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 La vaillance mêlée à un grain de folie...[Pv Dafne Di Medici \PAUSE/]

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La vaillance mêlée à un grain de folie...[Pv Dafne Di Medici \PAUSE/] Empty
MessageSujet: La vaillance mêlée à un grain de folie...[Pv Dafne Di Medici PAUSE/]   La vaillance mêlée à un grain de folie...[Pv Dafne Di Medici \PAUSE/] EmptyLun 5 Sep - 18:05

Le plus avisé des stratèges peut se laisser duper... Après tout, la nuit, tous les chats sont gris…
Jusqu’ici le simple terme d’erreur n’avait pas même effleuré les portes de mon monde, bien trop sûr de mes raisonnements et empruntant toujours le meilleur chemin pour parvenir à mes fins. Mais la méprise est aisée et un court moment d’égarement peut vous écarter du but recherché.

Ce soir là, j’étais de garde, comme à l’accoutumée. Cela faisait bien une heure que j’arpentai la courtine du château, l’esprit embué de pensées, le corps guidé presque par automatisme le long de ces hauts murs. Je repensai aux paroles de la Reine, la veille. Elle m’avait fait part d’un évènement particulier qui ne semblait pas pour autant l’affecter. Depuis quelques jours, elle soupçonnait une intrusion dans les appartements royaux. Plus qu’une simple suspicion, elle avait réellement surpris un jour, tard le soir, les éclats de voix d’une femme et ceux de son époux, dans la fameuse Salle des mémoires. Mon avis sur ces dires était partagé : Charles de France était un homme bien trop froid et intransigeant, irréprochable dans sa manière de gouverner ses sujets que je doutais fortement qu’il se soit acoquiné à une simple aguicheuse. Pourtant, je trouvais la confiance de Ma Reine bien trop touchante pour oser prétendre la fabulation, aussi j’avais entendu cette réflexion avec calme et discernement et restais donc en alerte.

Je m’approchai de la balustrade pour contempler la vue qui s’offrait à moi. J’étais arrivé à la limite nord-est du château qui surplombait d’une part le quartier proche, commerçant et d’autre part donnait vue sur les jardins et sur les appartements royaux, en contrebas. J’inspirai une longue bouffée d’air frais : Paris, vue d’ici ne faisait pas état de la misère grouillante en ses entrailles mais respirait la paix et la notoriété. La grande place était encore illuminée, des derniers artisans fermant boutique tandis que l’odeur piquante des étals de poissonnier se dissipait dans l’air embaumé de cette fin d’été. Au loin, la butte de Montmartre reflétait des allures lugubres, à moitié mangée par une forêt dense d’où s’échappait parfois des hurlements de Loup. Un frisson parcouru mon échine : Je n’étais plus tout à fait moi-même ces derniers jours. Le courage faiblissait en mes actes, je ne retrouvais plus la fougue des combats mais m’encroûtais dans des révérences et futiles courtoisies qui faisaient progressivement de ma fonction militaire, un cloître diplomatique et sans intérêt. Cela n’en finissait plus et quelque part, je regrettais les temps de guerre qui enhardissaient le moindre freluquet à brandir sa fourche contre l’ennemi. Cette réflexion m’arracha un soupir. Le summum de mon mal être résidait dans mon mode de pensée : Je laissais filer les plus pertinents de mes raisonnements sans même les arrêter ou les étudier, faisant stagner ma mission. En effet, cela faisait une bonne semaine déjà que l’on m’avait chargé d’enquêter sur un individu présumé coupable de trahison envers le Roi mais aucune preuve ne me parvenait, la cible demeurait éperdument insaisissable. Peut-être y avait-il un lien entre l’aveu troublant de Madame et la mission octroyée par Monsieur. Après tout, cette prétendue femme et le suspect déclaré par Charles de France étaient peut-être une seule et même personne. Pire, Monsieur avait peut-être des doutes à son sujet et jouait double-jeu en attendant que je démêle cette affaire ! A mesure que je me confortais dans cette pensée, j’en oubliais totalement la surveillance des environs. Mais un léger éclat de tuiles brisées me parvint lointainement alors que mon regard se perdait sur les jardins. Un point sombre et flou apparu dans mon champ de vision, tout prêt de l’endroit où je me trouvais, sur le toit même des bâtiments royaux. Elle provenait sûrement du balconnet de l’étage inférieur. Comme électrisé je lui hélai :
« Au nom de Sa Majestéle Roi, arrêtez-vous immédiatement ! »
La silhouette se stoppa net dans son élan et se retourna. Je plissai les yeux pour discerner son visage mais l’individu était bariolé de suie et je ne voyais d’ici que l’éclat brillant de ses yeux ainsi qu’une longue chevelure rebelle habiller sa nuque et son dos. Je me murmurais :
« Une femme n’est-ce pas ? »
Puis elle sauta du bord du toit et en une agile pirouette roula dans l’herbe humide. Je décidai de ne lui laisser aucune chance de m’échapper. Je montai sur le rebord de la courtine et tremblai un moment, face au vide, prêt à m’avaler. La hauteur était conséquente, je l’estimai à trois ou quatre mètre soit aucune chance de garder mes membres intacts si je tentai la chose à moins d’atterrir sur la sous-pente verrée de la serre. Je me jetai alors de la courtine et tombai lourdement sur la surface vitrée qui émit un craquement sinistre à l’impact. Quelque peu sonné, je vis la silhouette féline glisser sur l’herbe rase et se précipiter vers un des murs d’enceinte. Je sautai une nouvelle fois en me rattrapant sur mes appuis endoloris par ma précédente chute et me relevai pour rester sur ses talons. C’est alors qu’une chose des plus remarquables se produisit. D’un bond, elle escalada sans peine le rempart, se hissa et se laissa retomber de l’autre côté. Son agilité dépassait l’entendement et ne ressemblait à rien d’humain. En comparaison, j’étais diablement ralenti par mon attirail et m’essoufflai à chaque cascade. J’eus tout juste le temps de me hisser sur la pierre pour l’apercevoir s’engouffrer dans une ruelle transversale. Avec peine, j’enjambai le mur puis me laissai tomber, diminué par l’effort que je venais de fournir. Je relevais cependant fièrement la tête, un sourire en coin, excité par ce début de course-poursuite.

