| Sujet: De Fleury Alix Sam 23 Mar - 20:49 | |
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| ♔Lycan♔ ♔Nom : De Fleury ♔Prénom: Alix ♔Age Apparent: Dix-sept ans ♔Age Réel : Entre quarante et cinquante ans ♔Sang-Pur/Mordu : Mordu ♔Date et Lieu de Naissance : Un certain vingt-et-un octobre dans une ville située non loin de Paris ♔Orientation Sexuelle : Bisexuelle ♔Nationalité: Française ♔Groupe : Lycan ♔Classe Sociale: Comtesse
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Des orteils jusqu’au sommet de la tête, Alix constitue un mètre soixante de délicatesse. Ce corps, fragile, pourrait être celui d’un enfant s’il n’y avait pas eu ces hanches sensuelles et cette poitrine tout de même généreuse. Nombreux sont ceux ayant imaginé leurs doigts parcourir ces courbes, y entreprendre un voyage, parcourir ces dunes de chair, au plus grand dam de leurs femmes. Cette peau, blanchâtre, immaculée, semble aussi douce que la plus couteuse des soies. Des mains, aux doigts fins, ornés d’une ou deux bagues prolongent deux bras minces avec grâce. Un corset, parfaitement serré, met en valeur cette taille menue, accentuant ainsi le charme des autres formes. Source de désir, une nuque, délicieuse, sur laquelle beaucoup rêveraient de pouvoir y poser leurs lèvres, est souvent masquée par une cascade de cheveux blancs aux étranges reflets rosés. Ces mèches de couleur étonnante encadrent un doux minois aux airs candides. Ce visage est surmonté par un tout petit nez, presque inexistant, souvent peu remarqué en raison des deux grands yeux qui le surplombent. Ces yeux, d’une couleur tout aussi curieuse que celle de la chevelure, sont l’objet de bien beaucoup d’étonnements. D’une teinte qui relève parfois du pourpre, parfois du violet, ils séduisent d’un regard innocent, presque naïf. Au-dessous de ces yeux et de ce nez se situe une bouche, aux lèvres ni fines, ni pulpeuses, mais d’une forme exquise.
Une étrange poupée de porcelaine, voilà ce qu’est Alix. Vulnérable et pourtant inaccessible, cela ne la rend que plus charmante, plus désirable. Ces airs ingénus ne sont qu’un leurre, qu’une tromperie. Telle une rose, elle est admirée, désirée, et possède tout comme elle des épines dangereuses pour ceux qui voudront la cueillir. Aussi douce et fragile qu’elle semble, un doux venin coule en elle. Son âme est souillée, ne l’oublions pas. Ce venin, justement, est à l’origine de cette présence, de cet aura si particulière, quelque peu énigmatique et surtout impénétrable. Il se dégage d’elle une atmosphère indiscernable qui éveille l’intérêt, inspire la curiosité, crée la fascination des uns et attise le désir des autres. Sa démarche, aérienne, renforce cet aspect délicat et arachnéen qui la caractérise. Exquises, ses tenues, toujours décentes, sont l’image même du raffinement et du bon goût. Faites de tissus coûteux, elles ne sont pourtant pas l’étalage de sa fortune, et saillent avec élégance à son délicieux corps. Parée de peu de fioritures, elle préfère la beauté du naturel à la surcharge d’ornement. Elle aime être la seule perle et briller, au lieu de disparaitre et de s’éteindre, comme beaucoup, sous trop de superflu.
La surface
« La comtesse de Fleury ? Je pourrai en toute simplicité vous dire qu’il s’agit là d’une noble personne, si cela suffisait… Voyez-vous, elle se distingue des dames de son rang. Par-là, je n’insinue point qu’elle manque de bienséance, ses manières sont même irréprochables et sa politesse est des plus appréciables. Sa courtoise ne semble jamais feinte, ses sourires ne paraissent pas être joués. Exquis serait un qualificatif parfaitement adapté pour définir son image. Sa délicatesse est jalousée par plus d’une et sa fragilité la rend d’autant plus attirante. Vous savez, Madame de Fleury est, en apparence, appréciée de tous… Cela est surement dû au raffinement et à la finesse de son savoir-vivre. Jamais il ne vous viendrait l’idée qu’elle soit capable d’actes incorrects ni qu’elle nourrisse des pensées fielleuses. Il se dégage d’elle une candeur presque séduisante… Mais que dis-je ? Une candeur séduisante ? Excusez-moi, je m’égare, je ne possède assez de mots qui puissent décrire l’énigmatique personne qu’est la comtesse. Il est vrai qu’elle est une charmante dame dont la subtilité des manières est rare. Elle est d’une douceur, d’une élégance approuvée de tous et les paroles qui sortent de sa bouche nous semblent toujours être d’une grande sincérité. Cependant, un