_I N T R O D U Z I O N E ;
‘‘ Sopravvivere non ha prezzo ‘‘
« Qu'attend de moi cette nouvelle vie ? Je n'ai qu'une envie inlassable, les revoir... Mais à quel prix ? »
Je levais mon bras en direction du ciel tentant vainement d'attraper les étoiles qui fleurissaient dans cette si belle obscurité. Ces magnificences étaient trop éloignées. Des millions de bras ne pourraient suffire à les atteindre en toute grâce. Arriverions nous à les toucher un jour ? Elles qui nous bercent lorsque nous sommes prisonniers de ce temps inique. Les hommes et leur croyance ne cessaient plus de me tourmenter, qui croire ? Cet être inexistant ou bien... Nos semblables ? Départagée entre les fils de Pandémonium et les Enfants d'Adam et Ève, je ne savais plus vers qui me tourner alors que l'aube se pointait malicieusement sur cette France âgée.
Avec légèreté je lâchais un rire. Je parlais seule et j'étais seule, à me pavaner dans les ruelles de Paris, cette ville prospérant d'année en année. J'y étais une exilée, bannie de Florence et de ses contrées. De peur d'être connue ou bien reconnue, je me cachais dans une étoffe maculée de suie, qui avait bien pu appartenir à un manant. L'odeur n'était que repoussante. Je me masquais dans cet habit de pauvre ; parfois il faut savoir s'abaisser et voiler sa dignité.
Derrière moi, des hommes. Qui étaient-ce ? En toute hâte, je me dirigeais vers l'endroit où je me logeais. Une auberge dont le nom m'échappait encore mais qui était assez réputée pour ces vastes chambres et sa sécurité. Mais j'en doutais. Le couple qui maintenait leur affaire ne connaissait surement pas les coulisses de ce monde ; nul être était dignement protégé, tout pouvait arriver, et à n'importe quel moment. En un simple claquement de doigt, beaucoup de choses changeaient. Mes pensées virèrent dans le néfaste, je me souvenais à présent de mon sort lorsque la Mère Di Medici avait décidé de m'exécuter de ses propres mains. Bien qu'elle fut arrêté à temps, cela me restait en mémoire. Ma naissance n'avait pas plu, et si elle avait été connu cinquante années plus tôt, Dieu seul sait si j'aurai survécu.
Je saluais le couple en m'adonnant à une petite révérence. Je leur étais bien redevable. Ils m'avaient malgré les temps qui courts, proposé de rester dans leur auberge en baissant nettement les prix. Bien que mon pouvoir de séduction y avait bien contribué. À cette heure bien matinale, je grimpais les escaliers, épuisée et lorsque j'eus atteint ma chambre je me précipitai vers mon lit ayant prit soin de verrouiller la porte et tel un enfant je bondis, abandonnant la guenille sur le parquet.
Le matelas de plumes disposé avait craqué. Les quelques lattes bien usées n'avaient pas supporté ma masse. Quelle honte ! Malgré cela, je ne pus un seul instant réussir à garder mes yeux bruns éveillés, la fatigue s'emparait de mon être et me poussa dans les bras de Morphée.
A T T O P R I M O ;
S c e n a _ u n o
‘‘ C'era una volta... ‘‘
Je naquis dans les draps soyeux de la demeure de Mère, prématurée de quelques mois. Les battements de mon cœur était lent, ce qui inquiétait beaucoup la dame de chambre de Mère qui avait pris pour rôle celui de la Sage Femme. Une femme assez âgée et qui avait, par de là ses rides et ses cheveux grisâtres, assez d'expérience afin de soulager Mère dans cet exploit qu'est engendré une naissance dès plus risquée. Ne vous a-t-on jamais mentionné qu'être une Enfant d'un fils de Pandémonium et d'une fille d'Adam et Ève pouvait coûter la vie ?
Ma naissance resta donc secrète partiellement, car des rumeurs circulaient dans toutes les maisons des alentours comme quoi j'aurai été la fille d'un vagabond, en somme, une bâtarde. Mais plus les années m'affinaient et me faisaient grandir, plus le monde changeait de discussion. Je pris même un jour au dépourvu l'une des servantes de Mère qui stipulait savoir qui était mon père. À cette époque là, je n'avais seulement cinq ans, mais mon esprit était assez bien éveillée pour comprendre la plupart des paroles qu'employaient les adultes. Je cherchais moi aussi des réponses, et lorsque je n'arrivais pas à connaître l'explication de mes questions, je me réfugiais dans les jupons de Mère, quémandant la connaissance de mon Paternel.
Ce fut une année plus tard qu'elle me révéla au cours de mon sixième anniversaire, qui était mon Père, du moins j'en appris un peu plus sur lui. J'avais glissé sous l'oreiller de Mère mon unique souhait ; celui -bien évidemment- de connaître la réponse à mes questions. Même si la clarification que Mère m'apporta n'était que brève, elle me satisfaisait. Plus j'avançais, plus les pièces du puzzle auquel je jouais s'assemblaient. Je me disais clairement que dans les années qui suivaient, j'aurai des réponses exactes sans aucun détour. Pour se faire pardonner de ne pouvoir en dire plus au risque que le secret soit entièrement dévoilé, elle m'offrit un chat. Stupéfaite je ne m'attardais plus sur la question qui s'acharnait en moi et je pris dans mes bras le chaton que je prénommai Alba et le serrai contre mon torse, la câlinant. Ce fut la première chatte d'une longue et fidèle lignée qui s'en suivit. Grâce à ce merveilleux cadeau je cessai toutes recherches, du moins, pour le moment.
S c e n a _ d u e
‘‘ ...una piccola ragazza che... ‘‘
Il y avait une grande maisonnée à quelques centaines de pieds de là où je vivais. Mère me disait qu'un jour, j'y rentrerai, dans cette immense demeure, mais que mon heure n'était pas encore venue.
