, attirante, enivrante. Une odeur qui réveillât l’estomac endormit qui se manifesta de manière totalement audible par un « crouic » magistral. Sans y faire attention, Séléné bondit et se mit à courir dans une direction bien précise. Elle pénétra le bois, bifurquant et slalomant entre les arbres. L’odeur devenait plus forte, tout comme le bruit que ses oreilles captaient. Une ouïe plus fine que pour n’importe quel humain. Encore quelques mètres et la jeune fille se jeta en avant dans un bond impressionnant avant d’attraper un lapin en pleine course. Le pauvre animal n’eut guère le temps de se rendre compte de ce qui lui arrivait. Les dents devenues crocs avaient déchiré les chairs au niveau de la nuque, brisant le cou de l’animal qui fut vite engloutit. Séléné n’avait pas sa forme animale. Elle ne la prenait que lorsqu’elle quittait le parc. Mieux valait éviter les problèmes dans l’enceinte royal.
Assise en tailleur, elle déchiquetait le lapin qui, de simple petite boule de fourrure soyeuse, n’était plus que lambeaux de chairs sanguinolents. Une dizaine de minutes plus tard, il ne restait plus que la peau maculée de sang. Celle-ci fut vite enterrée, histoire de ne laisser aucun indice sur son passage. Séléné se releva alors. Son visage, sa bouche était pleine de sang tout comme sa chemise qui n’était plus vraiment blanche sur le devant. La louve n’appréciait pas les tenues des femmes de l’époque. Yvan avait d’ailleurs rapidement abandonné l’idée de lui faire porter des tenues chics. Elle ne les supportait pas. Elles finissaient toujours en morceaux. Séléné acceptait juste de porter des tenues simples, jupes longues, chemises amples et larges ceintures. Mais ce que la demoiselle aimait le plus c’était de ne porter qu’une simple chemise longue, une chemise d’homme qui lui tombait sur les cuisses, juste au-dessus des genoux. Cela la laissait totalement libre de ses mouvements et elle aimait cette liberté. Elle portait d’ailleurs juste cette chemise ce soir-là et elle allait pieds nus, préférant le contact du sol au contact du cuir tanné. Beurk ! Une horreur pour la jeune femme !
Doucement, elle revenait sur ses pas, elle commençait à fatiguer. Comme une enfant, elle alla frotter ses yeux. C’est à ce moment que le ciel gronda, des nuages vinrent brusquement masquer le disque lunaire avant de déverser des trombes d’eau sur le château et ses environs. Une de ses pluies d’été, violente, brutale, imposante. Un éclair zébra le ciel faisant hurler Séléné qui plaqua ses mains sur ses oreilles. Elle détestait les orages. Elle en avait même peur. Affolée, elle chercha un endroit où se réfugier. Elle courrait vite et, avec les trombes d’eau, elle ne voyait pas trop où elle allait. Elle cherchait juste un endroit où se réfugier et se rapprocha plus du château que d’habitude. Elle vit alors des statues et des sculptures dont une qui semblait former une sorte de mini-grotte où elle s’engouffra. Il n’y avait de la place que pour une personne et encore recroquevillée. La jeune fille n’était visible de l’extérieur qui si on faisait bien attention, sinon on pouvait passer à côté sans la voir. Son corps était secoué de spasmes dès que le tonnerre se faisait entendre. Là, elle attendit que l’orage passe. |
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