détail me trouble. Outre sa bienséance et sa grâce, Madame de Fleury demeure la plupart du temps silencieuse. Ce silence, je puis vous l’assurer, n’est point remplit de tristesse, que du contraire… Lorsqu’elle se tait, je peux déceler en elle un air mutin. Oh, croyez-moi, son demi-sourire n’enlève rien à son ingénuité. Ses moues, par moments facétieuses, renforcent la complexité de son être et de son caractère intrigant. Le portrait que je dresse de cette noble dame est, je le trouve, plutôt fidèle, mais il reste une facette de sa personnalité que je n’ai pas mentionné… J’aimerai y parvenir le plus adroitement possible, mais cela m’est difficile… Vous me demandez pourquoi ? Simplement parce que c’est indescriptible. Derrière toute cette complexité, il demeure en elle aspect encore plus indicible que le reste. Quelque chose de caché, de mystérieux, qui semble pourtant être l’élément essentiel du mélange si spécial qui la constitue… A ma connaissance, personne ne pourrait vous dire de quoi il s’agit. Je crois surtout que personne ne veut vraiment le savoir. »
Les abîmes
« Pauvre petits mortels… Il est si simple de se jouer d’eux. Un sourire innocent leur parait authentique, des paroles prononcées avec ingénuité leur semblent véridiques et deux grands yeux exprimant la candeur ne peuvent qu’être, selon eux, les miroirs d’une âme pure, naïve. Là n’est que sottise. Ils me pensent fragile mais je les domine tous. Ils me croient délicate tandis que ma vraie nature est sauvage. Ils me disent sincère, je suis fourbe. Ils s’imaginent être mes égaux, ils ne sont que mes pions. Ils demeurent aveugles tout en l’ignorant. Pourtant… Il m’arrive de les envier. Cela n’est qu’une folie passagère, mais je ne peux m’empêcher de penser que tout est plus simple à leurs yeux. Ils ne vivent que de courtoisie, d’amabilité feinte, de luxe, de pouvoir, d’apparence. Tout est faux, joué, et cela leur suffit. Pour moi, ce n’est plus assez. Ma réalité est autre, bien que je vive à leur cotés. Je méprise les humains tout autant que certains me fascinent. Bien que parfois, je regrette le temps ou tout me semblait plus simple, moins sombre, ou mon quotidien n’était que fêtes, amusement et futilités ; j’aspire à mon univers. J’aime la puissance, la force, le pouvoir. La mort est toujours près de nous, invisible, cachée, quelque part. Elle guette chacun de nous, à chaque instant. Les humains n’en ont pas conscience, mais pour nous autres, sombres créatures à l’âme souillée, damnée, sa présence est évidente. Nous pouvons la sentir à défaut de ne pouvoir l’apercevoir. Autrefois, j’appréciais l’insouciance de mon monde, cette richesse superflue, la frivolité. Le plaisir était mon maître mot, et je vaquais dans la magnificence, la somptuosité, en satisfaisant le moindre caprice, le moindre désir. Je jouais avec les uns, m’amusais avec les autres. Tout cela me semble à la fois proche et tellement lointain. En surface, rien n’a changé, je ne pouvais me le permettre. Le confort, la richesse et la distraction sont toujours mon quotidien, et pourtant, je vis de haine et de sang. Bien souvent, je ne vois plus la lumière des lustres scintillants, ni les couleurs chamarrées des longues robes des dames, ni l’or qui décore les murs du palais. Tout est recouvert d’un voile rouge, tel le sang que je voudrais faire couler, tel la colère qui m’habite. L’univers prend alors un aspect étrange, mais il est mien. J’adule ma nature, elle me rend vivante. Les mortels m’apparaissent comme des êtres fades, mornes, presque morts. A être insouciants, sourds, à ne pas voir, à être enfermés dans une cage dorée, ils ne peuvent pas connaitre cette jouissance qu’est la vie et sa sensation d’infinité. Ils se sentent prisonniers, je me sens libre. La lune est mon seul maître. »
- Spoiler:
Je tenais à dire que cette description n'est pas exhaustive car je ne voulais pas gâcher l'histoire en dévoilant la fin qui a une conséquence importante sur le psychologique d'Alix. Donc à vous de lire l'histoire pour quelque chose de complet
Je suis l’unique personne à pouvoir raconter mon histoire. Moi seule y trouve son sens et pourrait l’expliquer avec justesse. Certains souvenirs demeurent flous, d’autres sont peut-être erronés, car je n’avais que mes yeux pour voir, et ne percevais donc que ma réalité. Mais selon moi, tout s’est passé ainsi. Alors, pourquoi connaitre l’exacte vérité de mon histoire si, de mon point de vue, il s’agit de celle-ci ?
