La lumière est une chose que l'on pourrait penser inexistante si nous n'avions pas nos yeux pour voir les rayons du soleil. Inexistante aussi si le noir n'avait aucune réalité propre. Après tout, tout fonctionne par paire ici non? Lorsque l'on remarque ça, il y a plusieurs étages, et sur chaque étage les chambres se superposaient ainsi que d'autres salles. De la même taille et le même arrangement, au départ, bien sûr il y a des changements avec le locataire mais voila. Toujours le même arrangement, une armoire, un lit, un bureau, et c'était tout. C'est ce que j'en concluais par ce que je voyais.
Et chacun y va de son arrangement, mettre des affaires en plus, par-ci par-là, décorer les murs selon ses envies etc. Toutes les chambre occupées se doivent de changer en fonction de leur propriétaire. Toutes? Non mes amis, il reste une chambre qui résiste encore et toujours au changement! Une chambre située au deuxième étage, tout au fond du couloir, là où la lampe de plafond a explosé et où le noir se fait aux environs de 19h30. Cette chambre à la porte hermétiquement close jour et..cruiiiiiic. Hem, pas si close que cela en vérité.
Cette chambre donc, qui n'a absolument pas changé depuis sa location. Toujours les même meubles, à la même place et ce sans aucun millimètre, que dis-je, micromètre de déplacé. Ah vous pouvez mesurer hein. Il y a certes une armoire au quart pleine, et quelques livres sur le coin du bureau, un chapelet et une croix sur la table de nuit mais rien d'autre. Une chambre totalement impersonnelle pour la jeune femme qui venait d'en sortir.
Zoey Del Rosa de son nom, était bien ennuyée en cette matinée à peine commencée. Levée aux aurores pour sa première prière de la journée, elle s'était ensuite rendue compte qu'elle avait lu tous les livres qui circulaient dans les couloirs. Il ne lui restait qu'une solution afin de vaincre son ennui et sa relecture, trouver la bibliothèque. Un mot il y a deux jours disait que la pièce était enfin accessible. Ainsi donc, quitte à se retrouver première dans ce lieu sacré sentant bon le vieux papier. Notre vice de la misère se mit en route.
Les indications sur le mémo étaient peu claires mais la bibliothèque semblait être située non loin de là où elle se trouvait, au moins elle n'aurait pas à descendre des escaliers. C'est vrai c'est nul les escaliers. Surtout de bon matin, enfin bon, elle arpenta le couloir avec tranquillité, elle n'était pas pressée, jamais. D'un calme effrayant, sauf lorsque l'on touche à ses jouets en vérité. Ce qui n'était que peu le cas. Elle ouvrit la porte de la salle de jeu ayant oublié qu'elle se trouvait là, il faut dire que son dernier souvenir dans cette pièce était assez hm..lointain.
De toute évidence, la salle de jeu ne ressemblant pas du tout à une bibliothèque elle referma, ce qui est tout de même plus poli que de laisser tout grand ouvert n'est-ce pas? Et elle continua sa route jusqu'à une nouvelle porte qu'elle tenta d'ouvrir. Celle-ci fit de la résistance pourtant. Encore une vieille porte peu utilisée.
*Vieille porte peu utilisée? Mais j'approche du but!* C'est vrai c'est logique tout ça. Donc, après avoir forcé contre la porte durant un moment, moment où elle déplora que Richard ou Julian dorment auquel cas elle lui aurait demandé d'ouvrir à sa place. La jeune demoiselle continuait péniblement d'essayer d'ouvrir cette porte. D'habitude on lui apportait les livres dans sa chambre mais elle ne pouvait attendre plus longtemps.
Enfin! Léger mot de victoire alors qu'après trente minutes à s'acharner sur cette malheureuse porte elle réussit à ouvrir et à entrer dans l'antre sacré de la poussière, du papier et de l'encre sèche. L'odeur de renfermé était assez présente et la pièce plongée dans le noir. Les trésors littéraires encore voilés par ce rideau pourpre et épais qui masquait la pâle clarté de ce soleil matinal encore frileux. Elle avança en silence dans la pièce comme si elle découvrait véritablement un trésor, tant de livres à lire, rien que pour elle à l'instant présent. Un rêve.
Elle arriva au fond de la pièce là où le lourd rideau était tiré, et elle ouvrit largement laissant les rayons lumineux entrer dans la pièce. Elle put alors se gorger d'une vision que tous les amateurs de livres rêveraient d'avoir. La collection complète et exclusive de Penn. Les œuvres majeures de Rimbaud, Verlaine, Camus et autres. Mais aussi et surtout, dans le rayon de lumière faiblard, un livre éclairé sur la tranche qu'elle avait toujours voulu lire, cet auteur français condamné disait-on pour ses textes osés. Baudelaire, et la version non-censurée des Fleurs du Mal. Comme une enfant les étoiles dans les yeux elle vint prendre le livre délicatement, il semblait fragile au point d'être détruit par un seul contact.
Elle s'assit à même le sol, à genoux en vérité, elle posa l’œuvre sur ses genoux pour commencer à l'ouvrir. Toute absorbée qu'elle était elle ne vit pas son ennemi potentiel entrer dans la pièce. Ennemi? Peut être peut être pas, après tout elle ne lui avait que très peu adressé la parole. Installée confortablement dans un fauteuil et plonger dans son livre elle ne vit pas la silhouette s'approche d'elle. Chance ou malchance de l'autre? A vous de voir.