Me peignant parfois tard le soir, avant que je ne rejoigne mon couvée, elle me citait quelques passages merveilleux d'un de mes contes préférés ; le Maître Chat. Mère me racontait par le biais de ces phrases bien tournées qu'il y avait une pensée importante, la maîtrise de soi ainsi qu'un travail approfondi nous permettraient de réussir dans la vie. Si j'avais, à cet âge là, des souhaits à réaliser, malgré mon jeune âge, je pouvais les rendre réalistes si, j'y mettais assez du mien. Je m'endormais en rêvant d'un monde où je connaissais mon Paternel. Mère ne cessait de me répéter que de chercher à savoir qui était-ce était peut-être peine perdue ; que le bonheur que j'avais connu jusqu'à là pouvait s'évanouir dans un écran total de fumée, si je tentais de connaître plus que ce qu'elle me disait.
Un jour, jouant avec Alba, je me perdis. Je la suivais avec un bâton à la main, cherchant à lui toucher l'arrière-train sans tenter de lui faire mal. Le chat était devenu souris, et moi j'étais le chat. J'avais une facilité déconcertante de poursuite et mon quatrième sens était assez développé. Mère me disait que j'avais des dons et qu'il fallait que j'en profite avant qu'ils ne s'amenuisent. C'est ainsi que parfois j'aidais Carla, la femme de chambre de Mère, à la cuisine, lui indiquant les meilleurs produits. Je l'accompagnais même au marché lors de beaux Samedi.
Le marché était toujours assez bondé. Et lorsqu'elle me perdait de vue, Carla savait où j'étais. Sans cesse, elle me retrouvait près du boucher, alors que je louchais les chairs encore imbibent de sang. Mon ventre dès lors gargouillait. Qu'est ce que c'était bon le jus de sang ! Surtout lorsque Carla arrosait la viande de ce délicieux jus !
Après m'être rendue dans un sous-bois, coursant Alba, j'aperçus un mur qui s'étendait de tous les côtés. Alba ne s'arrêta pas pour autant et sans aucun problème s'infiltra dans une propriété privée en bondissant sur le muret qui protégeait la demeure des intrus. Sans pour autant m'arrêter, je tentai de faire de même, maladroitement. C'est en m'égrattinant la robe que Mère m'avait soigneusement offerte que j'y parvins.
De l'autre côté de l'obstacle se trouvait un splendide jardin ; j'en restai bouche-bée. Les boutons de roses avaient déjà éclos, alors qu'à cette période de l'année, elles sont connues pour être encore dans leur cocon, timides et enfermées, attendant le chaud printemps. Je m'avançai discrètement dans cet espace verdâtre. Et je ne pus m'empêcher d'humer quelques fleurs aux pétales arborant déjà le printemps. Ce jardin était un vrai délice pour tous les sens.
S c e n a _ t r e
‘‘ ...ricercava il suo passato. ‘‘
Mes longs cheveux à la couleur proche de l'or ondulaient au gré du vent, alors que je restai face à la gigantesque porte de l'immense demeure qui se dressait face à moi. La nuit avait voilé le ciel de Florence, laissant les étoiles une par une naître dans ce bleu sombre. J'avais en premier lieu tenter de sortir de cette enceinte, mais les portails étaient trop lourds pour mes frêles bras et le muret que j'avais tantôt escaladé avait disparu derrière de grands buissons. J'avais suivi le chemin des fleurs, sans me soucier du temps passé.
Personne n'était sorti à même me dire que je n'étais pas en droit d'être sur ces terres. À croire que la demeure était vide de vie. J'avais d'ailleurs eu le temps d'explorer le jardin, succombant aux délices qu'il offrait à mon nez.
Mais désormais, c'était autre chose. Je serrai ma chatte contre mon torse, de peur qu'elle s'échappe une nouvelle fois mais aussi parce que j'étais effrayée à l'idée d'être seule, dans cet endroit. Une fois que j'avais compris que le ciel se couvrait peu à peu, c'était trop tard. Il n'y avait plus aucune issue disponible.
Le vent langoureux me fit frémir, je n'osais avancer alors que celui-ci m'incitait à le faire vers la porte. Mère ne m'avait d'ailleurs jamais parlé de cette bâtisse, semblant être si secrète pour être ainsi caché dans les bois. Mais quelle immensité... Je suis sûre et certaine et si l'on montait les collines surplombant
la majorité de la vallée, on aurait pu entrevoir cette belle demeure semblable à un petit château.
Mais ce qui me perturbait le plus était que plus la nuit avancée, et plus la demeure s'animait. Je n'osais pas encore aller toquer à la porte, afin de quémander de l'aide. Mais d'un bond, Alba me quitta des bras et alla gratter, elle semblait être aussi morte de froid que moi. Contrairement à elle, je ne bougeais plus, frigorifiée.
La porte lentement s'entre-ouvrit et laissa apparaître un petit homme, qui semblait être aussi âgé que moi. Je pus clairement lire dans ces yeux la surprise qu'il avait en voyant ma chatte, puis à quelques mètres d'elle, sa propriétaire. Je me mordis les lèvres, quelle odieuse Alba ! Elle aurait pu rester dans mes bras au lieu d'aller elle-même demander ! Bien que demander soit un grand mot alors qu'un animal n'a pas la parole.
