Un énième tentative ... Pourquoi pas ? [PV Méliandre]

Le soleil allait bientôt se lever, il était temps pour les vampires de rentrer. Comme toujours. Monstre de la nuit vivant la nuit, mangeant la nuit, jouant la nuit.... Tout se faisait la nuit. Il détestait cette vie. Il avait toujours profité de la vie de manière générale. Il voulait voir le monde, profiter de ses amis, profiter des joies et du bonheur qu'une seule et unique vie pouvait offrir avant la mort. Sa mort il l'avait eue beaucoup trop tôt et elle avait permis de n'atteindre que l'éternité. Au final maintenant, il pouvait profiter davantage du monde et pourtant... Il n'en avait nullement envie. Il n'avait plus personne autour de lui... La seule personne qui faisait son quotidien, qui régissait sa vie, qui l'écrasait constamment et l'entretenait dans sa vie de monstre c'était cet homme si beau qu'il avait suivi une nuit il y a maintenant une trentaine d'années : Erick Vanderkan. Si seulement ses visions pouvaient l'aider lui...et non les autres. Mais de toute façon, après une trentaine d'années, après avoir passé nombreuses années encore et encore à chercher à mettre fin à ses jours, il était totalement vide. Un jeune insolent, impertinent et espiègle vampire, vide... Que pouvait-il encore ressentir à part de la culpabilité et de l'horreur le concernant ? Il n'était qu'un déchet... Il voulait être traité comme tel. Constamment, il poussait son insolence à l'extrême avec ce vampire de sang pur pour qu'il le tue un jour parce qu'il en aurait tout simplement marre de lui. Mais non....Son don le maintenait en vie. Ce don qui régulièrement le rappelait à l'ordre. Depuis qu'il était un vampire, il pouvait avoir des visions sans toucher les gens. C'est vision concernait des ce qui l'entourait principalement. Quand il touchait quelqu'un, cela était beaucoup plus ciblé alors et il ne voyait que l'avenir de la personne. Il ne savait pas pourquoi le fait d'être devenu un vampire avait ainsi attisé la force de sa prescience. Mais c'était le cas. Néanmoins, cela ne suffisait pas pour son cher "maitre"... Il ne voyait pas toujours et il n'avait pas encore assez de vision à son goût. Il essayait toujours de lui mentir aussi...en disant qu'il ne voyait rien, qu'il n'avait pas eu de vision alors qu'il en avait vu une... Mais c'était un vampire puissant, ça ne marchait pas comme. Il avait également appris en vivant avec lui qu'il y existait aussi des Lycans... Il était dans un monde bien plus atteint que tout ce qu'il aurait cru. Lui était déjà un humain-médium, race rare, mais maintenant il était un vampire-médium. C'était encore pire. De toute façon, on le gardait à l'oeil. La famille Vanderkan le voulait à ses côtés pour qu'il puisse révéler les secrets du futur... Pour qu'Ethan voit où va le monde. Ce n'était pas une sinécure de vivre à leur côté..il était constamment poussé à défier le naturel pour avoir des visions. En fait c'était possible... En se concentrant amenant celle-ci à son apogée, il avait parfois une vision. Mais il fallait vraiment qu'il se concentre. C'était une déconnexion tellement profonde qu'il n'y arrivait que rarement pour le mécontentement de son "maître" mais pour le sien c'était un vrai plaisir.

Il avait faim... Il avait faim de cette chair, de ce sang... Cela lui déplaisait tellement, le dégoutait, le répugnait. Il fallait tuer... Tuer pour se nourrir ! Tels des animaux. Il ne le faisait jamais... Il se laissait mourir. Il le fallait pour ne plus tuer personne comme il avait tué ses parents. Bien sûr c'était facile à dire... Mais la moindre goutte de sang, l'humain blessé, c'était une torture...son regard se déformait, l'émeraude laissait place au rubis, et il devenait une bête affamée prête à courser la moindre proie passant par là. C'était une horreur quand il revenait à lui... Une horreur qui le faisait presque sombrer dans un fou rire noir et glaçant puis une apathie complète pendant quelques heures. Etonnament, ou pas, c'était toujours à ce moment là qu'il avait une vision. Comme c'était traitre... Pourquoi la chance avait-elle tournée à ce point ? Il regarda le jour qui commençait à se lever pendant qu'il avançait dans une allée encore déserte vu l'heure précoce de la journée. Mais c'était une rue qui serait rapidement exposée aux rayons de soleil. Il avait su s'enfuir pendant l'absence d'Erick. Il ne savait pas pourquoi il était parti...il s'en foutait mais il n'était pas parti dans les environs, c'est tout ce qui avait passé la barrière de son esprit. C'était un feu vert. Il pouvait partir...fuir rapidement... Concrètement, on ne l'empêchait pas tellement de sortir... C'est juste que soit il était avec Erick, soit il savait parfaitement qu'un autre vampire avait l'oeil sur lui. C'était normal en même temps vu le nombre de fois qu'il avait essayé de se tuer. Il pouvait comprendre... Mais c'était plus fort que lui. Il réessayait encore et c'était pour cela qu'il était sorti cette fin de nuit, bientôt ce matin. Il ne savait pas trop si ça marcherait...il était tellement blasé qu'au fond il n'espérait même plus... Mais peut-être qu'à force on finirait par en avoir marre de lui. On lui offrait la liberté qu'il demandait et on le tuerait. Il regarda sa bague...la bague en argent qui trônait et le brûlait constamment. Ca n'avait pas d'importance. C'était ce qu'il voulait.