Je connaissais Paris depuis peu mais il me semblait la connaître depuis toujours. Aussi, c’est sans une once d’hésitation que j’empruntais avec assurance celle qui avait du faire office de chemin de traverse à ma cible quelques instants plus tôt. Devenu fourmi, immergé en son sein, La Grande me faisait découvrir l’envers de sa médaille ; comme toute grande capitale, celle-ci se faisait le théâtre d’un des plus grands paradoxes de notre temps : le côtoiement de la plus étincelante richesse accoudée à la misère la plus déplorable. Le pavé grisâtre croulait sous les ordures lorsque ce n’était pas une boue noirâtre et mal odorante qui le recouvrait. A mesure que j’avançai dans ce boyau distordu et mal éclairé, la nausée me montait à la gorge. Partout, des affiches placardées au mur semblaient avoir été déchirées par les quelques mains hargneuses des opposants au régime monarchique de notre pays. Tout ici bas ne faisait que souligner ou renforcer, une impression de total délabrement que seules quelques masures encore érigées vers le ciel semblaient compromettre.
Je sortis un mouchoir en soie de ma poche et vint le porter à mes narines pour réprimer l’écœurement qui me tenaillait les tripes. Je pressai le pas, mal à l’aise devant cet univers malsain et parvins à un croisement un peu plus éclairé dont la place était cerclée d’une taverne peu fréquentable ainsi que de quelques devantures closes. Je jetai un regard sur l’endroit, repérant ma cible à une dizaine de mètres, attablée sur la terrasse de l’établissement. Celle-ci semblait discuter avec un homme coiffé d’un haut de forme et de vêtements sombres. Il s’était penché vers elle tandis qu’elle lui glissait un quelque chose, sans doute un message. Puis l’homme la quitta, la saluant brièvement. Je me cachai dans l’encadrement d’une porte et après avoir suivi des yeux la silhouette mystérieuse se dérober au coin d’un tournant, je reportais mon attention sur la jeune femme. Puisque j’avais deviné ses intentions, il me tardait de connaître sa réelle identité. Soudain, elle se leva. Je me pressai contre la porte de bois qui se trouvait derrière moi pour éviter d’être vu. Elle me dépassa mais au moment où j’allais la suivre, un ivrogne s’accrocha à mon bras, me soufflant son haleine bestiale au visage :
« Hey ?! Mais qu’est-ce que vous faites devant…Hips…Ma maison ! »
L’ouïe attirée par ce vacarme, le regard de ma cible se posa sur moi et se dilata brusquement. Et me reconnaissant, s’enfuit les jambes à son cou. Agacé, je brusquai l’outre à vin qui insistait :
« Laissez-moi donc, maraud ! »
Je le poussai de l’épaule pour m’en débarrasser et vissai mon chapeau sur ma tête pour m’élancer derrière ma mystérieuse inconnue. Nous avions emprunté une des ruelles de la place, nous enfonçant dans les quartiers bourgeois des environs. Ici, l’air y était moins lourd, parfois porteur d’effluves sucrées ou épicées et le sol, bien que teint d’une légère crasse ressemblait déjà plus certainement à de la pierre. De hautes maisonnées éclairées, entouraient les deux bords de la ruelle. Enfin après plus d’une centaine de mètres durant lesquels j’avais crû renoncer à ma folle aventure, ma cible fonça à l’intérieur d’une auberge plutôt bien située, tout à côté d’un petit parc. Je n’eus pas le temps d’apercevoir le nom de cette enseigne car la belle était déjà entrée. Je poussai violemment les portes de l’endroit, tombant face à face avec les propriétaires. Un air effaré sur leur visage, ils pointèrent du doigt les escaliers menant à l’étage.
« Là..Là.. ! »
Satisfait et soudain pris d’une nouvelle rapidité, ayant finalement trouvé mon second souffle, je grimpai les marches quatre à quatre pour finir par me retrouver sur le palier supérieur. Là je m’arrêtai brutalement, tendant l’oreille. Des bruits de pas précipités se firent entendre et une porte claqua sèchement. A présent certain de sa position, je m’avançai dans le couloir me faisant face et d’un coup d’épaule, défonçai la porte de la chambre dans laquelle la fugitive s’était engouffrée. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir l’identité de mon vis-à-vis. Comment cela pouvait-il être possible ? Moi, Timothée de la Vallière, Chef de la garde et Ex-major de Sa Majesté m’était laissé berner par mes sens !