Le garçon qui se tenait non loin de moi, timidement, laissa le vent poussé la porte, ce qui me donna un petit aperçu de l'intérieur. Qu'elle avait l'air belle, cette maison.. Bien qu'elle ne réchauffait pas pour autant les cœurs. Elle paraissait, malgré sa beauté, d'une froideur exemplaire. Lui, s'abaissa vers la féline qui frissonnait de tout son être et la prit dans les bras. Au départ, Alba ne semblait pas très rassurée, jusqu'au moment où il se mit à lui caresser délicatement le haut du crâne, puis les oreilles. Si Alba ne se méfiait pas de cette personne, je pouvais en faire autant. Alors je me décidai de faire un pas, puis un second. Et en fin de compte, il me fit un signe, en guise d'invitation. Lentement, je reprenais mes pas. Qu'était-ce cette odeur aussi envoutante que grisante ? J'allais très bientôt le savoir.
A T T O S E C O N D O
S c e n a _ u n o
‘‘ Memoria... ‘‘
« Qu'est-ce que ?!! Je fis un rêve horrible... Me réveillant en sursaut. Puis je pris en main la boîte à musique déposée à mon chevet, et je caressais le bois méticuleusement. Mère... Vous me manquez... Horriblement... Pourquoi vous m'avez quitter si tôt ? Vous ne méritiez pas cela... »
Et je me mis à pleurer. La boîte que je tenais en mains propres étaient celle que Mère m'avait offerte lors de mon seixième anniversaire. Cela allait faire un an qu'elle nous avait quitté, faute d'une maladie dont la médécine ignorait. Tous ce qu'ils avaient su faire, ces incompétents de médecins, était de lui ouvrir quelques veines pour que l'effluve qui parcourait le corps de mère, considérée d'empoisonner, coule de son bras pour attérir dans un sceau. Je n'avais pas réellement compris à quoi cela pouvait bien servir, de faire mourir à petits feux un être d'une telle façon. Mais d'après ce qu'ils disaient, ils n'avaient pas trouvé d'autres moyens. Tous les remèdes employés étaient nuls. Aucun d'entre eux n'avaient réussi à la guérir.
J'aurai tant voulu l'aider... Cela m'arrachait le coeur, me le détruisait. La maison où je vivais était alors vide. Et je ne pus, à la suite de sa mort, dormir les nuits. J'étais devenue en quelques sortes un monstre. Mes yeux brunis s'étaient voilés d'un noir obscur. Des cernes étaient apparues et mon teint avait drôlement changé. J'étais passée de la joue rosée, à la douce lividité de la mort. Les cauchemards qui s'enchaînaient m'épuisaient considérablement.
Les bons plats que me préparaient Carla ne suffisaient plus à assouvir ma faim. Je demandai quelque chose de nouveau... De plus appétissant... Mon ventre se tordait dans tous les sens lorsque je sentai la viande parfumée. Et mes dents avaient même tendance à me piquer les lèvres, en particulier mes canines supérieures qui parfois même, me blesser la peau.
Après la mort de Mère tout avait basculé. Je ne vivais plus la vie, mais la mort ; un deuil pesant alourdissait mes épaules et je ne me sentais incapable de le surmonter. J'avais sans doute pleurer toutes les larmes que mon corps pouvait se permettre. Parfois, tentant de me rappeler les souvenirs du passé lorsque j'étais encore en compagnie de Mère, mes yeux me brûlaient, m'incitant à arrêter de m'imaginer cette époque si lointaine désormais.
Je levai la boîte, la scrutant dans tous les recoins. Je n'avais jamais osé l'ouvrir, de peur d'y trouver quelque chose qui aurait été suceptible de m'atteindre. Mais elle me rassurait, comme si Mère était à chaque fois - que je la touchais -, près de moi, à me surveiller et à me répéter sans cesse que je devais me reposer. Alors je lâchais un soupire reconfortant, et tentais de me rendormir en etreignant la boîte contre ma poitrine. Mais le contenu de la boîte musicale m'intriguait, de jour en jour. Malgré ma curiosité, je ne pouvais m'empêcher de me contraindre, à ne pas l'ouvrir.
S c e n a _ d u e
Accoudée à la fenêtre du salon, j'observai la pluie s'abattre sur le sol abondamment. Le ciel était bien capricieux en cette fin d'après-midi, ce qui m'avait empêché de sortir de chez moi, afin d'aller me promener en compagnie de Carla à l'extérieur. Le soleil me manquait, et mon teint aussi.
Je levai les yeux vers la pendule, indiquant une certaine heure avancée. Puis je retournai à mon activité, celui de l'observation de ce triste jour pluvieux. Plus rien ne réussissait à m'atteindre, j'étais immunisée contre tout, du moins... Jusqu'à ce que je vis une calèche noire ébène s'avancer en la direction de ma demeure. Qui était-ce ? Je n'allais pas tardé à le savoir.
Des hommes paraissant être des valets extrêmement bien vêtus, sortirent de la calèche. Je n'arrivai pas à distinguer leur visage masqué par des foulards noirs. Je levai donc un sourcil. Puis ils vînrent frapper à ma porte. Je laissai Carla leur ouvrir puis je les entendis rentrer dans le petit salon destiné aux invités.
Je n'avais plus eu de visites depuis le jour des funérailles de ma mère. Et depuis, le temps avait avancé, me laissant cependant en arrière. Mon corps était au présent, alors que mon esprit restait dans un univers appartenant à un passé encore proche et pourtant si lointain...
La dame de chambre rentra dans le grand salon et m'invita à les rejoindre ; paraissait-il qu'ils avaient une chose dite importante à me dévoiler. Mais qu'est ce que de pieux valets pouvaient bien me vouloir ? Lasse, je me levai, et me dirigeai vers l'endroit propice d'un pas cependant nonchalant.
« Qu'est-ce qui vous amène ici ? M'empressai-je de demander. Je n'ai point de temps, voyez vous, à accorder ne ceresse qu'une seconde à une visite imprévue.
- Nous venons vous chercher, Demoiselle. Disent-ils en coeur.
- Ah ? Et quel est l'évènement qui ferait que j'aurai l'obligeance de sortir de mon logis par un temps pluvieux ?