Il se laissa glisser le long d'un mur pour attendre le soleil qui viendrait d'ici quelques minutes maintenant. Il apparu le petit papillon noir.

"C'est bien le moment... Tu m'annonces ma mort ? La vraie si possible..."

Il s'absenta durant les quelques secondes de film réaliste qui allait se dérouler. Il revit lentement la rue se dessiner devant ses yeux...il n'était même plus haletant maintenant. Il avait clairement l'habitude. Il laissa son regard rester vide...Il n'avait pas tellement envie de voir finalement ce qui se trouvait derrière lui, ça ne servait à rien. Il sourit un peu. Il venait de voir son cher maître. Quelle ironie. Il n'avait pas l'air content. Allez savoir pourquoi... A cause de lui ? A cause de quelqu'un d'autre... Peu importe. Ca n'avait aucune importance. Il ferma les yeux, la tête appuyée contre le mur. Il voulait juste profiter des rayons de soleil. Ces rayons qui allaient le tuer. Il ne savait pas trop pourquoi il n'y croyait pas tellement... Au pire il se prendrait une raclée d'Erick. Il avait l'habitude. Ce n'était pas nouveau et ça ne risquait pas de s'arrêter.

Les Champs Élysée, le quartier le plus chic de Paris. Toujours si animé et plus encore la nuit... J'aimais m'y promener malgré le fait que je n'ai point le titre convenant pour me promener sans complexe à travers cette longue artère. Mais au fond qui aurait pu dire que je n'étais qu'un simple roturier ? Personne. J'avais durant tant d'années errer à leurs côtés, apprenant d'eux leurs manières de vivre, leurs désirs charnels et tellement plus encore. Je les haïssais. Il n'y avait aucun doute à ce sujet. Si j'avais pu, j'aurais depuis bien longtemps laissé les instincts de la créature que je suis reprendre le dessus et venir leur prendre toute leur essence de vie. Cet élixir me procurant un tel plaisir, leur sang. Ce qui les rendait si fier. Ils prétendaient même que le sang de sa majesté était bleu. Mon dieu. Pauvres d'eux, qu'ils sont pathétiques a n'avoir toujours pas saisi que tout ceci n'était rien. Rien d'autre que le destin. Oui le destin les ayant fait naître dans une famille plus ou moins aisée que les autres.
Non je ne pouvais décemment pas les tuer tous, comment aurais-je pu survivre sinon ? Tout simplement impossible, j'avais besoin d'eux pour m'entretenir, besoin de leur essence vitale, besoin de leur argent...

Moi vénale ? Non pas vraiment, disons plutôt que je me paye pour l'ensemble des services rendus par ce corps qui n'est plus mien. Ce corps glacé vide de tout battement de coeur. Vide de toute vie. D'ailleurs, je venais justement de terminer un de mes « services » chez un nobles habitant non loin de là. Il avait voulu toute une nuit, ce qui s'est déroulé entre ses murs aurait pu en choquer beaucoup, les dégoûter ce cet acte qu'ils clament haut et fort inhumain, mais, nous savons bien tous qu'en secret chacun a une fois au moins tenté cette expérience. Cet amour banni des cieux, cet amour pêché.
Mais je devais l'avouer, cet fois-ci cet homme avait troublé mon être. C'était une sensation étrange. Il avait tant de douleur en lui, tant de choses inexprimées. Je pouvais les sentir en lui, opprimant son corps et son âme. Elles étaient tellement présentent qu'à mon tour elles m'avaient surprises, c'étaient emparées de moi même. Quand il avait posé ses mains sur mes reins j'avais frémis, cela n'était pas arrivé depuis des lustres. J'avais frémis seulement à son toucher. Je ne pourrais probablement pas dire si il s'agissait de plaisir ou d'effroi face à cette vague de sentiments le rongeant. Je n'irais plus le voir. Il me mettait dans une situation vraiment trop dérangeante, comme si je pouvais avoir de nouveaux des sentiments envers mes clients.
Je secouais la tête, n'importe quoi. C'était tout simplement n'importe quoi. Il ne s'agit probablement que des vapeurs diffusées par l'opium se consumant dans la pièce. Il n'était rien pour moi, rien d'autre qu'une source de revenue.

