La curiosité est un vilain défaut belle Alice. Sur une bouteille où il y est inscrit « bois-moi », dis toi que tu dois t'en méfier comme de la peste. Pourtant tu es là, aussi innocente qu'une enfant, tu pousse les feuillages qui nous séparent, pauvre saute, se jeter dans la gueule du loup de la sorte. Il faudrait être suicidaire. Les battement de son cœur. Le doux parfum de sa peau, une dame de la bourgeoisie. Et ce sang circulant dans ses veines. Je fermais un instant les yeux, tentant de chasser ma faim à la limite du soutenable alors qu'elle reculait de quelques pas. Elle savait, elle connaissait notre existence et pas que la notre à en juger par cette touche animale.

Décidément, je ne comprendrais jamais les humains. Il est préférable de vivre dans l'insouciance et eux cherchent à savoir ce qu'il y a de l'autre côté du miroir. A moins que les mœurs aient changées depuis mon arrivée dans ce monde de ténèbres. Je lisais des ouvrages sans pour autant me demander si ces monstres imaginaires avaient pu fouler le même sol que moi. Voilà que cette jeune demoiselle côtoie sans doute au quotidien un lycan, c'est sans doute ce dernier qui lui a parlé de notre existence, pourquoi le lui aurait-il caché. Il y a une certaine haine qui existe entre nos deux races, pourquoi ? Comment ? Je n'en ai pas la moindre idée. Mais si une jeune humaine porte sur elle le parfum d'un amant de la nuit, un ennemi de l'autre camp ne se gênera en aucun cas de se servir d'elle comme d'un exemple. Mais loin de moi cette envie, la mienne était bien plus primaire que cela, sans arrière pensée, aucune. Un simple désir de voir le sang maculer cette peau blanche et satinée. Un fin sourire se dessina sur mes lèvres, dévoilant le nacre de mes canines, son regard était particulier, tout comme le mien, c'était si rare. Un détail. Un infime détail inutile, rien de mieux pour tenter de chasser des pensées morbides.

Les battements de son cœur en fond sonore, sa douce voix était parvenu malgré tout à mes oreilles. Mais maintenant qu'elle avait compris ce que j'étais, nous n'allions pas simplement faire une petite causette au clair de lune. Je fis un pas dans l'herbe, m'approchant légèrement d'elle, rompant rapidement cette distance qu'elle désirée mettre entre nous deux.

Bonsoir charmante demoiselle. M'aider ? Non je ne crois pas avoir besoin de cela.... Mais je suppose que vous vous en doutez à présent.

Je pouvais agir rapidement, je pouvais lui briser les os avant même qu'elle n'ai le temps de hurler. Planter mes crocs était un véritable jeu d'enfant si j'en avais vraiment envie. Lutter contre ma nature était une véritable souffrance, mais ça, personne ne pouvait le comprendre. Mes congénères semblaient tous aimer ce qu'ils étaient, la mort faisait partit de leur quotidien, mordre la jugulaire des humains, une simple routine. Je n'arrivais pas à me faire à cette condition, mais là, elle était une véritable tentation et je n'avais pas consommer de sang depuis presque deux jours. Comment résister à un plat qui vous serait offert alors que vous mourrez littéralement de faim ? Il faudrait être fou ou vouloir mourir pour lui tourner le dos.

En un claquement de doigt, je me retrouvais dans son dos. Ma main glissa dans une de ses couette, mes narines s'emplissant de sa délicate odeur. L'animal, le vampire prenait le pas sur l'humain que j'espérais toujours être un peu. Un grondement sourd quitta ma gorge, j'étais parfaitement conscient de ce que je pouvais provoquer chez cette demoiselle. Un brin de peur, sans doute légèrement tétanisée par cette proximité soudaine. Qui aimerait se retrouver avec dans le dos un vampire ?

Que fait une demoiselle comme vous dans une forêt en pleine nuit ? Votre loup ne vous a-t-il pas expliqué que c'est dangereux ?