Ma naissance se déroula sans grande difficultés. J’imagine, bien évidemment, que la nuit de ma mise au monde ne fut point un moment agréable pour ma mère. Je naquis, de ce que l’on me dit, durant l’aube d’un certain vingt-et-un octobre. Ce jour signifiait, aux yeux de mes parents, un évènement important, une victoire, même, mais surtout une amère déception. Depuis des années, mère désirait un enfant, un petit corps à chérir, une âme à qui offrir tout l’amour qu’elle ne pouvait vouer à père. Je représentais donc, après de nombreux enfants perdus, morts dès leur naissance, une immense réussite. Père, en revanche, fut contrarié d’apprendre que le seul descendant que sa femme avait été capable de lui donner était une fille. Il souhaitait un fils, fort, puissant, à qui il aurait pu laisser le soin, en toute confiance, de prendre les décisions, de mener son titre à bien, d’agrandir la fortune familiale. « - J’ai espéré, et fini par croire que cet enfant serait le miracle que nous attendions. Malheureusement, il n’est rien d’autre qu’un échec supplémentaire, une désillusion, comme toutes celles que ma pauvre femme a su m’offrir toutes ces années durant. » Ces mots, je ne peux dire s’il les a prononcés, s’ils se sont échappés de sa bouche tordue en un rictus mauvais. Cependant, je peux affirmer que des phrases semblables ont un jour résonné entre les murs du château. Je peux imaginer la fureur de Mère tout comme sa tristesse me semble vraisemblable. Sa rancœur, son amertume sont également des sentiments plausibles, mais je suis au plus profond de moi persuadée que la sensation qui la dominait était la peur, l’angoisse de ne pouvoir procurer à son enfant ce qu’elle désirait lui offrir. Entravée par un mari que le pouvoir, la fortune et la reconnaissance obsédaient, son amour était contenu, sa tendresse réfrénée, sa douceur réprimée. ~ Le premier souvenir, vague, qui symbolise mon enfance, est une pièce sombre, humide, glacée. Je me souviens du bruit régulier des gouttes s’écrasant sur la pierre, créant de petites flaques dans lesquelles je tentais de ne pas m’assoupir afin de ne pas grelotter encore plus. Je me rappelle du froid, intense, dont ma fine chemise ne parvenait pas à me protéger. Il pénétrait tout, mes jambes, ma poitrine, mon âme. J’en oubliais la sensation du soleil, l’effet de la chaleur sur pauvre corps raidi, recroquevillé et tremblotant. Parfois, lorsque le sommeil me gagnait et m’enlevait loin, très loin de cette cave austère, je rêvais d’un jardin fleuri, rempli de roses, où l’herbe verte était agitée par une légère brise. Mais même dans ce délicieux songe, le froid parvenait à s’y engouffrer. Alors que je m’imaginais m’allonger sur le parterre fleuri, fermant les yeux, voyant la couleur chaude de la lumière au travers de mes paupières closes, alors que j’orientais mon visage en direction de cette boule normalement brulante, rayonnante, aveuglante, un froid glacé me transperçait. Le feu avait été remplacé par la glace, et je craignais alors que le soleil ne me gèle, m’empêche désormais de bouger, me faisant prisonnière de ce jardin de givre. Je me sentais piégée, trahie par cet endroit qui semblait si plein de promesses. J’avais vu ce que je voulais y voir, sans percevoir l’envers du décor, tel une glace faisant miroiter mes rêves les plus espérés, afin de mieux me capturer. Cette cave était devenu mon plus terrible cauchemar, ma plus grande peur et était à l’origine de chaque angoisse. Un mot mal prononcé, une parole non contenue, un geste déplacé pouvait être le déclencheur de la fureur de Père. Parfois, il m’y jetait, tel de la vermine, sans que je ne saisisse la raison de sa haine. Mère tentait, au commencement de ses colères, de l’en empêcher, mais il suffisait d’une ou deux punitions pour qu’elle se contente de le maudire en silence, choisissant d’ignorer que je me trouvais là, sous ses pieds, dans les oubliettes, préférant penser que je m’amusais, silencieuse, dans ma chambre. Il arrivait que quelque domestique descende furtivement au sous-sol et m’offre un morceau de pain, une coupe d’eau, afin de me sustenter, de me maintenir en vie. Souvent, il me laissait croupir en ces lieux sombres, humides et glacés un ou deux jours durant, prétextant aux visiteurs ou encore à mon professeur que ma santé était fragile, et que quelques jours de repos m’étaient nécessaires. J’en ressortais affaiblie, misérable. La lumière m’aveuglait, mon ventre criait famine. Mon corps était, à chaque fois que je ressortais de cette cave, un peu plus malingre, et mes joues toujours plus creuses. Les journées que les autres enfants passaient à jouer dans leurs jardins, à sourire, à rire, je les passais seule, enfermée, le plus souvent dans les donjons, emprisonnée. Père refusait de me laisser aller à l’extérieur, je ne connus donc que très peu le soleil, les fleurs, l’air pur, l’odeur d’un jardin humide après un orage. La lueur du jour, je ne la voyais qu’à travers les vitraux et je passais mes journées à rêver de liberté, à imaginer la sensation du vent qui agitait les feuilles des arbres dans mes cheveux. Rares étaient les moments où l’on m’autorisait