- Notre Maître vous demande, dit l'un des valet, le plus petit en passant. C'est assez, pressant.
- Qui est votre Maître ? Et bien, dites lui qu'il doit prendre rendez-vous ! Sur ce, je tournai les talons, m'en allant vers l'endroit d'où j'étais venue.
- Votre Père, Demoiselle. Et je m'arrêtai brutalement, avant même d'avoir franchi le seuil du grand salon. Il s'excuse de ne pouvoir être présent en cet instant, mais il vous souhaiterait à ses côtés.
J'en restai bouche-bée.
- Qu.. Que venez-vous de dire ? Je ne connais point de Père, valets. Déglutis-je.
- Vous devriez-nous suivre, Demoiselle. Il nous a envoyé ici dans le but de vous ramener dans sa demeure.
- Est-il sur son lit de mort ? Père, comme vous insinuez, n'a jamais existé et.. Pourquoi cet instant de nostalgie ? Regretterait-il Mère ?
- Votre Père, Duc de Florence, va très bien, Demoiselle. Nous ne connaissons point les raisons qu'il fait qu'il vous veut à ses côtés en cet instant même. Vous le découvrez par vous-même, ou bien...
- Cessez ! Je vous prie ! Ces enfantillages ne m'amusent guère !
- Demoiselle, nous avons dans l'obligation de vous ramener à ses côtés.
- Je suis chez moi, valet. Et qui, Diantre, oserait me déloger ?! Je n'ai point envie de faire l'aller, ni même le retour. Merci de votre visite, et citez à votre Maître que je ne veux en rien à ...
- Nous nous excusons de notre venu, Demoiselle, mais ce n'est pas pour autant que nous partirons. Il cite, aussi, que vous devez prendre vos bagages, et si vous le souhaitez, votre Dame de Chambre.
- Aurais-je un délais impartial, au moins ? Je souhaite réfléchir à la proposition, avant tout.
- Vous n'avez pas deux minutes, Demoiselle, pour nous donner votre accord.
- Soit... Vous n'y allez pas de mains mortes. Me tromperai-je ? Il n'y a même pas cinq minutes que je connais l'existence de mon paternel et qui en plus est... Attendez, avez-vous bien dit, Duc de Florence ? Ne serait-ce...
- Oui, Demoiselle. Sieur Di Medici de Florence.
- Je... Je crois que... Carla, apportez-moi s'il vous plaît un verre de ce qui vous paraît le plus déconcertant, je vous prie ! Je crois que.. Je ne vais pas bien... Mon pouls accélérait, alors que normalement, mon palpitant battait d'une manière bien lente, trop lente au goût de certains médecins.
S c e n a _ t r e
‘‘ Un ritorno nel passato ‘‘
Les portes de mon enfance étaient dressées devant mon nez. Je n'arrivais toujours pas à y croire... Les deux valets me tenaient de chaque côté, afin d'être sur que je ne m'échappe pas dans un ultime recul. Elles paraissaient si réelles, si présentes...
Cela devait faire des années que je n'avais pas mis un seul pied dans cet environnement, qui, à l'époque m'avait permis de me protéger d'un temps glacial et pluvieux. C'était Angelo, le petit garçon de mon âge qui m'avait chaleureusement accueilli. Je me souviendrais toujours de cette image ; Angelo m'invitant à rentrer timidement, tenant dans les bras ma Chatte qui se pétrifiait rien qu'à l'idée de rester dehors. En quelque sorte, c'était grâce à mon animal, cette rencontre. Moi, je n'aurais jamais osé, préférant surement mourir de froid à l'extérieur. Cette maison m'avait tellement impressionné qu'aujourd'hui, rien que de la revoir une seconde fois, me fascinait.
Dans ce logis, le jour était interdit. Dès lors que le soleil se levait aux horrizons, les dames de chambre et autres personnels s'empressaient de fermer soigneusement les volets et de rabattre les rideaux sur les grandes fenêtres afin d'être sûr que les rayons ne traversent pas icelles.
Perdue et ne sachant pas où j'habitais, Angelo m'avait invité durant trois jours. C'est le temps qu'il fallut à Mère pour me retrouver, horrifée. Mère m'avait trouvé grâce à des rumeurs qui circulaient dans l'enceinte du village voisin ; c'était Carla qui lui avait rapporté.
En bref, on m'incita à avancer, alors que les grandes portes de la bâtisse s'ouvraient devant moi, une nouvelle fois. Mais pour une fois, ce fut des majordomes qui tenaient les portes. Je marchais sur le tapis rouge, symbole de puissance et de pseudo royauté, courbant la tête, les yeux rivés sur mes pas. Je ne savais pas où l'on me mener, et étrangement, cela m'effrayer plus qu'autre chose, mais... Quelque chose en moi de bien profond était encore caché, une chose dont j'ignorais l'existence et c'est en faisant la connaissance de "Père" que j'aurai une réponse, ou bien une révélation... Du moins je l'espérais, alors que mes yeux parcouraient le tapis jusqu'au moment où, de beaux pas se présentaient. Qui était-ce ? Je n'osais lever le regard.
Un rire sournois retentit dans la pièce. Intriguée, je relevai lentement le menton, jusqu'à découvrir des yeux d'un bleu profond, envoûtant mais cependant surprenant, on aurait dit deux saphirs qui vous scrutent, amusé. Puis il s'avança vers moi, et frôla mon épaule, adressant un grand sourire au valet qui se tenait à ma gauche. Celui-ci se recula aussitôt afin de lui laisser le passage libre.
Un froid s'installa dans l'immense pièce, ce qui m'hérissa. C'était un air qu'on avait spécialement conçu pour me faire douter et m'obliger à reculer face à cette éventuelle épreuve qu'est de rencontrer le Paternel qui avait aidé ma mère à me concevoir... Mais quelque chose m'horrifia. Etais-je le fruit d'une mésaventure ? Ou d'une tromperie ? ...