Le jeu commençait, je voulais savoir de quoi elle était capable, si elle était si inconsciente que ça. La nuit était là pour nous offrir un couvert, personne ne pourrait venir nous ennuyer à présent.

La belle demoiselle, rose délicate, parfum envoûtant mais gare aux épines. Voilà comment je la voyais, je me méfiais de ce qui pouvait se cacher sous ces air de jeune poupée de porcelaine. Qui sait, peut-être était-elle une redoutable tueuse de vampire et qu'au final j'étais sa proie, contrairement à ce que je pensais. Michellis m'avait entraîné à me battre, à user de ma célérité, de mon ouïe et de ma vue vampirique. J’écoutais les battement hypnotique de son cœur, la peur, oui la peur, voilà ce qu'il y avait dans son cœur. J'avais ma chance, elle pouvait être mon repas de cette nuit La tuer ? Non, ce n'était pas mon envie. Avoir la mort d'une personne sur la conscience était un terrible fardeau à porter. J'avais déjà la sienne, qui alourdissait mon cœur mort ainsi que sa malédiction, c'était amplement suffisant. Je sentais son regard se posé sur moi, je perçu que sa particularité était plus handicapant que le mien. Mes doigts glissèrent à son menton, un bref moment, mes yeux croisèrent les sien, comprenant qu'une de ces deux perles avait perdu de son éclat.

Un geste. Le touché du satin de sa peau me fit frissonner de plaisir. Elle se détourna de moi, mettant à nouveau une distance raisonnable entre nous deux. Un ton détaché, tranchant avec son cœur qui s’emballait de plus en plus sous l'effet de la peur. Parfait, jouons ma belle Alice, je suis le petit lapin blanc et mes paroles ainsi que mes gestes je t’entraîne peu à peu aux pays des merveilles. Un nouveau sourire se dessina sur mon visage en découvrant le rictus qui étirait ses fines lèvres. Oh, aurait-elle tenter de se montrer détachée face à cette situation, quelle belle tentative. Un soupir quitta mon être, quelque peu déçu qu'elle ne tente pas de fuir ou de me sauter dessus pour m'arracher le cœur. Je voulais un jeu, pas un simulacre de rencontre pseudo-romantique.

Ce que je vais vous faire belle inconnue ? Je ne sais pas encore... Je suis un peu indécis sur la suite des événements. Mais sachez une chose, cela fait déjà deux jours que je n'ai rien mangé à cause de ceux de votre race qui nous traquent. Alors dites-moi... Est-ce que vous avez peur de moi ?

Un brin de perversion alors que mes pas m'approchaient à nouveau de son corps. Cette poitrine généreuse se soulevant à vive allure était une invitation des plus tentante. D'un geste vif, je l'acculais contre l'arbre le plus proche. Impossible pour elle de reculer, il faudrait qu'elle se montre très persuasive si elle voulait retrouver un peu de liberté. Je sentais son souffle brûlant sur ma peau glacée. Mon visage coula à son cou, lui faisant craindre une morsure qui ne vint pas, je me contentais d'effleurer sa peau de mes lèvres, la baisant délicatement. Je me pressais contre elle, comme si je ne voulais faire qu'un avec son corps, ma cuisse glissant entre les siennes pour l'empêcher de me mettre un coup de pied malencontreux. C'est là que je sentis qu'elle avait une arme dissimulée, la demoiselle cachait bien son jeu. J'aurais bien pu la lui prendre, mais non, je m'amusais simplement avec cet être mortel.

A ce que je sens, tu n'es pas si imprudente que cela... Une arme ta cuisse, c'est si féminin comme attitude. Pardonne-moi si je te tutoie, mais vu la proximité de nos corps on peut se dire intime non ?

