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 Paris, capitale de la coquinerie . [PV L.I.A]

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MessageSujet: Paris, capitale de la coquinerie . [PV L.I.A]   Paris, capitale de la coquinerie . [PV L.I.A] EmptySam 20 Aoû - 16:05

« Et souvenez-vous ! Pas un mot à qui que ce soit. Vous êtes seul. »

Je m’inclinai légèrement à ses dernières paroles et sorti de la salle de banquet où Sa Majesté prenait un petit déjeuner tardif. Ma main vint trouver, suspendue à mon long manteau de brocard sombre, la chaîne étincelante de ma montre à gousset. Tout en descendant quelques marches, je la faisais habilement glisser entre mes doigts et ouvrai distraitement son clapet afin de questionner le Temps.


« Déjà 10 heures passées de 15 minutes… »
Je poussai un léger soupir et relevais machinalement la tête : un miroir me faisait face. Je m’en approchai d’un pas hésitant et passai mes doigts fins le long de mes joues, comme si je ne m’étais pas rasé depuis des jours. Et pour la première fois depuis des années, je fuyais du regard ce pâle personnage aux reflets fantomatiques que l’harassement et l’acharnement avaient finis par réduire en esclavage.

« Triste tableau l’ami. »
Je me détournai et me passai une main derrière la nuque, douloureuse des cahots de la veille. Ma tête était encore emplie de souvenirs, alourdie par la fatigue de l’interminable périple en calèche qui m’avait conduit, depuis la grande Cité Papale, jusqu’aux portes de Paris au petit matin. Je restai un moment là, bras ballants, essayant de rassembler et d’ordonner l’effusion de pensées qui traversait mon crâne. Je me souvenais encore des derniers conseils de mon mentor et des sarcasmes crus de mes fidèles bras d’armes. Et que dire de nos chasses nocturnes dans les venelles du Vatican sur les traces de ces buveurs de sang, quelle excitation ! Un pâle sourire tordit mes lèvres en une moue désœuvrée.

Chapeau vissé sur la tête, je prenais la direction de la consigne, d’un pas rapide, où j’allais récupérer mon bagage. Je croisai en chemin quelques délicates créatures d’Eve poudrées et parées de leurs plus beaux attraits. Celles-ci arrêtaient un court moment leur regard sur ma personne, très vite arrêtées par le parfum acre et bestial s’exhalant de mon habit de voyage. Il fallait spécifier que tant de négligences n’étaient pas dans mes habitudes. Seulement, depuis mon arrivée à Paris, je n’avais ni eu le temps de passer un vêtement propre, ni même pu satisfaire mon appétit d’ogre entre les murs crasseux d’une taverne. Je haussai les épaules et arrivai enfin à un comptoir où un gentilhomme blafard se tenait. Il était le stéréotype même du manant essayant de se faire passer pour Prince et son physique n’était que maladresses. En vérité, mère nature l’avait bien peu gâté.


« Salutations, je viens récupérer mon bagage. »
L’homme baissa le regard et feignit l’occupation. Il demanda d’un air absent

« Votre nom ? »
« De la Vallière. »
L’homme s’arrêta d’écrire et releva la tête. Sa face de rat s’illumina d’un sourire niais.

« Vous plaisantez, monsieur ? »

Je fronçai les sourcils, légèrement impatienté.

« Vous croyez que j’ai l’air de plaisanter ? Je n’ai pas de temps à perdre avec un gamin qui ne sait même pas poser une mouche sur sa face de raté. »
Le garçon de comptoir pinça ses lèvres et vira en l’espace de quelques secondes, du blanc cadavre au rose flamand.
« Voyons monsieur, je suis désolé mais, un homme s’est présenté il n’y a pas 15 minutes et a emporté… » Il vérifia son registre.
« Une malle grise d’à peine 5 kilos, je la connais merci. Donc…vous ne l’avez pas ? »
« Eh non, le malin a du partir avec, à moins qu’un de vos amis n’ait voulu vous jouer un petit tour. »
« De quoi avait-il l’air ? »
« Ah ça monsieur, je ne sais pas. D’un grand homme. Je n’ai pas relevé le nez de mon affaire. D’ailleurs, je suis un peu occupé alors si ça ne vous dérange pas de… »

Littéralement outré, je lui répliquai froidement.