Je soupirais et fini par retrouver la réalité. J'avais continué de marcher tout en laissant mon esprit vagabonder, cela m'arriver souvent. Ainsi dans ces moments là je perdais toute connexion avec le monde m'entourant, comme si je perdais pied et que le monde autour de moins se brouillait ne laissant place qu'à mon propre monde, celui se trouvant dans mon esprit. Noir. Vide.
Je clignais des yeux à plusieurs reprises avant de pouvoir distinguer de nouveau ce qui m'entourait, j'avais déjà parcouru la moitié des Champs Élysée. Le soleil lui n'avait pas attendu. La nuit et mon amante tourmentée la lune avait fuit, fuit devant cette étoile si imposante mais surtout si dangereuse...
Mes yeux se posèrent un bref instant sur cet astre que je maudissait temps à présent. Je jurais dans un souffle et rabattis le capuchon de ma cape sur ma chevelure d'ébène et pressais le pas. Je rejoignis les platanes bordant l'allée pavée et m'abritais sous leur ombre protectrice, je soupirais de bonheur ne sentant plus les rayons brûlant de l'astre montant essayer malgré le fait qu'il ne soit pas encore en son zénith de venir ronger ma peau.
Je me mis alors à chantonner une comptine entendue jadis de je ne sais plus qu'elles lèvres, passant ma langue sur mes crocs d'une blancheur immaculée.

« C'était dans la nuit noire... dans un très vieux manoir... Seule devant son miroir... Isabelle pleure son désespoir... Quand soudain derrière elle... dans un battement d'ailes, elle sent s'approcher de son cou... la bouche sensuelle... C'est le baiser, le baiser du ... »

Je coupais net ma chanson et m'arrêtais interloqué. Un peu plus loin, contre un mur se trouvait adossée une personne. Ce n'est pas sa présence qui m'avait arrêté, mais plutôt son odeur, elle n'était pas repoussante, elle n'était pas alléchante. Elle était seulement ce qu'elle était mais avait ce petit détail. Cette fragrance si fine, si délicate. La caractéristique. Celle des créatures de mon espèce. Vampire.
Je soulevais un sourcil interrogateur qui s'arqua. Il était des nôtres, je n'avais aucun doute là dessus. Était-t-il fou ? Était-t-il tout simplement un « nouveau né » ou bien voulait-il en finir avec sa seconde vie ?
Tout en me questionnant je continuais d'avancer, le soleil lui aussi gagnait du terrain, si bien que mon pas se pressait de plus en plus inlassablement je continuais jusqu'à me mettre à courir lorsque sa vision me frappa. Cet être me ressemblait, oh oui il me ressemblait tellement que s'en était troublant. Brun, et ses yeux... J'avais l'impression d'avoir quitté mon corps et de m'observer.
L'endroit où il se trouvait été absent de toute ombre. Une chose était sûr, si il restait ici, il ne verrait pas le nouvel astre lunaire se lever, il ne verrait pas notre déesse vénérée....

Tout en courant je détachais d'une main experte l'attache de ma cape. Cette personne ne semblait pas m'avoir vu, le soleil lui continuait sa course folle sans se soucier du meurtre qu'il allait commettre. On nous punit, on nous chasse, nous exorcise, nous massacre sous prétexte que nous créatures de la nuit, enfant de la noirceur, nous ne sommes que des assassins assoiffés de sang. Mais au fond qu'est le soleil sinon lui même un monstre, ôtant la vie à mes semblables ayant eut pour seul pêcher celui de vouloir l'observer encore, comme dans le passé... Je parle bien entendu des mordus. Les autres ne m'intéresse guère. Les sang purs. Ce sont les pires... Peut être même plus que ces affreux chiens galeux de lycans... Enfin eux ne sont pas tous comme ça, mais c'est tellement rare...
J'arrivais enfin devant mon but et retirais ma cape je la jetais sur le vampire en face de moi avant que les rayons se faisant de plus en plus violant ne l'atteigne, je senti alors une brûlure envahir mon dos et une odeur de chair brûlée commença à se faire sentir, sans aucune autre forme de procès, je m'emparais du corps blottis sous ma cape et me dépêchais de le déposer dans un coin sombre d'une ruelle adjacente.

Je retirais ma cape de l'inconnu et la rattachais sur mes épaule, ma main partie sans que je ne la commande et vint dans un claquement sec rejoindre la joue de mon semblable. Je fulminais. Mes lèvres pincées finirent par se relever dévoilant mes crocs dans une expression trahissant mon énervement.
Je m'agenouillais en face de ce vampire bien étrange et pris son menton fermement entre mon pouce et mon index l'obligeant à me regarder droit dans les yeux, droit dans mes prunelles à présent aussi rouge que deux braises incandescentes.