J'étais véritablement un autre homme, ma nature vampirique avec totalement pris le pas sur cette partie humaine que je rechignais à voir mourir. L'adrénaline, la faim, cette tentation si exquise et la nuit qui nous entourait devait y être pour beaucoup. Demain le regret me hanterait, mais pour tout avouer, là je m'en foutais royalement. Un animal, voilà ce que j'étais. Ma main vint saisir son cou, mon regard plongé dans le sien, je serais légèrement, sentir un peu plus la peur émané de son corps était un pur moment de plaisir. Voilà ce que pouvait être le sexe sans le sexe, une partie de plaisir sans avoir à se mettre à nu. Ma langue passa avec envie sur mes lèvres, mon regard se teintait d'une leur proche de la folie, mes doigts enserrant un peu plus son cou. Débats-toi belle Alice, le Chapelier fou ne se rend pas compte qu'il est complètement cinglé.

Poupée délicate. Rose écarlate. Petite Alice, ne te rends-tu pas compte à quel point je suis dangereux ? Serais-tu une frêle jeune demoiselle désirant se faire mordre par un vampire ? J'en ai connu dans le passé. Des hommes ou des femmes venant dans notre demeure, suppliant presque Michellis de boire leur sang. Pas pour les tuer, mais juste pour ressentir l'ivresse de la morsure, la douleur exquise du sang quittant leur corps pour rejoindre un corps glacial. Et elle jouait, prenant un air dégagé, me charmant de ses lèvres tentatrices, de son parfum de peur et de plaisir. Décidément, je ne comprenais plus les humains, tout avait tellement changé en presque un siècle. Elle pouvait juste mourir ? Voilà le plus délicat des présents que je pouvais lui offrir, mais je n'étais pas enclin à être un vampire généreux ce soir. J'avais soif de sa chair. Pourtant, étant porté sur la gente masculine, je pouvais faire une exception pour cette nuit, je n'allais pas en mourir non plus.

Complètement perdu dans mes pensées, j'en oubliais le cou gracile que j'enfermais ans un étau mortel. La douce Alice devait manquer d'air à présent, ses muscles devaient être douloureux. Et cette odeur. Je reposais les yeux sur elle, découvrant que mes ongles avaient entamés sa chair, rie, de profond, juste des égratignures. Mais suffisamment pour faire perler un peu de sang. Rouge rubis, perle carmine, pare ce corps de ce collier appétissant. Je la libérais de cette étreinte mortelle à ses paroles, toujours un peu perturbé par ce qu'elle dégageait. Du désir. Mes sens me trompaient rarement. Son corps désirait la morsure, me suppliant silencieusement de répondre à son appel. De le ressentir chez elle rendait ce moment encore plus excitant. J'avais l'impression que mon corps se réchauffait à son contact mais c'était pure illusion de ma soif de sang.

Désire-tu que je te morde ? Aimerais-tu que mes crocs transpercent ta peau?

J'avais a nouveau coulé mon visage à son cou pour murmurer ces paroles. L'odeur du sang rendant mes canines encore plus douloureuse, comme une rage de dent carabinée. Ma langue vint laper ces perles offertes, un goût si exquis, une note sucrée caressa mon palais et un gémissement vint mourir sur sa peau martyrisée par mes soins. Cet acte était tel des préliminaires avant l'acte sexuel, comme une caresse sur un corps que l'on vient à peine de dévoiler, un peu tremblant mais excité par la découverte de plus de plaisir. Je reculais mon visage, croisant son regard vairon, mes doigts passèrent sur sa joue, l'effleurant presque avec tendresse. Mon pouce s'égara un instant sur ses lèvres. C'était un peu comme si elle moi étions en train de nous découvrir et de nous aimer en cachette d'un chaperon un peu trop protecteur. Mais il n'y avait rien de tout cela dans mon cœur, les sentiments avaient disparus en même temps que ma mortalité. Un jeu pervers, un trouble à faire naître chez la belle Alice.