Je déglutis. Au sein de cette maison, on devait me détester, avant même que je ne franchisse une seconde fois le seuil. J'osais, pour la première fois, lever mon regard. Je longeais les escaliers, puis détourner mon regard vers la rampe. Jusqu'à voir, une paire de chaussures très bien fournie, et un homme d'un style anobli, fier de sa prestance mais, malgré tout, appuyé nonchalament sur la rampe faite d'un marbre vierge.
Puis on cessa de me forcer à faire mes pas. Lui, il eut un petit sourire sur le bord des lèvres, comme si il m'avait toujours connu. De sa main, il caressa la rampe et descendit peu à peu les escaliers, un par un, gardant cette grâce naturelle dans chacun de ses gestes pourtant mutins, qui m'étonnait fort peu.
Etait-ce réellement Père ? Rien que par ses mouvements, je me reconnaissais en lui.
Il vînt à ma rencontre, m'effleurant la main au tout début, puis déposant un somptueux baiser digne dès lèvres d'un duc réputé. Je n'arrivais pas à y croire... De suite après qu'il se soit abaissé pour me saluer, je fis une révérence, hasardeuse dans mes gestes. J'étais très perturbée, et encore le mot est faible comparé à mon ressenti.
« Oh oh. Quelle belle main.. Ne me rapelle-t-elle pas celle d'une certaine Signora. Oh, toutes mes excuses, Dafne. Il souriait de toutes ses dents, et ses canines attirèrent mon regard ambre. T'intéressent-elles ?
De.. Qu'est ce que vous venez de dire, Mon Sieur ?
Mes dents. Souris-moi, pour voir. Et cesses ces politesses, en ce lieu, Père suffira. J'étais gênée à cette idée. L'inconnu qui se dévoilait face à moi se prétendait être mon père, devais-je le croire ? Cesses de frémir, ton pouls s'accelère. Et cela se ressent très chère...
Je tentai un sourire, en vain. Cette rencontre aurait du me permettre de lâcher toutes mes questions d'un seul trait, mais rien ne sortait d'entre mes lèvres, tous restaient bloqué en moi.
Il leva son index, accentuant la relever de mon menton et s'amusa à tourner mon visage des deux côtés, comme si il m'examinait de ses yeux océans... Une pensée me vînt à l'esprit.
Je frissonnais rien qu'à l'idée. L'homme qui s'était présenté il y a quelques minutes n'était-il pas l'aîné des fils ? Celui dont tout le monde parlait ? En particulier à cause de ses manies de séducteur ? Le nombre de coeurs qu'il avait brisé dépassé l'entendement, d'après les dires de certains. Il aurait parait-il, même arracher un coeur à une femme qui s'apitoyait sur son sort, après qu'il l'ait quitté. Mais un homme ne peut faire ça, je refusais à l'idée qu'un tel personnage puisse exister.
Je fermai les yeux.
Il fit un signe bref aux domestiques pour qu'ils quittent la somptueuse pièce.
Je me ressaisis aussitôt et il lâcha mon menton, s'écartant d'un bon mètre.
« Ta venue est celle d'un ange tombé du ciel. Ne t'as-t-on pas trop embêter pour que tu viennes ? As-tu ammener ta femme de chambre et... Oh que je vois, un chat ! Quelle magnifique bête que voilà ! Tu vas loger parmis nous, désormais. Je connais les périples que tu as vécu il y a une année maintenant. Saches que je ne t'ai pas recommandé à mes côtés en la simple raison que tu es ma fille, non. Bien plus que ça. Permets-moi de te faire découvrir la demeure...
Que fait-elle, ici, Père ? Dit un jeune homme derrière moi, haineux.
Qui l'a invitée en ces lieux ?! Elle n'a rien à faire ici. Est-ce vous père ?! ...Cesses immédiatement, Angelo. Ne sois pas insolent à mon égard ! Fit-il séchement.
Angelo... Je sursautai et me retournai vivement afin de le re voir... C'était lui ! Le petit garçon qui avait tenu dans les bras Alba ! Celui qui m'avait accueilli ! Mais il semblait regretter que je sois rentrée dans son lieu...
Je le vis posé sur moi un regard méprisant, remplis d'haine, les sourcils froncés.
« Elle n'a aucun droit d'être ici ! Pensez à Mère, Père ! Pensez à ce qu'elle peut ressentir ! Pensez à nous...
CESSES, ai-je dit ! Ta Mère a la connaissance exacte de la situation ! Arrêtes de parler d'elle comme si elle n'en savait rien ! Ceci, vois-tu, est aussi de ma chair, de mon sang.
Sa mère n'a été qu'un bref repas pour vous, père. Arrêtez de vous imaginer que ce que vous avez là en face de vos yeux est de votre fruit, pur... Elle est infâme ! Un être départagé ! Je crois ne point vous l'apprendre.
J'étais à l'écart, ne comprenant pas un seul mot à cette dispute... Naturellement je m'étais écartée de quelques pas de leur face à face.
« Ce n'est qu'une impure !
Vois-tu, mon Fils, j'ai indiqué à chaque personne présente de quitter cette pièce, et non d'y rentrer. Veux-tu désormais, partir d'ici ? Ou bien dois-je...
Une petite pression se fit sentir dans l'air, comme si l'air en soi s'apprêtait à étouffer les personnes logeant dans la pièce. Je plaçai vivement les mains sur la poitrine, à l'endroit où se place mon coeur et serra.
Un grondement sourd fit trembler le sol, ce qui me perturbait de plus en plus. La maison était comme dans mes souvenirs ; froide, et malgré la luxure des pièces, sans vie. Lorsqu'il y avait des personnes cela faisaient qu'accentuer la déshumanisation des lieux.