à fouler le sol extérieur, fait d’herbe, de terre, et non de pierres froides, sans vie. Mon univers se limitait, lorsque j’étais enfant, à Père, Mère, mon professeur, quelques domestiques, de rares visiteurs, le château, et le jardin que j’admirais le plus souvent de l’intérieur. J’ignorai tout du monde, je n’avais jamais parlé à quelqu’un qui m’était inconnu. Je n’avais aucune notion de bien et de mal. Être isolée me semblait légitime, car telle était la règle que l’on m’inculquait depuis ma naissance. Je croyais que mes punitions étaient justifiées, que si Père me plongeait dans l’obscurité, les ténèbres, j’étais coupable d’une chose terrible, et que je le méritais. Je me haïssais de lui en vouloir quelquefois, je voulais arrêter de rêver d’évasion, car cela pouvait le mettre en colère. Je croyais que je n’en avais pas le droit, que mes fantasmes de liberté, d’escapade étaient néfastes. Je ne comprenais pas pourquoi, et je me trouvais sotte de ne pas toujours connaitre les raisons de la haine de Père. Je n’osai jamais lui demander, car cela aurait révélé mon idiotie, et je ne voulais pas que sa rage surgisse à nouveau. Je grandis dans la crainte, le confinement. J’étais isolée, seule, sans pour autant le savoir. ~ Quatorze années. Voilà l’âge qui bouleversa ma vie, pour autant qu’elle puisse encore l’être à cette époque. J’avais grandi, je devenais une femme. Il n’était plus possible pour Père de me cacher. Les rumeurs commençaient sans doute à circuler, en ville. J’étais en âge de faire mon entrée dans la société, et j’imagine que dans les salons, les dames de haut rang discutaient de la mystérieuse fille du comte, encore inconnue aux yeux de tous, mais cependant ardemment attendue. Quant à moi, je n’avais alors aucune idée de ce qu’il adviendrait de moi. En dehors de la réalité, de leur réalité, je n’imaginais même pas qu’une telle société existait. J’ignorai tout de cela, car personne de m’en avait jamais entretenue. Père avais connaissance du fait qu’en me dévoilant publiquement, il ne pourrait plus me retenir au château, ne pourrait plus m’emprisonner à son gré dans les sous-sols. Il ne désirait cependant pas prendre soin de moi, l’idée le révulsait. Moi, qu’il haïssait, qui le dégoutait, qui était née à la place du fils adoré qu’il avait tant espéré, ne pouvait pas lui voler son temps, être présente, près de lui, en permanence. Sa vanité l’empêchait de me cacher plus longtemps, car il savait très bien que l’on attendait de lui qu’il me présente, mais la crainte que je ne puisse révéler ses actes en découvrant que cela n’était pas courant, mais monstrueux, était plus puissante que le reste. L’idée de sa violence dévoilée le terrorisait, l’obsédait, à tel point qu’il décida de me marier. Il pensa certainement qu’en se délestant de moi, en m’abandonnant à un homme, j’oublierai ces jours passés dans la cave, ses insultes, ses coups. Il en déduit qu’en revanche, s’il continuait ainsi, je risquais de dévoiler son immoralité, et le scandale était la première chose qu’il désirait éviter. Je fus donc mariée lors de mes quatorze ans à un homme qui en avait, à l’époque, vingt-six ; le comte Alexander de Fleury. Avant d’être insérée dans la société, on m’apprit quelques règles de bienséance que j’avais, bien entendu, déjà acquises. Je me souviens que Mère me parla du comte de Fleury, en essayant d’introduire, certes, d’une façon bien maladroite, le fait qu’il serait mon époux. Cependant, je n’avais que faire de ses mises en garde, cela m’importait fort peu. Ma seule obsession était ce nouveau monde qui, je l’espérais, me délivrerai de mon carcan. Naïve, je n’écoutai pas les paroles de ma génitrice qui tentait, tant bien que mal, de refréner mes ardeurs. Elle voulait que je comprenne que mes espoirs n’allaient être que peu réalisés, que cette liberté nouvelle n’allait être qu’une nouvelle cage pour moi, mais je n’en fis rien, trop avide de découvertes pour m’autoriser à penser que cette autre vie pouvait être une autre suite de cauchemars. J’imagine le désespoir qu’elle ressentait certainement en pensant que ma vie allait peut-être ressembler à la sienne ; prisonnière d’un mari imbu de lui-même, sans cœur ni émotions, dont seuls l’admiration, le pouvoir et la fortune influencent les actes. ~ Nombreux furent les personnes assistant à mon mariage. Je n’en connaissais que très peu, ne leur avait parlé peut-être qu’à une ou deux reprises. J’observais tous ces visages, étirés d’un sourire faux, riant par courtoisie, se tenant devant moi non parce que cela leur était plaisant, mais parce que ce mariage était l’union de deux familles importantes. Je n’étais ni heureuse, ni malheureuse. J’appréciais me trouver loin de mon enfance, hors de l’emprise de mon père, mais j’avais à présent conscience que cette liberté m’allait être dérobée dès que les vœux seraient prononcés. Une nouvelle porte était sur le point de s’ouvrir, mais je ne redoutais pas ce qui s’y trouvait derrière. Mon ardeur s’était envolée, toute curiosité s’était évaporée. La perspective de cette nouvelle vie me semblait ennuyeuse, et non surprenante, exaltante, comme j’avais pu l’imaginer. Dès