Michellis avait agit de la même manière avec moi, m'offrant tout ce que je désirais, m'enseignant tout ce que je devais savoir pour me fondre dans la haute société, mais il avait un projet pour moi. Et ça, il ne m'en avait rien dit, il ne se rendait même pas compte de ce qu'il m'offrait en m'engendrant. Sombre fou et il voulait en plus que je vive à ses côtés pour l'éternité. Ce genre de « détail » ne peut être pris à la légère et pourtant il l'a fait. Et avec la délicate Alice j'agissais pareil, sans le désir de l'engendrer bien entendu, que ferais-je d'une femme nouvellement vampire dans mes pattes ? Un rire glissa de mes lèvres, mes doigts quittèrent les siennes, mon ongle venant entailler un peu plus les griffures à son cou. Rien de bien dangereux pour sa vie, pas encore du moins, je voulais juste savourer un peu plus ce nectar qu'elle m'offrait sans se défendre.

Alice, Alice. Quelle belle candeur dans ces paroles. Profiter de ma présence ? Je n'étais pas là pour faire causette avec la charmante gourmandise perdue au milieu des bois. D'ailleurs, cette dernière devait avoir un peu de mal à voir ce qui l'entourait, la nuit était de plus en plus épaisse, les arbres masquaient les étoiles et la lune. Pour moi, pas de soucis à l’horizon, je voyais comme en plein jour, ces perles délicieuses éveillaient mes papilles alors que la belle prude gémissait d'un plaisir nouveau. C'était tout bonnement intéressant. Sa main se joignit à la mienne alors que je la caressais avec envie, un peu de chaleur sur la glace qu'était ma peau. Je sentais son esprit se battre, combattre cette attirance qu'elle avait pour moi en cet instant. Le parfum animal qui courait sur sa peau était donc celle d'un loup très proche d'elle, un amant ? Un frère maudit ? Il me tardait déjà de savoir ce qu'il dirait des marques que j'allais déposé sur la chair tendre de sa poupée. Moi qui n'avais jamais vraiment bu une tasse de thé en compagnie d'un lycan, ce fantasme ridicule pourrait peut-être avoir lieu finalement.

La belle demoiselle profita de mon égarement et de ma faim grandissante pour se saisir de sa lame avant de me repousser dans l'herbe. Je fermais les yeux sous le choc avant de les ouvrir sur une demoiselle fière de m'avoir sauté dessus, son couteau à ma gorge. Mes bras se refermèrent sur le sien. Tel est pris qui croyait prendre belle Alice. La tuer ? Je n’avais pas la moindre intention de jouer avec elle jusqu'à ce son cœur cesse de battre, je voulais juste me délecter de son sang avant de disparaître dans la nuit, satisfait et rongé par le remord d'avoir succombé à un vice aussi bas.

Te tuer n'est pas mon but. Et non je ne suis pas piégé, je suis bien plus fort que toi et si je le voulais je pourrais t'envoyer voler à la cime d'un arbre.

D'une main je lui reprenais son arme, me moquant bien de la résistance qu'elle tentait d'opposer. Je la repoussais fortement d'une facilité déconcertante, elle rencontra dans un bruit mat l'arbre qu'elle venait de quitter. Je sentis son cœur faire un bond dans sa poitrine, sans doute avait-elle eu mal. Je me relevais, époussetant mes vêtements, revenant vers elle comme si de rien n'était. Et là, sans crier gare, je me collais à elle, mon visage coulant à son cou. Mes lèvres effleurèrent une fois encore sa peau dans un murmure.

Le jeu est terminé... Je commence à me lasser un peu et je meurs de faim belle Alice.

Un grondement sourd quitta ma gorge, mes mains s’agrippèrent au tissus soyeux de son vêtement. Mon corps se pressa encore un peu plus contre le sien alors que mes crocs percèrent sa chair pâle, libérant ce nectar brûlant qui dévala jusqu'au fond de ma gorge. Un baiser mortel, mes lèvres caressèrent son cou, me délectant de cette saveur sucrée. L'excitation était telle que mon corps s'en réchauffait, je ne faisais plus qu'un avec cette âme égarée, un acte charnel sans moindre pénétration en somme. Qu'elle gémisse, qu'elle hurle, qu'elle se débatte rendait les choses encore plus exquises. Je sentais sa poitrine contre mon corps, son cœur s'affolait tout comme sa respiration, c'était divin.