Je sursautai alors qu'Angelo quitta la pièce en claquant une porte massive derrière lui. Je me retournai vivement vers mon Paternel, un sourcil haussé.
« Ce n'est rien, tu t'y habitueras, fit il avec un sourire aux lèvres, gentil.
Je.. Je n'ai pas envie de m'habituer, à ça... Si vous permettez, je voudrais rentrer chez moi.
C'est ici, chez toi. Saches que ta maison fait partie de mes terres, et lorsque bon me semblera, je la détruirai. Mais, à contrecœur, saches-le. Avant de porter un verdict sur cette demeure et tes origines, je souhaiterai continuer la visite avant qu'elle ne soit dérangé par un perturbateur. D'ailleurs, en y réfléchissant, le connaissais-tu déjà ? Peut être, ma foi, l'as tu rencontré dans le passé.
Je lâchai un soupir.
« Par le passé, effectivement... C'était un jour où je me perdis avec mon chat et...
Racontes moi cela dès qu'on sera posé, fit il calmement, alors qu'il montait déjà les escaliers.
S c e n a _ q u a t t r o
‘‘ Battesimo insanguinato ‘‘
Je progressais peu à peu vers un autel, dans une robe immaculée d'un noir ébène. Vous auriez dû me voir, dans cette magnifique enveloppe d'un tissus provenant des Indes.
La salle était illuminée de bougies. Les lustres suspendues au-dessus
de nos têtes apparaissaient comme des étoiles proches, brillants de tous leurs feux. J'étais, à ce moment là, digne d'une princesse Italienne, portant sur mon nez, et cachant la moitié de mon visage, un masque où des plumes de corbeaux trônaient telles une couronne. Ce visage artificiel ne laissait qu'entrevoir mes yeux et mes lèvres, ce qui, pour autant vous dire, était mystérieux, bien que mes cheveux d'un blond certains dévoilaient mon identité.
En ce fameux jour, c'était la fête dans la grande demeure des Di Medici. Mais lorsque j'eus apparu dans l'immense salle, seule, tout le monde se tourna vers moi. Je ne savais pas si je devais rougir ou bien rester froide comme mes congénères. Heureusement que grâce à mon fond de teint, mes rougeurs furent cachées. En revanche dans la salle, ils ressentaient bien que je stressais... Je crispais mes doigts contre ma roche. Mes mains étaient cachées grâce aux longues manches dentelées.
Cette journée était mon jour. Mon baptême. Je ne savais pas réellement à quoi m'attendre, je savais tout bonnement que je devais continuer à avancer sur le tapis, qui se faisait découvrir, les passants qui traînaient dessus s'écartaient, et lorsque j'arrivais à un bon mètre d'eux, ils s'empressaient de me laisser le pas. Je n'avais, pour ainsi dire, suivit une allure lente, sans m'arrêter.
Des murmures, des chuchotis... Au sein de cette immense famille, je n'étais qu'une vulgaire tâche d'encre encrée sur un papyrus. Une trace de boue qui salit un linceul et qu'on ne peut enlever si facilement.
Les regards qu'on me portaient, malgré ma prestance et mon baptême proche, n'étaient que mépris et scandale. J'étais l'objet de bruits qui circulaient depuis bientôt dix-sept années. Le fruit des entrailles d'une humaine, et d'un 'sang-pur', comme ils s'amusent à le dire... En somme ; j'étais un monstre de foire bien vêtue et protégée par un être puissant qui avait soi dit en passant certifié aimer ma mère alors qu'il était mariée à une autre depuis jadis.
Dernière ligne droite ; Père se dressait seul à côté de l'autel où une humaine y était allongée. Je fermai un bref instant les yeux ; elle était encore vivante, et son cœur battait drôlement vite. On la maintenait à cette place, pour le sacrifice qui aurait lieu... Pour mon baptême. Je hoquetai. Qu'allais-je faire à cette pauvre humaine ? …
« Avances, mon enfant. Coupa Père, tranchant de nombreuses conversations.
J'avançais encore, jusqu'à voir la victime attachée à une longue table couvert d'un draps blanchit.
Un air terrorisé plongeait la victime dans une genre de transition. Elle était drapée d'une petite tenue simple mais pas pour autant vulgaire. Ses jambes ne se laissaient pas entrevoir, et de même pour ses poignets.
Lorsqu'elle me vit, elle se figea. Que lisait-elle dans mon regard ?
« Mon Enfant, tu fais bien parti des nôtres. Regardez la couleur de son regard ! D'un rouge pourpre ! Rouge pourpre... Qu'est ce que cela signifiait ? Mes yeux n'avaient jamais eu cette teinte sanglante !
En moi, un gargouillement retentit. Mon estomac se tordait et mes canines commençaient sérieusement à me brûler les gencives. Je n'avais plus qu'une envie... Une pensée horrible me vînt en tête. Que devais-je faire à cette pauvre ?
Père leva les bras et me prit par les hanches, afin de m'amener derrière l'autel, faisant face au public qui se présentait.
« Notre sang, coule en ses veines. Elle est ma fille, et sachez que vos médiocres pensées n'y changeront rien. Il y eut un vent dans la salle... Le monde n'osait parler.
Caim Di Medici était reconnu pour son courage et sa frivolité. Mais par de là ces traits, c'était un homme puissant et extrêmement bien respecté, surtout au sein de sa famille. Ce qu'il disait devait être appliqué. Ce qu'il pensait ne devait pas être contredit. En cet instant je pensais à sa femme respective qui devait souffrir de ma venue. Je la comprenais, mais Père semblait n'en avoir que faire. Depuis que je logeais dans les beaux quartiers qu'il m'avait attribué, je semblais être sa préférée, bien que je ne sois pas sa fille légitime, et encore moins de race entière... Je n'étais qu'une moitié, un être départagé, entre ce qui semblait être les proies et les prédateurs. Un mal et un bien à la fois.