« Qu'est-ce-qui t'as pris ! Tu es complétement inconscient ! Sais-tu ce qui arrive lorsque cet astre de malheur nous touche ! As-tu perdu tout goût à la vie ? Certes notre condition n'est pas des meilleures mais ce n'est pas une raison pour fuir ce que tu es devenu ! »

Si seulement il était resté quelques minutes de plus... Si seulement on lui avait laissé quelques longues minutes de plus. Cette place était parfaite il le sentait au fur et à mesure que le soleil se levait. Les rayons allaient le toucher de plein fouet et il brulerait. Il n'attendait que ça. Erick ne s'était toujours pas montré. Cela voulait dire qu'il y avait une chance qu'il meure. Ce n'était peut-être pas à cause de lui qu'il était fâché. Cela voulait dire qu'il serait occupé ailleurs, occupé par quelqu'un d'autre. Si seulement cela pouvait encore durer plusieurs minutes. Aussi étonnant que cela puisse paraitre pour un vampire, attendre là que le soleil apparaisse lui paraissait une éternité. Les minutes qui passaient et le ramenaient vers la mort lui paraissaient longues et infinies. Si seulement pour une fois il pouvait accélérer le temps. Ce n'était pas tellement pas le problème que ce soit long, le problème était que plus ça durait plus quelque chose pouvait se produire pour l'empêcher de mourir. Il préférait fermer les yeux, ne rien voir, laisser son destin se réaliser comme toujours, c'était le seul destin qu'il ne pouvait pas voir en avance. Quelle ironie. Et puis fermer les yeux étaient plus agréable car cette rue, il l'avait prise nombreuses fois, en tant que vivant et en tant que vampire. Mais maintenant qu'il était un monstre, cette ville, Paris, cette ville qu'il avait tant aimé n'était plus qu'un signe d'horreur. C'était l'endroit qui abritaient des espèces étranges et dangereuses, c'était un lieu qui l'avait emmené en enfer. Il en connaissait beaucoup de recoin de sa vie d'humain. Cette vie libertine qu'il avait menée. Il adorait cette vie... Même avec son don, même en étant un médium, il s'y accommodait plus ou moins. Si seulement il n'avait pas ressenti ce besoin de comprendre. Si seulement il ne s'était pas aventuré dans des lieux qu'il savait dangereux. Tout !a pour combler une curiosité qui finalement ne lui aurait rien apporter. On était médium ou on ne l'était pas. Il l'était. Il ne pouvait rien y faire et seule la mort définitive pouvait lui faire perdre cette faculté car sa première mort et sa renaissance n'avait entrainé qu'un accroissement de son don. C'était tout simplement de l'acharnement envers sa personne. Que pouvait-il y faire... S'il était encore capable de pleurer, il l'aurait fait... Or il était simplement vide.

Il sentait la chaleur doucement se répandre sur son visage, son corps. Ce n'était que le début, les prémisses d'un soleil rayonnant qui allait éclairer les journées des humains et toutes autres espèces qui pouvaient supporter le jour. Il enviait les sangs purs. Ils ne pouvaient certes pas rester constamment sous le soleil, mais ils pouvaient quand même sortir la journée. Pour eux, mordus, c'était quasiment impossible, c'était beaucoup trop dangereux. Ils étaient trop faible. Et lui alors, lui qui ne se nourrissait pas, il était plus faible encore que la moyenne qui vivait leur vie de mordu réellement. Il soupira un peu. Mourir...mourir. Alors que le premier rayon transperça sa peau pour la bruler, un voile noir s'abattit sur lui, le faisant rouvrir les yeux. Il n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait, une simple odeur de brulé lui confirma que la personne qui le portait en cet instant pour l'amener dans un endroit moins chaud était bel et bien un vampire. Cela se passa plutôt rapidement et lorsque le voile, qui était en réalité une cape, partit pour retourner à son propriétaire, je vis enfin qui était ce dernier. Troublant... La ressemblance avec Ethan était troublante. Ils avaient tous les deux les cheveux bruns, le visage fin, les traits légèrement androgyne, seul leur regard était différent. Celui de son interlocuteur était rouge vif tandis que le sien restait d'un émeraude vitreux. Il ne le vit qu'une fraction de seconde avant qu'une gifle monumentale s'abatte sur sa joue. Cela le ramena un peu à la réalité, sans pour autant bouger un peu. Il tourna le visage pour regarder ce vampire qui l'avait malheureusement sauvé suite au forcing qu'entrainait la main sur son menton mais celui-ci lui apparu de manière floue et un papillon magnifiquement noir défila lentement devant ses yeux. Cet inconnu était en train de le toucher de manière continue et il était un peu loin alors forcément et il s'apprêtait à voir l'avenir de celui-ci. Son regard devint complètement absent pendant quelques secondes, le temps qu'il puisse voir que ce vampire allait prêter serment à son maître pour s'occuper de lui. Quelle ironie... Il était parti pour mourir et voilà qu'il rencontrait un homme qui allait veiller à ce qu'il ne meure pas. Le destin n'était vraiment qu'une suite continue d'acharnement sur sa personne.

