Louis avait quitté sa demeure tôt ce matin, il s'était vêtu d'un chemise en coton blanc dont la devanture était froissée et formait des plis réguliers tombant sur le centre de son torse et retenu ensemble par des boutons de nacre blanc, à son cou il avait noué une foulard noir, son pantalon était de couleur habituelle, noir, droit et repassé avec perfection au millimètre près. Comme aussi à sa perpétuelle habitude il avait lacé un ruban lui aussi noir à ses cheveux blond-roux, connut parfois sous le nom de blond vénitien. Laissant quelques mèches entourer son visage fin et retombant à mi hauteur de son cou. Il enfila ses bottes sur le pallier, puis mit sa veste longue noire et se parât de ses gants de la même couleur que sa veste. dans sa main droite il tenait une canne dont le pommeau représentait la face d'une sirène d'un côté et la face d'un loup de l'autre.
C'est dans cet accoutrement qui lui convenait si bien et dans lequel il se sentait merveilleusement à son aise qu'il sortit d'un pas décidé de sa maison, franchissant le portail grinçant et le refermant derrière lui. L'air encore bien frais faisait frétiller ses narines, il pouvait encore sentir les cendres encore chaudes des cheminées en train de s'éteindre peu à peu, la douce rosée du matin perlant sur les plantes, la terre et le pavé froid et humide. L'odeur si forte de la transpirations des chevaux qui étaient passé devant chez lui menant leur cabriolet vers différents lieux aux quatre coins de la ville.Le sien l'attendait à deux mètres plus loin, les deux chevaux le tirant sentait déjà fortement le poil suant de l'effort accomplit et le cuir des lanières les arnachant frottant contre leur peau. C'était une odeur forte et enivrante, qui donnait "faim" à son loup. Pour ne pas céder à cette faim le jeune Comte respira donc par la bouche, entre-ouvrant ses lèvres, cela était plus facile, mais il détestait respirer ainsi.

Arrivé à la hauteur de la voiture, le cochet vint lui ouvrir et il monta dans l'habitacle, quelques secondes après le fiacre s'ébranla et les roues sur le pavé faisait tressauter le passager. Louis était installé sur la banquette bleu sombre et regardait à travers la fenêtre, analysant comme à son éternelle habitude les passants. Mais ce qui envahissait aussi le plus son esprit était cette visite qu'il devait rendre à son notaire. Il n'en avait aucune envie, et si c'était pour prévoir un moindre testament il ne s'apprêtait absolument pas à mourrir dans l'année ni même celles qui allaient suivre. Oui, ce cher Louis avait en tout âge réel soixante-douze ans, mais était resté figé comme les statues dans le château de Versailles à l'âge de la beauté et de l'éternelle jeunesse.
Pas que le Comte pensait comme un vieillard qui refusait le changement loin de là, mais il avait mieux vécut, et avait suivit l’ascension du monde depuis soixante-douze ans en évoluant avec elle et gardant toujours cette même apparence.

Parvenu à l'autre bout de la ville lumière, Louis déscendit du fiacre et entra dans une grande bâtisse, montant les escaliers et frappant contre un lourde porte, attendant que l'on daigne venir lui ouvrir. Une fois chose faite, il salua la jeune femme et s'annonça. cette dernière vêtue d'une grande robe d'un lourd tissu de couleur bordeaux lui souria et partit dans la pièce sous-jactent celle où il était.
Faisant les cent pas et claquant ses talons sur le parquet, le lycan découvrait la pièce une nouvelle fois, le notaire avait changé de décoration. Ces murs n'étaientt plus tapissés de cet immonde tenture acajou et ces fauteuils du vert olive dépassé. Les tableaux aussi avaient changé, ce n'était plus des paysage du Sud de la France, mais cette fois-ci ceux de montagnes enneigées. les murs étaient recouvert d'un bleu pâle presque pastel fort agréable au regard et donnant un effet plus grand au hall et plus lumineux. Les fauteuils dont l'armature en bois restaient la même était cette fois-ci recouvert d'un tissu ressemblant fortement au velours mais de couleur gris pâle. La pièce respirait la fraîcheur, c'était un plus et Louis appréciait ce revirement de choix question décoration.
La porte s'ouvrit de nouveau et la même femme l'invita à rentrer, il avança passa devant elle la remerciant d'un sourire et elle referma la porte derrière lui.

