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 Le début. [PV]

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MessageSujet: Le début. [PV]   Le début. [PV] EmptyDim 23 Oct - 7:54

Timothée & Nathan.
[Première rencontre.]


Aujourd’hui, était encore une de ses journées pluvieuses qui ternissaient Paris de gris et de pluie. La France avait tendance à prendre des airs de Grande Bretagne cet hiver et les récoltes finiraient, bientôt, noyées. J’imaginais, sans peine, la panique qui devait régnait chez les bourgeois, les plaintes par centaine que devaient assurément essuyés les nobles et le roi. La famine faisait souffrir les mendiants et la mort, immonde puante, guettait déjà, les jeunes enfants affamés. C’était une année marqué par la pauvreté et l‘injustice. Il y eut un temps où je me serais peut être révolté, tentant de trouver sans trop me mouiller, une solution équitable pour les paysans du petit comté familiale. Une époque lointaine, où chaque matin m’offrait des croissants chauds faits d’œufs frais, de farine de blé de première qualité et un café noir, auquel, des graines savamment torréfiées donnaient un goût corsé. Je crois que je serais désormais incapable d’en supporter l’amère saveur, moi, qui n’arrive même plus à apprécier le raffinement d’une tasse de thé. Je suis devenu une bien vulgaire parodie de la noblesse. J’eus un léger sourire qui ternit vite. Au bord de mon bureau, au dessus d‘une pile de dossiers mal rangés, trônait fièrement une missive du palais. D’une couleur crème, elle dégageait de forts effluves, une odeur capiteuse de rose. J’en savais le papier aussi tendre que granuleux pour avoir passé un long moment à le caresser, hier, alors que j’angoissais d’y voir mon nom inscrit en de si parfaites boucles. Le penché distingué du « N », la grâce affriolante des « a » et le cercle parfait formait par les deux « oo » d’Eastwood, m’ont tétanisés plus sûrement que ne l’a fait le cachet de cire royale, sur l’autre versant.

La lettre, elle-même, semblait transpirer de cette hypocrisie irrespirable qui envahissait chaque recoin du somptueux château de Versailles et j’avais faillis la déchirer. La populace, en particulier celle pullulant autour du riche monarque français, avait le don de m‘écœurer. Les courtisans, enorgueillis de leur richesse, étaient prétentieux et hautains, mais tous prêt à embrasser les pieds de Charles de France pour obtenir ses faveurs ; et les courtisanes, trompeuses et vulgaires, étaient un amas de catins prêtes à vendre leur âme, ne serait ce, que pour avoir l’insigne honneur d’effleurer du bout des lèvres, le pénis du Roi. Un bien beau troupeau de brebis fielleuses. Le pire, c’était de savoir que de faire l’amour entre deux rues impropres à une jeune laitière était meilleur que de le faire à une dame de la cour, prude et inexpérimentée. Les mendiants passaient aussi devant dans mon palmarès, car en dépit d’un manque de charme, j’appréciais la fermeté de leurs chairs et ils se révélaient, souvent, plus fougueux qu‘une riche vierge. Mes ancêtres ont du se retourner dans leur tombe une bonne trentaine de fois à me voir, si désinhibé, brisant toutes les mœurs et bafouant chaque tabous instaurés par cette société pourrie, jusqu’aux tréfonds des campagnes sud. D’un geste lasse, je récupérais le courrier posé en évidence. J’avais été trop lâche pour l’ouvrir, la veille au soir. Je craignais d’être confronté à un sérieux problème et ma position actuelle, auprès de Donovan et du clan Vanderkan, n’en serait pas facilitée si je m’enlisais face à la grande caste de mon ancienne race. Pourtant, je n’aurai pas du m’étonner, à force de fuir les réceptions comme la peste, aussi modeste baron me fis je, il était normal qu’un souverain avisé commence à douter. Un surplus de pouvoirs entraine un surplus de menaces. Je me pris à imaginer, à quoi devait se résumer l’existence de mon monarque enfermé dans une prison dorée, qui, bien que confortable, devait se révéler inhospitalière, lieux de complots et machinations tordus. Non, vraiment, les puissants n’étaient pas ceux à envier : pour vivre longtemps, il vaut mieux vivre caché. Je ne remercierai jamais assez mes tuteurs pour cette très bonne leçon d’éducation.

Dans le creux de mes paumes, vint se loger un feuillet distingué que je dépliais sans soin. Il se froissa sous mes doigts brusques et j’en fracturais l’harmonie délicate, réduisant à néant ce qui avait été travaillé pour être plié, dans une scission parfaite. Angoissé, je me levais et ouvrit la fenêtre pour faire entrer les bourrasques violentes et mordantes du vent ainsi que les fins crachins pluvieux. Leur fraîcheur humide imprégna la pièce aux tapisseries anis à une vitesse folle et quand, je daignais refermer les lourds battants -en bois de pins- de la vitre, ma lettre c’était légèrement gorgée d’eau. Qu’importe, elle restait lisible et j’en parcourais les lignes avec résignation, retourné m’adosser à mon bureau d’un noir sobre. Je préférais ce style désuet aux meubles riches des imposantes demeures, qu’on martyrisés de gravures dans l’espoir de copier la tendance italienne et correspondre aux critères farfelus du baroque.
« Cling!…Cling ! »

« Toc ! Toc !»


J’abandonnai l’invitation au bal sans cérémonie -un auquel je ne couperai vraisemblablement pas- et me crispai. Les coups à ma porte se répétèrent en un bruit de fond, sourd. Peu de gens savaient où je logeais, pour ne pas dire personne. Je me cantonnais toujours au strict au minimum quant aux informations personnels que je donnais à autrui. Aucune âme sauf la mienne n’avait jamais franchis ma porte, même pas les bonnes. Je ne possédais ni amis proche, ni cercle, juste mon allégeance à Donovan -restreinte- et celle purement fictive que j’accordais à Charles. Il y avait bien mes conquêtes, mais je veillais à me les faire dans les endroits les plus incongrus, usant parfois, des bordels situés près de la cour des miracles, au cœur de catacombes parisiennes. Inquiet, je me dirigeai vers le placard, première pièce attenante à l’entrée, et y déniché une vielle épée au fleuron rouillée. Elle n’avait certes, rien de magnifique, mais restait encore bien assez pratique et aiguisée pour me permettre d’embrocher quelconque manant attentant à ma vie. L’escrime est une de mes passions et je n’en ai pas arrêté la pratique. Je n’aime pas me reposer uniquement sur la force brute. Les malins savent qu’il y a mille et une façons de faire trépasser un homme, surhumain ou pas. Le souffle court, je venais d’un pas conquérant, me redressai et ouvrai d’un regard froid. La porte céda face à un inconnu blond et je me troublai. Jamais, une seule seconde dans mon existence, visage masculin ne m‘était apparu plus doux.
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