« Ma Fille, fit il joyeusement en me caressant l'épaule, elle est à toi. Je baissais une nouvelle fois mon regard sur la femme brune, tremblante. Fais nous honneur en acceptant ton identité. Étanches toi de cette vitalité, ainsi que de l'éternité... Sois une Di Medici.
Je ne pouvais plus me retenir... Quelque chose me démangeait de l'intérieur, j'avais soif. Auparavant j'aurai attribué cela à une envie de viande indescriptible, désormais je comprenais mes soubresauts que j'avais pu avoir par le passé, lorsque je m'amusais à mordre Carla gentiment, ou bien Mère... Mes diverses pensées quelles qu'elles furent disparurent et je me laissai aller à ma soif, m'abaissant gracieusement vers ma victime...
A T T O T E R Z O
S c e n a _ u n o
‘‘ O CASTITATIS LILIUM... ‘‘
Je riais, nerveusement. Cela faisait cinquante années exactement que j'avais laissé ma boîte que m'avait offerte Mère dans un coin. Un souvenir si lointain... Un passé qui me manquait... Mais je me refusais à la simple idée de reculer. Avancer était désormais le but que je m'étais fixée, depuis la fameuse nuit où tout bascula dans un sens ensanglanté. J'avais goûté au sang humain, délice exquis que nul cuisinier arriverait à égaliser de loin. Cependant j'avais en moi cette partie encore humaine mais mise sous silence. Père l'avait verrouillé comme l'on ferme une porte à l'aide d'une clé.
Je me mis à fouiller un peu partout dans la pièce, à la recherche d'une chose précieuse. Cela faisait des années que j'avais caché cette fameuse boîte, dans un de mes coffres, ou bien.. Placards. Je ne savais plus trop où j'avais bien pu la cacher. Entre temps, des évènements s'étaient passés et le sablier du temps avait écoulé pas mal de grains de sable.
« Où peut-être cette boîte... AH. Une illumination me vînt à l'esprit. Je me précipitai vers un meuble que j'avais emporté de chez moi avant la destruction de la maison de Mère.
Je caressai le bois d'acajou du bout de l'index longeant le fond du placard. Javais dû m'abaisser puis me mettre à quatre pattes pour enfin écarter les vêtements avant de voir le fond. Ca me rappellait tant d'idées et de questions que je m'étais posées. Je lâchai un soupir ; où était cette boîte ? Mon doigt continuait sa route sur le fameux bois complexe.
Un cliquetis s'enclencha, et j'entendis qu'en dehors du placard, une petite trappe s'était ouverte. Je me relevai et me cognai brutalement la tête contre le placard. Mais je ne sentis rien. Il y a une dizaine d'années, j'aurai sans doute lâcher un cri de douleur, mais là rien ne me venait.
Surprise, je caressai le haut du crâne. Aucune goutte de sang, aucun hématome.
« Allez vous bien ? Sortit une voix dans mon dos, à quelques centimètres seulement.
Je me tournai promptement vers la voix ; une femme. Je l'avais rarement vu auparavant, mais rien que par son timbre de voix et ses yeux d'un bleus tranchant... C'était... Celestia Di Medici, Mère des enfants légitimes de Père.
« Vous auriez pu vous faire gravement mal... Fit elle d'une voix dégoutée que ce ne soit pas le cas. Peut-être pourrais-je verifier qu'il n'y ait aucune blessure et...
Cela ira, ma Dame ! Fis empressée, me tournant vivement. Une lueur traversa le regard de la femme meurtrie par les péchés de son Mari.
Tout d'un coup, elle vînt m'attraper la gorge sans même que je n'eus le temps de la voir et me plaqua contre l'armoire. Mon visage se crispa, alors que je sentais ses doigts glacés parcourir le long de ma gorge
« Quelle odieuse petite créature immonde que voilà. Elle ose refuser mon aide la sotte ! Que crois-tu faire ENCORE dans ces appartements, MES appartements ? Puis elle me balança tel un chiffon sur le côté. Ta vie ne vaut pas celle d'un cafard ! Mon mari protège une souris dans une cage à lions ! Qu'est ce que tu oses encore faire ici ? Vivre quarante années sous mon toit ne t'a pas suffit ? Je ne veux plus te voir, plus jamais ! Elle s'avança rapidement vers moi et me prit de nouveau à la gorge. Puis d'une force digne d'une Di Medici, elle me souleva comme une plume au dessus de sa tête. Je ne tentais pas de me débattre, au risque qu'elle m'égorge d'une seule traite. Je n'y crois pas... Comment a-t-il pu aller avec cette disgracieuse humaine qu'était ta catin de Mère ! Tu pen-...
Parler de Mère avait suffit pour attiser la rancoeur que je portais dans mon coeur secrètement envers cette femme si hautaine, si mesquine... Je me retrouvais au sol, verifiant que j'avais toujours une gorge et une nuque.
« Qu'est ce qu'elle a osé faire... Du.. DU SANG ?!! Mes ongles avaient tracé sur son visage une belle marque. Tu es aussi catin que ta mère !!! Celestia lâcha un cri effroyable, contrainte de porter cette marque jusqu'au lendemain soir.
A peine relever qu'elle m'envoya pêtre contre un mur, d'une forte poigne.
« Je...
JE ne te.. JE NE PEUX PLUS ! QU'ELLE AILLE AU DIABLE ! cria-t-elle, hystérique de voir son propre sang coulé.