Son regard se fit plus présent et il le planta dans celui de son interlocuteur écoutant les dernières paroles. Il n'avait pas tellement entendu le début à cause de sa vision. Lentement, il repoussa la main qui tenait son menton. Une vision suffisait pour le moment, pas besoin d'une deuxième. C'était la deuxième pour ce matin, ça suffisait.

"Laisse moi. Je n'ai pas besoin qu'on s'occupe de moi. Je ne t'ai rien demandé."

Impertinent, arrogant, hautain, dédaigneux. Que des défauts qu'il n'avait pas du tout en tant qu'humain et qu'il avait appris pour réagir à ce tournant négatif de sa vie. Lentement il se redressa pour se remettre debout. Il regarda rapidement autour d'eux, il se concentra un instant sur les odeurs, les sons, et autres choses qui titillaient ses sens beaucoup plus développés. Pas d'Erick. C'était une chance concrètement... Il n'en espérait pas tant. Enfin il était déjà censé mourir... Finalement, ses espoirs avaient été réduits à néant. Il n'attendait plus grand chose. Il regarda ensuite le vampire qui lui avait sauvé la vie... Il s'était énervé, il avait réagi de la sorte, il pouvait être quasi sûr qu'il ne le laisserait pas repartir se confronter au soleil. Et lui était beaucoup trop faible pour lui échapper. Il s'appuya sur le mur et laissa sa tête s'y appuyer également en soupirant. Il ferma les yeux... Il avait faim...Terriblement faim et l'odeur humaine commençait à se répandre à cause du nombre de personnes humains qui bougeaient pour commencer leur journée. Il se décolla un peu du mur en rouvrant les yeux et s'enfonça dans la ruelle, avançant une main sur le mur pour se soutenir. Qu'allait-il faire maintenant ? rentrer ? Attendre bien sagement que son "maître" rentre. Non il n'avait pas envie... Mais il n'avait nulle part où aller. Il allait errer... Mais le jour allait bientôt se répandre. Peut-être trouverait-il une planque où il n'y aurait personne. En tout cas, il fallait qu'il s'éloigne de cet autre vampire... faim... peut-être arriverait-il comme ça à faire en sorte que ce qu'il a vu ne se réalise pas... faim... Il sourit, c'était tellement amusant, il savait pertinemment que c'était impossible que ce qu'il ait vu ne se produise pas quoi qu'il fasse....faim... Mon dieu il n'arrivait même plus à penser à autre chose que la chair fraiche, le liquide carmin qui s'écoulait dans les veines de ces humains... Son regard devint d'un rouge éclatant. Un humain n'était pas loin.. Il le sentit... Il était là. Il continua d'avancer avant de se retrouver nez à nez avec cet humain. Il le regarda...le fixa... Sa bouche lentement s'ouvrit pour laisser dévoiler ses crocs... Il allait le manger...le dévorer tout cru...il pouvait voir le sang pulser dans son cou... Il le voulait ! Un cri de douleur s'échappa tandis qu'il reculait. Il se tourna et fixa le vampire qui l'avait sauvé avant de lui sauter dessus et de le mordre violemment dans le cou. Il ne but quasiment pas...mais l'acte avait été réalisé et il avait eu le gout de sang dans sa bouche. Il relâcha alors sa proie et recula tête baissée. Il n'avait pas tué un humain...mais il avait encore mordu...et s'il n'avait pas été là, aurait-il tué cet humain qui en ce moment les fuyait ?

"Tue moi. Je viens de commettre un crime non ? Je t'ai mordu. Alors tue moi !"

Si seulement ça pouvait être aussi simple....

Mes yeux ne quittaient pas ceux de cet inconnu, les siens était d'un vert émeraudes profonds mais bientôt semblèrent absents. Surpris mes yeux reprirent leur couleur initiale d'un bleu profond. Je soulevais un sourcil et secouais doucement le vampire en face de moi pour lui faire reprendre ses esprits. Finalement il finit par sembler revenir dans la réalité alors que je finissais ma phrase. Ses yeux se plantèrent dans les miens. Je ne détournais pas le regard. Je ne l'avais jamais fait auparavant, ce n'était pas aujourd'hui que cela arriverait et encore moins devant un vampire suicidaire...
Il retira mes doigts de son menton. Je ne bronchais pas, continuant de le fixer droit dans les yeux. La phrase qu'il prononça me mit hors de moi, je sentais la colère monter en moi. Rien demandé ? En effet, mais je ne lui avait pas non plus demandé s'il était d'accord pour que je le sorte de là. Je l'avais fait et c'était tout. Pas besoin qu'on s'occupe de lui ? Et bien apparemment si. Qu'il le veuille ou non il ne mourrait pas aujourd'hui, et encore moins devant les yeux. Il était absolument hors de question que je laisse qui que ce soit faire une chose pareille, vampire, lycan ou humain peut importe. La vie était une chose trop précieuse pour qu'on la jette de cette manière.