Ce sentiment, cette sensation. Cela faisait des années que je ne l'avais pas ressentit. J'avais délaissé les corps humains pour du sang froid des cadavres, ça n'avait rien de comparable. Cette chaleur envahissait tout mon être, j'avais le sentiment d'être à nouveau vivant, d'avoir à nouveau un cœur dans mon poitrail mort. Ce liquide carmin, un véritable aphrodisiaque, une invitation au stupres.

Ceci aurait pu durer une éternité. Sa voix n'était pour moi qu'un murmure, tel le vent jouant des les feuilles des arbres nous entourant, nous enserrant intiment. Le goût salé des larmes de ma proie se mélangea au sang si parfumé. Un savoureux mélange qui me faisait oublier les secondes qui défilaient, la douleur qu'elle pouvait endurer, sa vie qui lui échappait peu à peu alors que mon corps retrouvait de sa vigueur. J'avais beau me dire que le sang froid des morgues était nourrissant, mon corps ne se remettait jamais complètement. Alors que là, je sentais mes forces revenir, mon ouïe captait le moindre bruissement, j'avais la sensation d'entendre les gens parler dans la ville, mais ce devait être le fruit de mon imagination. Je sentais le petit cœur de ma belle Alice battre de plus en plus lentement contre mon corps, son souffle chaud se faisait de moins en moins présent, pourtant, je continuais de me délecter de sa saveur particulière, de cette force qui coulait dans mes veines.

Sa voix. A nouveau. Si faible. Si lointaine. J'ouvris les yeux sur cette peau satiné qui avait subitement pâli. Je cessais cette dégustation morbide, offrant à la nuit un gémissement rauque de contentement, le corps de la frêle poupée entre mes doigts. Un dernier baiser vampirique sur la plaie la fit disparaître, par gourmandise, je léchais les perles encore présentes sur le satin de peau. Mon regard retrouva sa lueur habituelle, la folie avait quitté mon corps. Je n'étais plus tout à fait le même, ma soif était étanchée. Mon regard se pose sur ce pantin dont les fils ont été sectionné. Dans un soupir, je me mets à genoux, la déposant sur l'herbe fraîche, il lui faudra un peu de temps pour récupérer à présent. Un fin sourire se dessine sur mes lèvres.

Ton sang était parfait pour cette nuit Alice. Cela faisait des années que je ne m'étais pas délecté de la chaleur d'un sang et d'un corps. Je crois que je ne verrais pas une poche de sang de sitôt grâce à toi.

Je me relevais, allant récupérer la lame de la demoiselle, je la déposais près d'elle. Mine de rien elle avait tenté de se défendre malgré le fait que le combat était perdu d'avance, elle avait du cran cette jeune femme, sans doute parce qu'elle vivait proche d'un lycan. Ce dernier avait du lui apprendre quelques petites astuces, mais elles étaient bien veines face à un vampire assoiffé. Maintenant, elle ferrait sans doute un peu plus attention lors de ses virées nocturne, à moins que cette rencontre ne la pousse à nouveau à tenter le diable. Mais tous les vampires n'étaient pas des gentleman comme moi, il fallait bien peu pour que la faim se transforme en un meurtre sanglant. Je me mis à nouveau à genoux près d'elle, la chaleur de son corps revenait peu à peu, gardant en éveil une toute autre envie que celle du sang. Ma sa poitrine et ses attraits féminins ré-freinaient ce désir animal, je n'étais pas si désespéré que ça non plus. Mes doigts chassèrent une mèche de cheveux venus masqué son œil différent, cette dernière avait du s'échapper lors de notre altercation. Le seuil de la mort lui donnait une beauté différente, une beauté que nous les enfant de la nuit possédions. Ses joues avaient perdu de leur rosé, ses lèvres étaient plus pâles et son souffle était presque absent. Cet état ne durerait pas éternellement, beauté éphémère, corps éphémère. Un jour, une nuit, tu vieilliras, tu redeviendra poussière et ta vie sera un simple souvenir pour ceux qui t'auront connu. Après un instant à l'admirer, je me relevais, lui tournant le dos, prêt à m'enfuir dans la nuit sans le moindre regret. Du moins pour le moment.