Deux valets accoururent dans ma pièce, après avoir entendu un vacarme insoutenable. Ils vînrent aider et en même temps empêcher cette folle de me faire encore une fois du 'mal', tenant fermement ses bras. Mais rien ne pouvait la retenir, pas même deux hommes. Elle les expulsa sur les côtés ; un traversa la fenêtre et fut brûler par les rayons du jour.
Désormais il y avait une barrière de lumière, me protégeant de cette sorcière... Assise sur mes genoux, je l'observais. Son bras ainsi que son épaule avait été griévement brûlé, mais comme la marque qu'elle portait sur son visage, elle serait retablie le lendemain, même si pour ça, elle devait endurer cette épreuve du temps.
« Je.. Je crois que.. On me coupa nettement, Père venait d'entrer dans la pièce furibond. Il n'acceptait pas que sa Femme s'en prenne à moi. Et pour cause ; ce n'était pas la première fois.
Celestia, retourne dans ta chambre ! Fit il comme si il s'adressait à une enfant. Puis, il tourna son regard embrumé vers moi, bien qu'il dut plisser les yeux. Dafne, cela va-t-il ? J'aurai besoin de te parler, si ce n'est pas trop demandé. Rejoins moi dans mon bureau. Celestia pars dans tes appartements, je ne veux plus te voir tant que tu ne seras pas guéris. Qu'on t'apporte un être à boire, mais cesses tes enfantillages !
La femme bouscula l'épaule de Père et quitta la pièce, rageant à l'extérieur et aboyant contre les domestiques.
« J'ai à te parler. Dit-il d'une voix monocorde.
Certainement encore déboussolée, je réussis à me redresser convenablement, et attendit qu'il ait quitté la pièce pour refermer les rideaux. Le soleil me caressait doucement le visage, alors que je regardais dans l'allée en dessous de ma fenêtre, le reste du valet décomposé en poussière.
Puis je joins Père dans son appartement, tenant fermement dans ma main la boîte de Mère prise de la partie secrète du placard.
Plus je me dirigeais vers les appartements de Père, plus la honte s'emparait une énième fois de mon être. Sans même que je frappe à sa porte il m'invita à entrer dans la vaste pièce où sieger un bureau ainsi qu'une étagère longeant tout le mur droit, et à sa gauche un sofa puis à côté de celui-ci, une cheminée où le feu n'était pas allumé.
« Je souhaiterai que tu te rendes à Paris, dans la semaine qui suit. Tu partiras dans la soirée.
… Mais pourquoi cela, Père ?
Ne t'ai-je pas confié les plans ? Ne t'en souviens-tu point ? Les fameux plans de Père... Tous plus fous les uns que les autres. J'étais tenue au secret, ne pouvant rien révéler à quiconque, même à mes demis-frères. Bien que je pense qu'ils avaient une petite idée. À vrai dire, ça devait faire quelques temps que je n'avais point osé les approcher, en particulier Angelo qui me semblait-il, était proche de madame Celestia qui n'avait pour moi ; qu'une affinité : une haine irréprochable.
Ah... Je... Je vois. Je.. Excusez-moi, je suis encore un peu tourmentée par les événements et...
Merci d'accepter ! Je t'en serai redevable, crois-moi. Souhaites-tu emporter quelques affaires, avec toi ? Saches que ce voyage nous sera à tous bénéfiques... En particulier à tu-sais-qui, Dafne. Quelqu'un t'attendra sans doute à ton arrivée.Qui était-ce ? Il appuya son fessier contre le majestueux bureau et croisa les bras. Signe qu'il réfléchissait. Je crois, me semblerait-il, qu'une partie de notre très chère famille éloignée, les Vanderkan, y soient en ce moment. Cela doit bien faire des années que je n'ai point vu l'un de leur visage. Je restais debout nochalante, gardant contre moi la petite boîte. Rapproches toi, mon Enfant... Je m'approchais, lentement. Que me voulait-il ? Une fois à un bon mètre de lui, il quitta le bureau pour venir me souffler ; Fais en sorte que cela marche, je compte sur toi, ma Dafne... Il redressa seulement la tête et me prit dans ses bras, abaissant par la suite son menton sur mon crâne. Par nos ressemblances, on aurait pu certifier qu'il était mon grand frère, il paraissait si jeune et pourtant... Vas te préparer, fit-il en me lâchant et en indiquant la sortie d'un sourire.
Une fois dos tourné, je quittais la pièce d'un pas pressé, les yeux fixant la sortie. Je sentais que derrière moi, il m'épiait tout en souriant. Il comptait sur moi... Moi, la seule Infant de la famille, portait sur mes épaules une lourde charge qu'était la certaine mission imposée. À mon tour, un sourire s'épanouit sur mes lèvres ; peut-être pourrais-je enfin leur prouver qui je pouvais être réellement...
S c e n a _ f i n a l e
‘‘ Il risveglio ‘‘
J'avais la sensation que mon chat était près de moi, quelle infime douceur... Mais lorsque j'ouvris les paupières et posais face à moi mon regard, je n'aperçus qu'un oreiller de plumes d'oies qui d'ailleurs, s'était déchiré durant mon reveil. Et je dûs même cracher une plume qui m'était resté dans la bouche. Parfois il m'arrive qu'en dormant je m'emporte sur des objets environnants, peut être à cause de rêves étranges que j'ai. M'enfin, celui-ci semblait avoir été tranquille...
Brutalement je me redressai. Une présence était à porter du lit. Le temps que je réagisse, j'aurai pu mourir, voir même, être capturée. En sursaut je me tournai. C'était un homme tenu droit qui se trouvait en face du couchage. Il me regardait étrangement... J'en avais des frissons.
Et il avança la boîte de Mère que je pris sans contester, rapidement dans les bras. Elle avait dû tomber lorsque je dormais, encore. Était-ce le fameux personnage dont me parler Père il y a deux semaines ?
C'era una volta...