Ce soir là,
Athénais mit une simple robe de lin mauve et sa capeline pourpre, puis ses gants et son chapeau, ce qui lui donnait, comme d' habitude, un faux air de poupée de porcelaine.
Puis elle prit le temps de boire une tasse de thé, puis d' aller voir ses chiens et se dirigea vers la porte, qu' elle ferma à clé, puis vers le parc.
Ce parc, elle l' avait visité de long en large, et elle le trouvait aussi beau et intrigant que la première fois. Une douce brise caressait le visage impassible d' Athénais, qui avançait la tête haute. Malgré sa condition, Athénais a toujours mis un point d' honneur à bien paraitre, toujours avec ses gants et son maquillage discret faisant ressortir la pâleur de son visage.
Soudain, un gamin des rues, pas plus de 10 ans, vint la heurter, mais Athénais ne broncha pas. Elle ne vasilla même pas.
Elle prit l' imprudent par la peau de la nuque, comme on le ferait avec un petit animal.
" - Aie, tu fais mal, madame..."
Toujours impassible, Athénais répondit d' un ton neutre :
" - Jeune sot, où donc avez vous été élevé ? On vouvoie, quand on est bien élevé. Et surtout, on ne court pas comme cela dans un parc. Souffre, petit voleur, que je n' ai point de valeur sur moi."
Serrant sa main sur la nuque du garçon, qui grimaçait de douleur, elle le secoua légèrement et l' envoya valtinguer dans un massif de roses dont les épines devaient être acérées.
De toute façon, Athénais n' a jamais d' argent sur elle. Quand elle a besoin de quelque chose, c' est une de ses servantes qui va le chercher. Heureusement pour le jeune voleur, Athénais s' était nourrie à une encablure de là. Un homme grossier qui voulait conter fleurettes avec elle dans les pâquerettes. Il était bien dans les pâquerettes mais ne contera plus jamais fleurette.
Comme si de rien n' était, Athénais continua sa promenade. Elle se sentit suivie mais n' eut pas peur...
Son visage reprit l' apparence d' un masque sans émotion apparente, Athénais connaissait le parc, à force de faire sa promenade nocturne par ici, elle aimait le parfum de certaines fleurs, qu' elle caressait du regard. Chaque détail végétal du parc, elle connaissait chaque emplacement de composition florale, Athénais préférait ces promenades aux contacts sociaux et à la foule.
Elle n' est pas femme à se couvrir de ridicule en se battant pour un bout de chiffon à la Fayette en poussant des cris hystériques.
Quant elle ne sort pas, prise par une étrange mélancolie, elle aime broder, coudre et tricoter des vêtements. Ou lire.
Ce soir, Athénais pense à son Sire, elle frisonne. Le souvenir de son parfum, de son regard de velours...
Athenais était suivie, mais absorbée par ses pensées, elle n' y fit pas attention...