La belle Alice allait-elle réclamer ma présence ?

La nuit semblait bien plus belle à présent. Je ressentais tout différemment. Les battements lents de la belle Alice étaient un fond sonore des plus appréciables, le vent se levait par brises légères, jouant dans ma longue chevelure et dans l'herbe mi-haute qui caressait le visage de la poupée sur son lit de mort. C'était ainsi que je la voyais à présent, telle Blanche Neige attendant son prince charmant. C'était d'un risible, je devenais un pseudo-romantique sous l'effet de son sang. Voilà pourquoi il fallait que je me détourne d'elle avant de la prendre en pitié et de la ramener chez moi, j'étais bien capable d'une telle connerie, après tout, j'étais un gentleman. Je posais un dernier regard sur la poupée sans vie, des larmes chaudes roulant sur ses joues fraîche, la vie resterait en elle encore bien des années si elle faisait un peu plus attention, c'est pas moi qui y mettrait fin cette nuit. Je n'accordais la mort à personne en ce bas monde, un seul avait mérité ce châtiment, rien qu'un seul et cette demoiselle ne faisait pas partit des gens à abattre. Une simple dégustation, voilà ce qu'elle était, voilà ce qu'il advenait des humains croisant ma route les nuits où la faim est bien trop grande pour que je le contienne en compagnie de mortels.

Je quittais mes pensées ainsi que le corps de la jeune Alice, à quoi bon rester, j'avais eu ce que je désirais après tout. Les battements de son cœurs rythmèrent mon envie de partir. Je chassais son image de mes pensées en tournant lentement les talons, je voulais encore prendre le temps d'explorer la forêt pour trouver des plantes à rapporter à ma boutique. Je voulais trouver de nouveaux mélanges pour apporter à ma clientèle un peu plus de diversité. Mon petit laboratoire était empli de centaines d'odeur différentes, de quoi filer la migraine aux narines les plus sensibles. J'étais déjà totalement ailleurs, j'avais occulté la demoiselle dans l'herbe jusqu'à ce que je sente quelque chose retenir faiblement ma jambe. Je détournais la tête, le sourire qui habillait mon visage avait disparut pour laisser place à un masque de froideur. Un bref murmure, puis plus rien. Je déposais mes yeux vairons sur son corps. Des larmes roulaient sur sa peau. C'était d'un pathétique. Elle avait joué les maline en usant de belles paroles et agissant comme si elle ne craignait pas la mort. Mais maintenant, oui maintenant qu'elle avait goûté à ma morsure elle pleurait comme une fillette égarée.

Je secouais la tête, revenant auprès d'elle, me mettant à genoux une nouvelle fois. Ma main, redevenue chaude grâce à son sang, caressa son visage, essuyant les larmes brûlante. Je m'approchais d'elle, venant murmurer à son oreille d'un voix glacée et sans moindre tendresse pour ce que je venais de lui faire subir.

Tu perds trop d'énergie à pleurer Alice. Tu faisais ton intéressante il y a peu de temps. Ça se voit qu'au final tu n'es qu'une enfant gâtée bien trop sûre de toi. Pourquoi veux-tu que je reste ? Qu'attends-tu de moi belle enfant ?

Un brin doucereux sur la fin, je me redressais, mes cheveux au teint bleuté effleurant sa peau qui retrouvait une légère teinte rosée sur les joues. Pleurer. Voilà quelque chose que je ne faisais plus depuis bien des années, j'avais versé des larmes à sa mort. Juste deux. Des larmes de sang pour la mort du vampire qui avait fait de moi ce que j'étais à présent, qui avait déposé sur mes épaules ce fardeau bien trop lourd à porter.