que l’on me présenta au reste du monde, je compris que tout n’était que paraitre, amabilité feinte et sourires forcés. Je sus également que je devrai jouer le jeu, comme tous, et que là serait mon unique divertissement. Un divertissement fort monotone, j’en conviens. Je prononçai mes vœux, mon mari fit de même. Nous fûmes liés jusqu’à ce que la mort nous sépare. Nous nous regardâmes lorsque nous prononçâmes la phrase « Oui, je le veux », et nous pûmes lire dans le regard l’un de l’autre que cette liaison ne signifiait rien, qu’elle avait pour origine des causes toutes autres que l’amour. Cet homme ne m’effrayait pas. Lorsqu’il posait les yeux sur moi, on ne pouvait voir aucune once d’intérêt sur son visage. Je l’ennuyais, ne signifiais et ne signifierai que peu de choses à son égard. Cette indifférence était pour moi un soulagement, car je savais que si je ne lui inspirais que de l’apathie, jamais la haine ne le gagnerait, à l’inverse de mon père. Il ne se soucierait que peu de moi, et se contenterait seulement de me prendre le bras lorsque nous sortirions en public. Ma liberté n’était pas totalement compromise par ce mariage, car je jouirai d’une autonomie que je ne possédais pas auparavant. Je devinai, sans me tromper, que nous passerions la nuit de noce dans nos lits respectifs et qu’aucun de ses doigts ne se poserait sur moi, contrairement à ce que Mère avait pu me raconter. Je ne connus jamais ses raisons d’approuver ce mariage, mais j’imaginai que tout comme moi, elles étaient familiales. ~ Trois longues années s’écoulèrent, durant lesquelles je vécu dans le luxe et l’abondance. Servie, coiffée et habillée par mes femmes de chambre, je pris goût au confort et à ce monde que j’avais tout d’abord critiqué. J’étais seule, mais pas plus qu’autrefois, et je m’en accommodais. Alexander partait souvent le soir, allant goûter le nectar de quelques autres femmes, s’imbibant de cognac et passant la nuit au dehors de notre demeure, mais je n’en étais pas dérangée. Nous n’éprouvions l’un envers l’autre qu’un respect mutuel et nous jouissions chacun d’une liberté totale. Je ne m’occupais guère de savoir où il passait ses nuits et il n’éprouvait pas le besoin de connaitre mes pensées et mes désirs, tant que cela ne nuisait pas à notre image. J’avais alors dix-sept ans, lui vingt-neuf, nos centres d’intérêts différaient, notre unique lien consistait à vivre sous le même toit et à paraitre en public tel un jeune couple heureux, épanoui. J’apprenais à apprécier la frivolité de ce nouveau monde, la légèreté des nobles gens. J’étais bien souvent amusée par l’ambiance festive des bals, des dîners, accompagnés d’une politesse exagérée et de rires non-naturels. Je me prenais à ce jeu comme toutes ces riches personnes dont le seul dessein était d’être apprécié et remarqué. Comme elles, là résidait mon principal plaisir. ~ Mon univers fut chamboulé durant le mois de mai de ma dix-septième année. Je me promenais dans les jardins du château, une ombrelle à la main pour me protéger des rayons du soleil qui m’avait fascinée toute mon enfance durant. J’empruntais alors un chemin entourée de hauts arbres, isolé, à l’abri du monde, lorsque je l’aperçu. Les yeux clos, son visage était orienté vers la lumière et un doux sourire était dessiné sur son visage. Habillée d’une longue robe écarlate, la taille enserrée d’un corset de la même couleur, je trouvai le moment d’une beauté rare et l’imaginai peinte, immortalisée sur un tableau que je chérirai toute ma vie. Je m’arrêtai de marcher durant une longue minute afin de la contempler, oubliant mes manières, ma bienséance qui m’ordonnait, habituellement, de ne pas poser mon regard plus de quelques secondes sur quelqu’un. Lorsqu’elle se retourna et posa sur moi ses yeux d’une couleur jaune orangée, une boule chaude se créa au creux de mon ventre et s’agita, répandant sa chaleur dans l’entièreté de mon corps, rosissant mon visage d’habitude si pâle. Je perçu alors un léger rire émaner d’elle, telle deux clochettes, produisant un son à peine perceptible mais exquis. Je me sentais gauche et maladroite face à cette femme. Elle s’approcha de moi et caressa ma joue de son index, laquelle s’empourpra au savoureux contact de sa peau contre la mienne. Ma gorge était nouée, je ne savais que dire. L’étrangeté du moment m’empêchait de bouger, de parler, ou d’avoir une quelconque réaction. Je demeurai figée, me contentant d’observer son visage à quelques centimètres du mien. Elle incarnait pour moi la perfection. Son visage était en forme de cœur, et de longs cheveux flamboyants descendaient jusqu’à ses reins. Sa bouche, pulpeuse, couleur cerise, me semblait si alléchante… Je me sentais incolore à ses côtés, presque invisible, éblouie par sa splendeur, son éclat. Et pourtant, elle me voyait, plongeait son regard ardent dans le mien. Je me sentais mise à nu, comme si elle pouvait deviner chaque pensée, chaque idée que je m’étais appliquée à masquer… Je ne comprenais pas ce qu’il se passait, tout cela était inattendu, si soudain… Jamais je n’avais imaginé qu’une sensation pareille puisse exister. Je me sentais étonnamment bien, tout en étant