Transformée, elle file entres les arbres, si rapide qu’on pourrait croire qu’elle vole. La nuit, les rayons de la lune illumine son pelage : mais la nuit, tous les chats – enfin loups – sont gris.

La lycanne courrait, filait et sentait la bise du matin fouetter son museau anthracite. Crystal ne s’arrêtait pas et son pelage gris légèrement bleuté accrochait chaque feuille jonchant le sol terreux. Sous sa forme canine, sa taille devait être de deux mètres cinquante, ce qui n’aide pas, lorsqu’on est poursuivi par des braconniers et qu’il faut se cacher. Sa tête était assez fine, on distinguait aisément qu’il s’agissait d’une femelle. Son minois lui donnait l’air d’une adorable chienne avec laquelle on souhaiterait jouer. Ses yeux vert émeraude inspiraient en revanche la crainte, même si elle était la proie. Ses quatre pattes étaient musclées et lui permettaient de prendre beaucoup d’élan et de faire d’impressionnants bonds, faisant trembler le sol lorsqu’elle retombait. La fascinante créature en laquelle Crys’ se transformait était magnifique. Un subtil mélange entre grâce et agressivité, douceur et cruauté. Sa queue fouettait le vent, agissant comme si qu’elle lui donnait de la vitesse.

Malheureusement, courir le ventre vide puisait beaucoup trop dans son énergie et elle fut contrainte de ralentir, laissant les chasseurs regagner du terrain. Et puis, un coup de feu. L’un des hommes crut bon de lui tirer dessus, logeant une balle dans son épaule. Crystal, à bout de force, se cacha derrière le premier rocher qu’elle trouva et reprit forme humaine.

L’inconvénient de sa transformation était qu’elle se retrouvait nue une fois redevenue humaine. En même temps, une femme aussi charmante n’avait aucune honte à avoir.

Crystal était allongée sur la mousse, la tête reposant sur le rocher et quelques rayons du soleil levant illuminaient sa peau nacrée. Ses boucles blondes tombaient en cascade au creux de ses reins, cachant pudiquement sa poitrine et couvrant ses épaules, et la plaie. En un coup d’œil, on devinait la douceur et jalousait la brillance de sa chevelure couleur du soleil. Agréable vision que celle d’une femme en tenue d’Eve, cachant involontairement les parties les plus érotiques de son anatomie. Son visage avait de fins traits, délicats mais avec quelques marques dû à des expressions de son visage. Cela ne la rendait que plus authentique. Ses oreilles étaient intégralement cachées par sa crinière, ainsi que son front par une frange. Ses yeux étaient sur le point de se fermer mais on parvenait à voir leurs couleurs indigo lorsque la branche n’arrêtait plus les rayons. Une douce couleur, quoiqu’un peu froide, reflétant le caractère de Crystal. Parfois, on arrivait à ressentir une vague d’émotions assez intense en la regardant dans les yeux. Cela peut être assez terrifiant comme particulièrement intéressant. Son nez semblait tout petit, à l’ombre des branches, pourtant Crys’ a quelques complexes par sa faute : elle le trouve trop gros, trop épais, trop aplatit… mais il reste un nez ! Ses lèvres étaient restées entre-ouvertes, comme si la jolie jeune femme n’avait plus la force de maintenir ses fines lèvres rosées fermées. Avait-elle besoin de faire un effort surhumain pour accomplir cette tâche ? En tout cas, la louve était immobile, clignant des yeux, de temps en temps.

Sa gorge opulente était sa fierté, et cachait ses clavicules saillantes. La gente masculine n’avait d’yeux que pour sa poitrine, généreuse à souhait. Des mèches en cachaient la majeure partie mais la lumière accrochait bien à ce niveau.
Impossible d’entrevoir ses épaules qu’on devinait frêles et la gauche maculée de sang. Après tout, c’était une paysanne, les rondeurs pourtant très appréciées n’étaient pas caractéristique chez elle. Crystal avait les bras le long du corps, une de ses mains posées sur sa hanche. En cette matinée, gisant sur le sol, elle semblait plutôt émaciée, avec ses côtes marquées. L’ombre des feuilles jouait en sa défaveur, révélant l’aspect d’elle qu’elle rejette tant. Crys’ se mentait à elle-même, mais on ne cache rien éternellement. Ainsi, son ventre était plat, sans qu’il n’exige une quelconque activité physique. Un tressaillement et ses jambes se replièrent légèrement, cachant suffisamment son intimité. Ramenées ainsi, ses cuisses accentuèrent la maigreur de son ventre. La nourriture lui manquait, indubitablement. Elle était toute menue, en comparaison avec la créature qu’elle était, il y a peu. Ses membres inferieurs n’étaient pas plus musclés ou plus en chair, mais tout aussi chétifs. Ses jambes paraissaient ne plus être sous contrôle, dépourvues de toute énergie.

Couvrant la terre, elle était à bout de force, dans l’incapacité de se relever, même pour épargner sa vie. Quasiment inconsciente, elle sentit un voile se poser sur son corps : « Est-ce ça, la douce délivrance de la mort ? » pensa la jeune femme, déjà fatiguée de la vie. Elle se sentit flotter dans les airs, soutenue par des bras robustes. Doucement, elle ouvrit les yeux, découvrant son sauveur, qui murmura :
« Gardez vos forces, belle inconnue, nous devons vous sauver. »