Dis-moi princesse, ton loup appréciera-t-il de sentir mon odeur vampirique sur toi ? Que va-t-il penser de toi en découvrant ce qu'il c'est passé.

Enfoncer encore un peu plus sa victime, voilà un trait de caractère que j'avais hérité de ma vie en compagnie de Michellis, la faim c'était estompée, pourtant je gardais mon côté provocateur d'animal en chasse.

La nuit semblait bien plus belle à présent, comme si je la voyais avec un œil neuf. Le sang humain décuplait mes forces tout en me donnant une douce chaleur dans mon corps mort depuis bien des années déjà. J'avais envie de la savourer, d'aller découvrir les secrets de cette forêt que j'avais à peine explorée. Mais la poupée ne voulait rester seule en cet instant. La peur. Elle suintait de son corps faiblard. C'était vraiment pathétique, je n'arrivais même pas à avoir un minimum de pitié pour elle, ma faim était assouvie et pourtant, je ne parvenait pas à retrouver cette partie de moi qui se faisait joueuse avec les humains, les clients et autres passants que je voyais à longueur de journée dans ma boutique. Était-ce ça le secret des vampire ? Perdre toute humanité en se nourrissant de sang chaud ? Dans un sens c'était vraiment délicieux de sentir ce corps en face de moi en train de dépérir telle une fleur oubliée sous un soleil ardent. Je n'étais plus tout à fait le même et je savais très bien que demain, une fois son sang « digéré » tout au fond de mon être, cette sensation disparaîtrait, comme le lendemain d'une fête bien arrosée, on en ressent les effets s'estomper petit à petit. Des larmes roulaient sur ses joues sans m'émouvoir un seul instant.

A genoux près d'elle, Alice tenta de se donner un peu de contenance ou bien de retrouver un peu de fierté en se redressant légèrement sur ses bras tremblotant. Ses forces lui manquait et pourtant elle continuait de lutter. Les humains avaient pour habitude de se débattre même quand il n'y avait plus un seul espoir, pitoyable créature prise dans les mailles d'un filet invisible. Mes doigts glissent sur le satin, dégageant les gouttes salines. Pure perte d'énergie inutile. Elle n'avait peur de rien la belle Alice. Malgré sa faiblesse, sa position plus basse que terre, elle osait répondre effrontément. Mes doigts se firent moins doux, venant à nouveau enserrer son cou déjà martyrisé. Mon regard se fit plus sombre, la folie dansa à nouveau dans mes iris vairons. L'air commençait à lui manquer, au moins apprendrai-telle le respect de cette manière.

Tu ne tiens pas à ta vie ? Ton loup n'a-t-il pas un peu d'importance à tes yeux ? J'aurais bien pu te tuer en te marquant de mon baiser mortel, j'ai eu la gentillesse de te laisser la vie sauve... Mais n'abuse pas s'il te plais, j'ai encore un peu de place pour le reste de sang qui coule dans tes veines.

Ma voix gronda avant que je ne la relâche, la laissant reprendre son souffle et ancrer dans son crane qu'elle n'avait pas la moindre chance de s'en sortir si elle agissait de la sorte avec moi . Je restais là, la regardant tousser, reprendre difficilement son souffle, des larmes roulant à nouveau sur ses joues pâles. La nuit était belle, non pas pour un meurtre mais pour une rencontre, qu'allait-il advenir de le belle Alice ? Nous n'étions pas dans un conte de fée, à la fin elle n'allait pas vivre heureuse et avoir beaucoup d'enfants. Un fin sourire se dessina sur mes lèvres, dévoilant mes crocs de nacre.

Dis moi belle Alice qu'attends-tu de moi à présent ? Désire-tu mon aide, un abri pour la nuit ou bien mon corps ?

Un rire moqueur filtra, peut-être étais-je dans le faux, mais j'avais eu l'impression de lire dans son regard une once de luxure. Cette prude demoiselle goûtait-elle souvent au pêché de la chair ? Jouer, jouer encore un peu, la nuit était longue et la journée promettait d'être belle à son tour.