effrayée… Une ardeur nouvelle s’emparait de moi. Était-ce ce que les auteurs nommaient le désir ? Je le cru impossible, et pourtant, tout cela était bien réel, si puissant. Mon amour pour la Duchesse Catherine de Volanges naquit ainsi, d’un regard, d’un geste, sans un seul mot. Cet amour, pourtant innocent, aussi pur soit-il, m’était interdit. Agitée par le fait que cet instant qui n’aurait pas dû exister m’obsédait, je m’efforçais de l’éviter. J’essayais d’ignorer les papillons qui agitaient mon ventre lorsqu’elle passait près de moi, tentais de me maitriser dès que sa main frôlait la mienne. Je dus bien vite me rendre à l’évidence et admettre que j’éprouvais de l’attirance pour cette femme, un désir inassouvissable. Je décidai de concevoir l’inconcevable, d’accepter l’inacceptable et de lui avouer l’inavouable. Persuadée qu’elle avait conscience d’être à l’origine de mes tourments, je n’eus aucune difficulté à lui faire part de ma préoccupation. Je voulus d’abord lui soumettre une requête, laquelle était de me laisser vivre en paix, mais un seul de ses regards, une seule de ses paroles me bouleversait et suffisait à me faire oublier la norme, les principes et la société conformiste dans laquelle nous vivions. Dès qu’elle se rapprochait de moi, je ne pouvais réprimer mon envie, contenir l’amour que je nourrissais à son égard. Lorsque je n’étais plus maître de moi, elle seule me contrôlait. C’est ainsi qu’un soir, je me délivrai de la passion qui me dévorait depuis trop longtemps et cédai à mon instinct. *** Le feu crépitait dans l’âtre. J’attendais son arrivée avec impatiente et anxiété. Plusieurs questions m’obsédaient : « Et si elle ne venait jamais ? Peut-être me suis-je imaginée une histoire, peut-être suis-je folle… Et si rien de cela n’était réel ? Que penserait-t-elle ? » Je me ressaisis et me remémorai ces instants si tendus lorsqu’elle s’asseyait sur le fauteuil en face du mien, lors d’un dîner chez de prétendus amis. La tension était presque palpable, il était difficile de me retenir de la fixer longuement, de ne pas rougir, de ne simplement rien laisser paraitre alors que mon cœur battait si vite… Non, cela, je ne l’avais pas rêvé. Elle se jouait de moi. Je voyais à son sourire mutin qu’elle connaissait mes sentiments et les sensations que son regard me procurait. Catherine… Pourquoi n’arrive-t-elle pas ?
Je caressai le velours du fauteuil sur lequel j’étais assise. Je mourrais d’impatience, j’espérais sa venue plus que tout autre chose, tout comme je la redoutais. Je doutais de trouver les mots adéquats, je doutais de simplement savoir parler. Sa présence me paralysait… Je me redressai, soudainement, entendant des bruits de talons claquer dans les escaliers de pierre de ma demeure. Ils se dirigeaient incontestablement vers mon boudoir, la pièce où je me tenais à présent. Je perçu la voix de ma femme de chambre lui indiquer l’endroit, et ensuite celle de Catherine, suave, qui la remerciait de l’y avoir conduite. Oui, c’était bien elle, il s’agissait de son timbre, j’aurai pu le reconnaitre en mille.
La porte s’ouvrit et elle m’apparut, resplendissante. Vêtue d’une robe noire, sa peau semblait de neige, et ses cheveux de feu. Je restai debout plusieurs secondes à la contempler, le souffle court. Doucement, je m’avançai vers elle et caressai sa joue, tout comme elle l’avait fait lors de notre rencontre. Sans rosir, sans parler, je plongeai mon regard dans le sien. Mon cœur battait plus vite que jamais, à un tel point que son bruit sourd résonnait dans mes oreilles. Elle n’opposa aucune résistance, et d’une main, sans se retourner, repoussa la porte derrière elle afin de la refermer. Je vis en cet acte qu’elle cherchait ma présence seule, qu’elle voulait nous isoler, nous apporter de la tranquillité. Mon visage se rapprocha légèrement du sien, cherchant une réponse à mon acte. Ses paupières se rapprochèrent, jusqu’à ce qu’elles soient closent. Alors, ses lèvres rencontrèrent les miennes, et tout s’enchaina rapidement. Le désir s’empara de nous, et pour la première fois de ma vie, je connus le véritable plaisir.
Mes mains dégrafèrent son corset, les siennes soulevaient mes jupons. Nous nous débarrassèrent de ces tissus inutiles, encombrants, dérangeants. Nous nous retrouvâmes nues, à nous contempler, naturelles, sans fioritures. Nous étions comme dans un autre monde, sans manières, sans politesse forcée, sans règles de bienséance, sans tout ce surplus qui nous étouffait. Mes doigts s’entremêlèrent aux siens, tandis que mon autre main parcourait ses courbes, sans maladresse. Je me laissai guider par mes envies, mon désir. Je n’hésitais pas, tout cela me semblait si simple que j’eus l’impression de l’avoir fait auparavant. Les mots laissaient place au silence, à la sensualité, à la délicatesse et à la fragilité de l’instant. Elle m’allongea sur un large divan, et se positionna au-dessus de moi. Mon corps répondait aux mouvements du sien, nous vibrions, ensemble, d’une même et unique passion. Les rideaux n’étaient pas tirés, mais nul ne pouvait nous voir. Nous étions invisibles aux yeux du monde, et nous brulions d’une ardeur infinie.