Ce ne fut que trois heures plus tard qu'il ressortit de cette entrevue. Il était d'humeur massacrante, jamais quelqu'un ne lui avait autant tenu tête, et il n'aimait pas vraiment cela, surtout venant d'une personne venant d'une classe en dessous de la sienne. En sortant du bâtiment il poussa un soupire et monta das la calèche, donnant pour ordre au conducteur de l'emmener dans le centre. Il devait se détendre, le loup en lui grondait beaucoup trop, et en plus si sa partie humaine s'y mettait il y a avait danger pour autrui. Ne souhaitant pas cela, il décida; certes sur un coup de tête, de se rendre dans un salon de thé où il va habituellement lorsqu'il est en douce compagnie. Faisant pianoter impatiement ses doigts sur le rebord de la fenêtre il se remémorait l'échange quelque peu ouleux qu'il avait eu précédemment. Comment faire comprendre à un homme d'âge mûr qu'il ne souhaite pas encore rédiger de testament, surtout quand il n'y a ni femme ni progéniture ! A croire qu'il fallait qu'il confectionne dans l'immédiat un de ces bambins criard avec une demoiselle, peu importe sa caste. Louis n'en avait pas la moindre envie, d'ailleurs le loup en lui ne voulait pas de compagne. S'il en voulait une, sa vie de solitaire serait réduite à néant, il devra mener une meute, et cela n'étant absolument pas dans ses projets.

Le fiacre se stoppa et il descendit, sa mauvaise humeur toujours présente, il ne remercia même pas d'un sourire le chauffeur, juste d'un mot froid. Levant les yeux il lut l'écriteau dont le nom était joliment sculpté, il poussa la porte et un léger tintement prévint une des serveuses de son arrivée. Cette dernière le reconnaissant lui fit comme d'habitude son plus beau sourire, Louis se força à le lui rendre et demanda en voyant le nombre de gens présent dans la pièce s'il restait une table de libre dans un coin. La demoiselle hocha la tête et le mena dans un coin reculé du salon et lui présenta la petite table. Le blond la remerciant à nouveau d'un sourire forcé prit place et déposa sa canne en appui contre le pan d'un des mur. Son regard toujours aussi glacial fit le tour de la pièce. Analysant chaque individu, les déshabillant quasiment du regard.

En son fort intérieur Louis combattait avec rage le loup en colère et l'humain énervé, il ne devait céder. Si jamais cela se produisait alors il ne donnait pas cher de la vie des clients.
Tout en les regardant ses yeux bleus s'arrêtèrent sur une table presque en face de la sienne, là y était assise une jeune femme dont la chevelure pâle était assortie à sa robe fort élégante. Il la jaugea du regard un long instant, l'examinant, appréciant sa beauté diaphane. Elle ressemblait au poupée de porcelaine que les petites filles aimaient tant choyer. Cette femme était vraiment belle et intéressante, car il est fort peu recommandable de se promener seule ainsi vêtue dans les rues de Paris.
Le loup cessa son observation quand la même serveuse vint lui apporter sa commande, lui souriant toujours et le regardant avec des yeux brillant, comme si elle en était éperdument amoureuse. Ce genre de regard flattait le Comte, mais à chaque fois il la remerciait simplement d'un sourire et d'un mot, ne s'intéressant absolument pas à elle, mais il était un homme poli. Il la regarda partir et reporta son attention sur la jeune femme, divergeant par moment son regard sur les clients, l'horloge au mur, buvant à petites gorgées les aromates infusées.