Je ne connaissais pas son passé, il ne connaissait pas le mien mais peut être qu'au fond ils n'étaient pas aussi différents... A vrai dire cela m'importait peu. Certes notre condition n'était guère plaisante et j'irais même parfois jusqu'à dire des plus déplorables, mais au fond, même une demi vie reste une vie non ? Et mourir une seconde fois ne serait que victoire pour les monstres nous ayant transformé, ils resteraient les plus forts, les plus grands. Non cela ne pouvait pas durer. Cela ne le devait pas, c'est pour cela que nous mordus, nous ne devions pas mourir mais rester droit et fier, leur montrer ce que nous sommes et que nous valions mieux qu'eux. Beaucoup mieux...
Mon vis à vis se redressa me faisant alors face, je puis alors le voir plus en détails, il semblait un peu plus âgé que moi mais avoir tellement moins vécu. Je pense qu'il est encore jeune pour un vampire. Ses sens son en alerte, je le vois à la façon dont il hume l'air. Inquiet, oui c'est probablement le mot qui le qualifierait le mieux à cet instant précis. Je ne bougeais pas, guettant le moindre de ses mouvements, le moindre indice.

En l'observant un peu plus attentivement je compris. Moi aussi je l'avais ressenti. Ce feu brûlant en lui. Le manque. Il était en manque, et a en juger par son envie d'en finir avec sa seconde vie, il est fort probable qu'il se prive lui même de nourriture. Qui ne l'avait pas fait dans ses débuts ?
Impossible de vous contrôler, des morts qui s'entassent complétement vide de tout élixir de vie. Et vous qui revenez, une fois rassasié pour contempler cet horrible spectacle, ce massacre.
Tous, absolument tous les nouveaux-nés mordus avaient connu ça un jour, et Dieu seul sait combien j'ai pu voir de tels actes en plus d'une centaine d'année...
Il titubait presque, ses jambes ne le portant plus, depuis combien de temps ne s'était-il pas nourri ? Trop longtemps apparemment. De douces effluves ne tardèrent pas à venir effleurer mon odorat. Ils se levaient, ils prenaient place dans le décor sans se soucier d'un seul instant que cette journée pouvait être leur dernière. Inconscients humains...
Je m'aperçus que cet autre vampire s'en était également rendu compte, ses yeux s'étaient rouverts, il humait l'air. Puis il finit par me tourner les talons et s'enfoncer peu à peu dans la rue ombragée. Je savais très bien ce qu'il allait faire. Se nourrir. Mais ça je ne l'en empêcherais pas. C'était le même besoin que celui des humains au fond. Ils mangeaient pour survivre eux aussi, ils sacrifiaient des bêtes, alors pourquoi ne pouvaient-ils pas comprendre le fait que nous aussi parfois il nous arrive par accident de boire un peu trop de sang et de tuer un de leurs semblables ?
Il faut se rendre à l'évidence, ils sont tout autant des meurtriers que nous. Peut être même plus que nous, car nous nous ne tuons point à chaque fois pour nous nourrir contrairement à eux...

J'avais cependant un mauvais pré-sentiment, mes yeux ne pouvaient se résoudre à quitter le dos de mon double.
Un humain n'était pas loin, je le sentais approcher, plus que quelques mètres, 3, 2, 1. Mon « congénère » l'avait vu, j'étais certain qu'il décelait avec envie ce liquide carmin naviguant librement tel les bateaux sur la Seine à travers ce corps si alléchant. A cet instant ses yeux étaient probablement plus éclatant que jamais, attiré par le doux nectar... Ils se faisaient à présent face, la bête et sa proie. Allait alors commencer ce ballet infernal menant à la victoire, du moins c'est ce que je pensais, il semblait prêt à se jeter sur cet humain, mais finalement, le brun dos à moi se retourna et me fixa. Ses yeux étaient aussi éclatants que je le pensais, deux magnifiques rubis.
Un demi sourire apparu sur mon visage, je vis tous ses muscles se ramener sur eux mêmes, se contracter, pour que mon vis à vis expulse tout son poids sur moi.
En quelques seconde il était sur moi. Certes, j'aurais pu facilement l'esquiver, mais je ne saurais probablement jamais ce qui m'a retenu ce matin là....