La lune, au dehors, était pleine, ronde, magnifique. Je basculai ma tête vers l’arrière, gémissant de plaisir, et vis l’astre, lumineux, d’une beauté sans pareille. Je l’admirai durant quelques instants, juste avant de ressentir une douleur fulgurante au niveau de l’épaule. Je hurlai et fermai les yeux sous la souffrance, puis je me mis à sangloter. Je voulu me redresser, mais une force surhumaine m’en empêcha. Je me recroquevillai sur moi-même, espérant rendre l’élancement moins pénible si je me faisais plus petite, mais cela ne fonctionna pas. Je me sentais tiraillée, il s’agissait là d’une véritable torture. Je ne comprenais rien à ce qu’il était en train de se passer et je ne cherchai pas à le savoir. Je désirai juste que cela cesse. Je portai la main à mon épaule puis la retirai immédiatement, elle était maculée de sang. Je criai à nouveau puis m’évanouis, me délivrant de la douleur.*** À mon réveil, je ne me rappelais que du début de la soirée. Je me trouvais dans mon lit, et je ne savais ni quand, ni par quel moyen je m’y étais rendue. J’étais désorientée, je me sentais perdue, mais surtout différente. Mes sensations me semblaient décuplées, je croyais percevoir plus de détail, entendre le moindre bruit. J’avais l’impression qu’un évènement m’échappait. Lorsque je passai devant un miroir, je fus terrorisée par ce que j’y vis. L’iris de mes yeux était grenat. Auparavant mauves, on aurait dit que le bleu avait disparu, ou presque. Mon épaule m’élançait légèrement, bien que je ne comprenne pas pourquoi. Le véritable choc fut de me rendre dans mon boudoir, là où j’avais passé au moins une partie de la soirée la veille. Le canapé en velours clair était imbibé de sang, et Catherine était allongée dessus, nue. J’accouru vers elle et la priai de se réveiller. Lorsqu’elle entrouvrit les yeux et me vit, un large sourire se dessina sur son visage et un murmure s’échappa de sa bouche. « -Tu es donc réveillée, mon amour… » Les jours suivant, nous les passâmes à discuter de ma nouvelle condition. Les souvenirs affluaient, peu à peu. Ma réalité n’était plus, j’étais perdue. Depuis mon enfance, mon univers ne cessait d’être différent. Je découvrais toujours divers mondes, et il s’avérait qu’aucun n’était réel. Cependant, je ne pouvais en vouloir à Catherine. Je lui vouais un amour inconditionnel, et j’étais devenue, suite à ma transformation, son esclave. Je la servirai à jamais, la protégeant, l’aimant, la choyant. Ma perception des choses changea. Je connaissais les dangers, et je savais que survivre serait désormais ma seule devise. Peut-être me faudrait-il combattre. Je voyais maintenant que le monde était sombre, dangereux. L’essentiel, cependant, était que je jouissais à présent d’une vie éternelle aux côtés de la Duchesse de Volanges. Jamais je n’avais osé rêver cela. Je me sentais plus libre que je ne l’avais jamais été. Tout me paraissait beaucoup plus puissant, plus subtil, plus important. Chaque sensation était un plaisir, chaque bruit était pour moi une délectation. Enfin, je vivais, pour la première fois depuis dix-sept ans. ~ Des années s’écoulèrent. Tous les dix ans, Catherine et moi changions de villes, pour ne pas éveiller les soupçons. Nous ne vieillissions plus, la jeunesse éternelle était nôtre. Mon mari, mort précocement huit ans après ma transformation, n’était désormais plus un problème pour moi. Je n’avais plus à rester à un seul et même endroit, je pouvais voyager comme bon me semblait. Ma vie était parfaite, mieux qu’elle ne l’avait jamais été. Je possédais tout ce dont j’avais toujours rêvé: l’amour et la liberté. Ayant hérité de l’argent de mon défunt Alexander, je n’étais pas dans le besoin. Seulement, un évènement vint perturber la parfaite existence que je menais aux cotés de ma bien-aimée. On m’avertit par courrier que Mère venait de décéder quelques jours plus tôt et que son corps serait mis en terre le onze décembre. Père avait succombé quelques années auparavant, laissant ma mère seule, pour son plus grand plaisir. Je n’avais évidemment pas été lui rendre hommage, car la souffrance qu’il m’avait infligée lorsque j’étais enfant était encore trop présente. Je m’en allai donc vers ma ville d’origine afin de prononcer un dernier adieu à Mère. J’arrivai tard dans la nuit, alors que son cadavre avait déjà été mis en terre. Je n’avais pas voulu me mêler à la foule. Je désirai être seule, et simplement lui parler. *** « - Je suis désolée, Mère, de n’avoir pu vous voir plus ces dernières années. Je ne l’ai pas pu, simplement. Qu’auriez-vous pensé ? Mon visage n’a pas changé en vingt années, je ne voulais pas vous effrayer. Pauvre Mère, comme je m’en excuse… Je regrette tellement de vous avoir laissée seule. Je vous promets de penser à vous, chaque jour, chaque nuit… »
Une sensation de déchirement me lacéra la poitrine. Je fus projetée en arrière, haletante. Que se passait-il ? L’angoisse s’empara de moi… Il s’agissait de Catherine. Le lien si précieux qui nous unissait tentait de m’avertir qu’elle était en danger. Sa douleur était la mienne… Elle était attaquée. La transformation s’opéra rapidement, et je couru plus vite que je ne l’avais jamais fait. La colère m’aveuglait. Une autre douleur s’empara de ma patte. Je m’écroulai… Celle-ci me faisait l’effet d’une brulure, si intense… Je laissai échapper un jappement. Je me redressai cependant, tentant d’ignorer la souffrance, songeant au fait que je lui avais voué une vie de servitude, que je devais arriver à Paris à temps. Ma course continua une heure durant, et je pouvais sentir le lien s’évanouir, jusqu’à ce que je le perde totalement. J’arrivai à la demeure où Catherine résidai et suivi l’odeur métallique du sang.