Une jeune femme, en tenue légère, l’air juvénile, la chevelure extraordinairement blondie et à la prunelle de chêne, me faisait face. Son expression d’abord surprise commença à se teinter de mépris et de colère. Elle allait ouvrir la bouche pour s’exprimer mais je lui fis signe de se taire, dressant l’oreille. Dans la chambre voisine, un vacarme assourdissant accompagné par un cri de femme nous parvînt. Puis un éclat de verre déchira la nuit. Je me précipitai à la fenêtre et la brisai d’un coup de coude, entaillant mon vêtement. Je penchai ma tête au travers de l’ouverture et vit une fois de plus, l’objet de ma course filer entre mes doigts. Je poussai un cri de rage et, échevelé, tapai contre les derniers fragments de verre encore présents sur le cadran de fenêtre. Mon cerveau s’était mit à fonctionner à la vitesse de dix milles nœuds marins, torturé par l’idée de l’échec de ce soir. Le souffle encore court, je tournai machinalement la tête vers la fenêtre voisine quand tout à coup, un objet attira mon attention : Il s’agissait d’un morceau d’étoffe bleue sombre, légèrement soyeuse, restée accrochée à une portion de vitre. J’allongeai le bras jusqu’à effleurer du bout des doigts le morceau de tissu puis tirai d’un coup sec dessus. Je me retirais dans la chambre, le regard fixé sur cette trouvaille. J’en oubliais la personne que j’avais dérangée, peut-être même au milieu de son sommeil mais cela importait peu. Mon regard était enflammé par l’excitation soudaine des raisonnements troublants qui germaient dans mon esprit : je tenais là, entre mes mains, mon seul et unique indice pour attraper la mesquine qui avait filé.

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