Je sentis bientôt ses crocs se refermer violemment sur mon cou et laissais échapper un petit soupir. Il me faisait mal, enfin non il faisait mal à ce corps que je n'aimais pas, à ce corps qui ne m'appartenait plus. Il ne bu presque rien ce qui ma foi il faut l'avouer m'attrista grandement, j'aimais qu'il souffre, cet être abjecte que j'étais devenu, je ressentais sa douleur mais cela me faisait intérieurement un bien fou.
Le vampire face à moi se recula et baissa la tête, mais yeux ne restèrent pas sur lui et vinrent se poser sur l'humain qui fuyait en courant tel un de ces bétails affolés les jours de grandes foires. Mon double m'avait déçu, je m'attendais à mieux de sa part et laissais échapper un petit soupire avant qu'il n'attire de nouveau mon attention sur lui.
Il n'avait pas relever les yeux pour s'adresser à moi. Manque d'éducation ou tout simplement peur ? Je l'écoutais attentivement mais ne pu m'empêcher d'exploser de rire. Le tuer ? Quel drôle de propos, décidément ce jeune vampire me réservait bien des surprises...
Je m'avançais calmement dans sa direction. Un pas. Deux pas. Trois pas. Jusqu'à arriver jusqu'à lui. Doucement je relevais de nouveau son menton et laissais glisser ma main sur sa joue avant de murmurer d'une demie voix.

« Te tuer ? A quoi cela m'avancerait-il ? Et puis pour cela il faudrait avoir commis une faute, une TRES grave faute... Où est-elle ? Je ne la vois point à vrai dire... »

Ma main vint peu à peu glisser jusqu'à sa nuque. D'un geste sec je vins de nouveau le plaquer contre mon cou, je sentais ses crocs effleurer ma peau et retins un frisson de plaisir.

« Je n'ai aucunement envie de te tuer, la seule personne à blâmer est celle qui t'a fait ça... Je sais que tu es comme moi... Je sais ce qu'est la sensation de cette faim dévorante et destructrice... Mords-moi, nourris toi sans crainte de représailles, mais fais tout de même attention... »

Je me mis doucement à caresser sa nuque en silence, attendant de voir comment il allait réagir, ce qu'il allait faire.
Au fond peut être aimait-il la créature lui ayant fait ça, qui pouvait le savoir, l'amour et la haine sont deux sentiments si proches que la plupart du temps ils se confondent sans que jamais on ne puisse définir lequel est le plus présent... D'ailleurs l'amour était un sentiment m'étant totalement étranger, la sympathie était peut être le sentiment le plus proche de l'amour que j'arrivais à éprouver pour une personne. Je n'avais jamais connu l'amour et pensais qu'il y avait très peu de chance que cet étrange sentiment m'envahisse un jour, mon coeur ne battant plus depuis tant d'années déjà...
Il était donc peu probable qu'un jour quelqu'un réveille cet organe desséché...

Ethan était resté les yeux baissés simplement parce qu'il avait honte de sa condition. Il ne manquait pas d'éducation même s'il n'avait jamais eu d'éducation bourgeoise et il n'avait pas peur car une fois qu'on était vampire et qu'en plus on était suicidaire, on avait plus grand chose qui faisait peur. Il s'était déjà pris bon nombre de coups de toute sorte, il s'était déjà fait "torturé" pour qu'il révèle ce qu'il avait vu... Mais il tenait bon et se taisait, du moins il l'avait fait pendant des années, actuellement il affichait plus une certaine résignation puisqu'il avait compris qu'on ne le tuerait pas mais qu'on pouvait lui faire bien d'autres choses encore plus horribles. Du coup, il parlait... Et c'était comme ça qu'il était devenu conseiller officieux des Vanderkan, car officiel n'était pas possible, il ne fallait pas trop qu'on connaisse son existence car forcément son côté médium donnerait envie aux camps adverses, de toute façon il n'avait pas très envie d'être conseiller officiel. Mais cela ne l'empêchait pas de chercher une mort ailleurs même s'il était quasiment sûr qu'il n'aurait d'échappatoire nul part. Et puis tuer des humains... C'était le plus insupportable. Tuer des humains pour vivre. Certains lui diraient que c'est la chaine alimentaire. Il n'était pas d'accord. Les vampires, les lycans et toute autre bête dans le genre n'étaient que des monstres. Les monstres ne faisaient pas partie de la chaine alimentaires, il faisait partie d'une autre chaine qui devrait tout simplement ne pas exister et être éradiquée. Se nourrir du sang de chaire fraiche était répugnant et anormal. Se nourrir de viande était normal... Ou du moins pourrait faire partie de la chaine alimentaire, mais le sang...non. Vraiment pas ! C'était les yeux baissés, regardant dans le vide qu'il attendit la réponse de son interlocuteur, réponse qui lui fit tout simplement fermer les yeux quand il l'entendit rire. Cela lui paraissait assez clair finalement. Etonnamment il avait souvent ce type de réponse lorsqu'il demandait à ce qu'on le tue. A croire que c'était une aberration pour un vampire de demander la mort. Peu importe.. .De toute façon ça ne lui faisait plus grand chose qu'on refuse de lui octroyer la paix éternelle. Il avait tellement l'habitude. Ce n'était pas nouveau... Cela le fit juste sombrer un peu plus dans le vide quand il rouvrit les yeux. Il regarda juste devant lui sans rien faire... Il n'avait pas vraiment de but et limite la seule chose qu'il fallait faire si on ne le laissait pas mourir, c'était retourner dans un endroit fermé parant les rayons du soleil. Car là, même s'ils étaient dans une petite ruelle annexe sombre, il sentait bien que le jour commençait à être plus que présent.