Je la vis. Elle était allongée sur le sol et baignait dans son sang, une balle en argent logée dans la poitrine, une autre dans le bras. J’accouru vers elle et émit une longue plainte, essayant de la secouer pour qu’elle ouvre les yeux, parle, émette un son… Seulement, je pouvais sentir une autre présence. Une chose m’intriguait, c’est qu’il ne s’agissait ni l’odeur d’un humain, ni celle d’un lycan. Elle m’était inconnue, et pourtant, je la haïssais déjà. J’observai les lieux, et sur le seuil de la porte se tenait un être livide, dont les vêtements étaient tachés de sang. Il était d’une beauté diaphane, mais il s’agissait là du visage du mal. Ses yeux, d’un rouge plus sanguinaire que les miens brillaient dans l’obscurité de la pièce. Je grognai, férocement, ce qui sembla l’amuser. Le vampire esquissa un sourire puis rigola en me couvant du regard, avant de disparaitre soudainement. Je hurlai à mort, évacuant la souffrance qui possédait mon corps. Je redevins humaine, à bouts de forces, et rampai vers le corps de Catherine. Elle était aussi froide et rigide que la pierre. Je pleurai, révoltée par mon impuissance.
Les remords me rongeaient de toute part. Je devais la protéger, il s’agissait de mon rôle, et je n’avais rien pu faire. Elle était morte, on l’avait tuée, et elle s’était retrouvée seule. Je n’avais pas pu lui dire au revoir. Jamais je ne l’avais quittée auparavant, jamais je n’aurai dû le faire… Je ne connaissais même pas la raison de sa mort. J’étais allongée à ses côtés, pleurant, hurlant, expulsant toute la haine, toute la rage qui m’habitait. Tout cela était injuste. Je m’étais jurée de l’accompagner partout, et maintenant, elle était seule, sans que je n’aie rien pu faire. La douleur était déchirante. J’avais toujours été seule, mais ce onze décembre fut le premier jour où j’en souffris. Je m’agenouillai près d’elle et fermai les yeux, tout comme je l’avais fait auprès de la tombe de Mère.
« -Nous nous étions promises une vie éternelle… Je t’avais juré de rester avec toi jusqu’à la fin, quelle qu’elle soit. Voici la seule promesse que je ne vais pouvoir tenir. Je voudrai tant être avec toi, crois-moi... C’est là mon désir le plus cher. Seulement, je m’engage à te venger. Je te jure, au nom de mon amour pour toi, que tant que je n’y parviendrai pas, je ne te suivrai pas. Alors seulement lorsque je lui ôterai la vie tout comme il t’a volée la tienne, je te rejoindrai. Je t’aimerai toujours, Catherine »*** Jamais je ne me pardonnai la mort de Catherine. Jamais je ne me pardonnai de l’avoir laissée seule. La culpabilité m’habita chaque jour jusqu’à maintenant. Chaque nuit, je rêvai de tuer son assassin, de lui ôter ses membres, un à un, pour qu’il souffre autant qu’elle a souffert, autant que je souffre. Une douleur me rappela constamment ce que j’ai perdu. Je suis aujourd’hui condamnée à vivre éternellement rongée par les remords, ainsi j’expie ma faute, jusqu’à ce que je la venge et mérite son pardon. Depuis lors, je ne vécus que d’aventures futiles, insignifiantes, toutes aussi inintéressantes les unes que les autres. Jamais je ne retrouverai l’amour. D’ailleurs, mon destin est tout autre, mon destin est le sang, mon destin est la vengeance. Après celle-ci viendra la paix, le repos éternel, car enfin, je le mériterai. L’ennui et la solitude sont mon quotidien, car rien n’est aussi puissant, aussi fort que ce que j’ai connu. Plus rien ne parviendra à m’exalter, plus rien, hormis la revanche que j’obtiendrai.
| ♔Pseudo : Alix convient assez bien =) ♔Age: Bientôt 17 ans ♔Comment t'es-tu retrouvé parmi nous?: Je suis une amie de Fil' et il a bien fait la pub du forum =D ♔Des Remarques ou impressions? Le niveau d'écriture a l'air vraiment pas mal, et puis le forum est trop joli *.* ♔As-tu lu le règlement ? Voui, bien sur! ♔Code du règlement : Validé par le Roi! <3
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