♥ La nuit était belle, la lune n'était qu'un maigre croissant, présage d'un calme agréable. Pas de lycan affamé, pas de meurtre sanguinaire. Mon arrivée dans cette belle cité se ferrait dans la sérénité quasi totale. Je restais malgré tout sur le qui-vive, on était jamais à l'abri d'une mauvaise rencontre. Ma main effleura la garde de mon katana, à peine masqué sous ma cape de fourrure. Maigre protection contre ce froid ambiant qui c'était brutalement installé à l'arrivée de l'automne. La brise fraîche s'élevait et nous enveloppait de son aura glaciale une fois l'astre solaire couché par delà l'horizon. Je ne savais où coucher cette nuit, j'avais donc déposé mes affaires personnelles dans un troquet pour quelques pièces d'or, juste le temps de trouver un hôtel, une auberge ou bien encore une âme charitable. J'avais sur moi ; mon arme, une bourse pleine mais aussi deux fioles de poisons de ma préparation. Mes talons claquaient sur le pavé tandis que les pans de mon kimono faisaient se lever un léger nuage de poussière sur mon passage. La pluie n’était pas tombée depuis longtemps, il faisait bien trop froid pour que les goutte ne nettoies les rues et ruelles. Où aller ? Quelle merveille dont regorgeait cette ville allais-je découvrir en premier ? La traque attendrait que je sois parfaitement installée. C'était risqué de ne pas avoir un endroit où se replier en cas de blessure ou de grave problème.

♥ J'arpentais les rues principales, me familiarisant avec les boutiques, les noms des avenues et des ruelles. Je devais connaître cette ville comme ma poche, pouvoir prévoir un itinéraire bis, disparaître au détour d'un commerce, tout les moyens étaient bons pour une traque. Une échoppe attira immédiatement mon attention ; « Aux milles et unes épices ». Voilà un endroit où je devrais me rendre pour voir s'il était possible que le ou la vendeuse me procure des herbes pour mes concoctions personnelles. Un peu de charme et quelques piécettes en plus y aideraient certainement. La ville était vivante, même malgré l'heure tardive. Ces hommes et ces femmes ne semblaient pas se douter que les loups rôdaient. Pas d'arme, leur haleine sentant l'alcool à plein nez et de l'insouciance. Mais par contre, j'ignorais encore une chose sur le monde de la nuit, les loups n'étaient pas les seuls à se fondre dans les ombres. Je n'avais et d'ailleurs, je n'imagine toujours pas qu'il pouvait y avoir d'autres monstres à traquer ou bien à éviter. Pour moi, il n'y avait que les lycans ; animaux sanguinaires masquant leur véritable visage sous une apparence humaine.

♥ Je repensais à mère, à ses enseignements, à tout ce qu'elle m'avait inculqué. Pendant mon voyage, j'avais pensé à renier tout ce que père m'avait enseigné . Mais, au fil de ce laps de temps plutôt court, je m'étais rendu compte que ce qu'il m'avait offert en héritage serait fort utile. La torture, les poisons, les mensonges, la trahison allaient de paire avec la grâce, la douceur et la séduction. J'étais née d'un non-amour, j'avais vécu dans le mensonge et m'étais révélée dans la mort et la lâcheté. J'étais tout cela à la fois, voilà quelle était ma véritable force.

♥ Pas un nuage à l'horizon, une légère brise portait à mes narines les effluves délicates de la ville, un cordonnier, des épices, du chocolat et tout une multitude de saveurs et d'objets que je prendrais le temps de découvrir une fois la chaleur du soleil levée. J'arpentais les rues, cherchant du regard un lieu pour passer la nuit, pour avoir un peu de chaleur, un bon repas et un lit douillet si cela était possible. La traversée de en bateau avait été un véritable enfer, tempête, vomissements et couche humide. J'avais eu de la chance, je n'avais pas attrapé de maladie.

♥ Le souvenir, se rappeler d'un événement même très proche vous fait perdre votre concentration. Je n'étais plus sur mes gardes, la fatigue et le froid avaient eu raison de mon mental. Je sentis quelque chose me bousculer, un poids quitter ma ceinture. D'un geste vif, je dégainais mon katana, mon regard sévère et glacé se posa sur la silhouette effrayée. Elle ne s'attendait sans doute pas à cela, je devais être une proie facile pour les voleurs à la tire. Un jeune homme, de quinze-seize ans tout au plus, il fit tomber la bourse qui tinta lourdement en tombant sur le pavé. Ses jambes tremblaient à la lame pointée sur sa glotte. Je n'avais pas été assez vigilante et voilà qu'on me prenait pour cible. Mon souffle était calme. La peur ne faisait plus partit de moi depuis la mort de mère.

Ne.... Ne.... Ne me....

silence !

♥ Il baissa le regard, des larmes perlant à ses yeux sombres. Visiblement, il s'attendait au châtiment suprême. Il entendit la lame retrouver son fourreau, ses orbes brillantes se posèrent à nouveau sur moi. Il fit un pas en arrière en me voyant approcher, incapable de fuir, pétrifié par la peur. Je récupérais ma bourse, glissant mes doigts fins dans cette dernière pour en sortir une pièce d'or que je mis dans sa main moite.

Je ne suis pas une cible ni une tueuse. Prend-ça et disparaît !

♥ Ma voix était un murmure délicat, une caresse orale teinté d'une froideur qui fait naître un frisson le long de l'échine. Il sentait la peur et la crasse. Son corps trembla et il détala comme un lapin, disparaissant au détour d'une ruelle. Je frissonnais à mon tour, le froid mordait ma chair à nu, il fallait vraiment que je trouver un endroit où me reposer.