Il revint un peu dans la réalité quand il sentit une présence dans sa nuque qui l'attira de nouveau contre son acolyte de quasiment même physique que lui, emprisonnant sa tête dans ce cou qu'il avait mordu un peu plus tôt. Il ne comprit pas... Même en ayant entendu les paroles de ce vampire, il ne comprenait pas... Il voulait qu'il le morde à nouveau. C'était de la folie ! C'était n'importe quoi ! Pourquoi ferait-il ça alors qu'il ne voulait pas se nourrir ? La plaie s'était refermée et il pouvait juste être titillé par le sang qu'il s'était un peu étalé sur cette peau blanche. Il devait reconnaitre en plus qu'il avait encore le goût qui lui titillait les papilles à cause de la sensation de faim qui le tiraillait. Et puis...c'était un vampire..il pouvait bien se nourrir après tout il se reconstruirait... Non !!! Qu'était-il en train de penser ? Il ne pouvait pas se nourrir ! Cela voudrait dire qu'il acceptait sa condition et qu'il s'y soustrayait. Il ne voulait pas ravoir des forces. Plus il serait faible plus ça lui irait ! Il allait repousser le vampire quand une autre réflexion lui vint à l'esprit. S'il ne se nourrissait pas...il tuerait un humain plus tard. Tandis que s'il se nourrissait maintenant de ce vampire, celui-ci ne mourrait pas, et en plus il épargnerait une voire plusieurs vies humaines. De toute façon, ils étaient des monstres, donc il n'y avait aucun mal à détruire la chair de l'un et de boire son sang... De toute façon, il se reconstruirait. Mais au moins lui ne tuerait personne... Ce fut les yeux rouges vifs qu'il regarda se cou, avide de sang, tout en laissant la raison faire sa démarche et lui donner la solution qui serait la mieux pour tout le monde. Et puis les caresses dans sa nuque ne lui plaisaient pas...Cette douceur n'était pas méritée et surtout elle lui était particulièrement bizarre. Elle avait quelque chose de particulièrement déplaisant. Il finit par l'obliger à enlever sa main de sa nuque avant de venir enfoncer ses crocs dans son cou. Ca y est..il avait pris sa décision. Cette fois-ci, il ne se priva pas et prit le sang qui s'écoulait dans ce corps pour qu'il fasse pareil dans le sien. C'était tellement bon... C'était horriblement bon. Il but... Encore et encore...Sa raison était en train de le quitter tellement la bête qui était en lui voulait ce sang et avait faim. Mais un éclair de lucidité lui traversa l'esprit et rapidement il décrocha ses dents de cette chair morte avant de faire un bon en arrière pour s'éloigner de ce vampire. Sa langue vint lentement récupérer le sang qui était sur ses lèvres.... Quelle horreur... Mais il avait épargné un humain voire plusieurs. C'était tout ce qui comptait.

"Tu es content ? Je t'ai mordu, c'est ce que tu voulais non ? "dit-il d'une voix rauque.

Il eut une nouvelle vision qui le fit être très loin et absent pendant quelques secondes avant qu'il ne revienne et que son regard reprenne sa couleur naturelle...Ce vert émeraude. Sans un mot envers cet homme qui lui avait de la nourriture, il s'éloigna. Il ne savait pas plus où il allait aller maintenant que plus tôt. Mais même s'il croisait un humain, il ne le tuerait pas. Il était partiellement rassasié. Du moins assez pour tenir encore un bon moment. Maintenant il n'avait qu'à partir et errer jusqu'à ce qu'Erick vienne le retrouver et le force à rentrer. C'était un peu sa seule option...

» Méliandre Shade
» Méliandre Shade ~ Domestique intinérant aux talents particuliers...

Un énième tentative ... Pourquoi pas ? [PV Méliandre]

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