« De vous laisser faire votre travail comme vous auriez du le faire. Je comprends, bon vent ! »
Il laissa échapper un raclement de gorge pour toute réponse. Je fis volte face et passai par le hall d’entrée, la démarche plus assurée et sortit à l’air pesant de cette fin d’été. Le ciel était couvert d’un lourd manteau nuageux grisonnant et aucune brise ne flattait l’air parisien. Je marchai quelques temps dans la cour pavée, réfléchissant à ce qui venait de m’arriver. J’avais passé plus d’un an dans les rues mal famées et insécurisées d’un pays étranger sans me faire dérober le moindre sou et voilà qu’à Paris, ville des Lumières et siège de l’Ordre, je me faisais dépouiller des quelques affaires qui me restaient. Dans cette malle, il y avait là l’essentiel de ma subsistance : mon uniforme de service ainsi que d’autres changes, mon nécessaire de toilette et quelques milliers de francs pour subvenir à mes petites dépenses. Ce n’était pas une grande perte, non, ce n’était pas ça qui me turlupinait l’esprit mais plutôt cette personne qui s’était introduite dans les locaux royaux en usurpant mon identité. Bien sûre, on avait eu vent de mes exploits militaires, mais le Roi était à ce jour, la seule personne me connaissant. Or donc, qui aurait pu savoir que j’étais de retour à Paris et que j’étais ce matin même en audience… ? Je trouvais cette affaire louche. Je sortis de nouveau ma montre à gousset d’un geste nerveux et presque automatique mais ne m’intéressait pas à ce qu’affichait le cadran. J’avais le regard perdu dans le vide et repensai aux mots du souverain. Peut-être s’agissait-il du suspect ? Je rayai cette idée saugrenue de la tête et tendit l’oreille à des éclats de voix qui provenaient du portail. Je remettais ma montre dans ma poche, répondais au salut d’un garde faisant sa ronde et m’approchai silencieusement de l’accrochage verbal. Il ne restait à présent plus que quelques mètres me séparant de la guérite du gardien située à l’entrée du château. 3 ou 4 gardes royaux dans leur tenue pimpante discutaient avec grand bruit, la baillonette sur l’épaule et interrogeaient le vieil homme dans son cabinet de bois.

« Avez-vous vu cette jeune femme s’introduire dans le château, avec ou sans autorisation ? »

Mon regard se glissa alors vers l’interpellée. C’était une jeune femme à l’air innocent, brune, aux yeux trop clairs. Elle avait ce quelque chose des filles italiennes volcaniques et pourtant le charme fragile d’un exotisme oriental, enfin je ne savais que trop. Féline peut-être, dommage qu’elle eut été si fine. On aurait dit que son corset allait trancher d’un coup net, sa taille de guêpe. J’arrêtai là mon inspection et écoutai d’une oreille distraite ce qui se tramait. Je sorti de mon autre poche du tabac à pipe et saluais d’une caresse mon éternelle compagne, depuis son talon jusqu’à sa lentille. Je soufflai dans le foyer de celle-ci pour y dégager les dernières impuretés et procédai au bourrage. Ayant tassé jusqu’à dose suffisante de tabac le fourneau, j’attrapai mon briquet courbe et le frottai d’un coup sec sur le talon de mes guêtres pour provoquer une étincelle. J’amenai alors distraitement la lentille à ma bouche et embrasai le tabac tassé. Je tirai enfin une longue bouffée de fumée opaque et la recrachai par les narines. Apparemment, la jeune femme avait été interpellée pour le vol d’un objet. Piqué par ma curiosité et dans l’inévitable cheminement cognitif de ma pensée, je ne pu m’empêcher de songer qu’ils tenaient là le personnage m’ayant joué ce mauvais tour, même s'il s'agissait d'une femme. Et pourtant, d’un coup d’œil, je repérais la mallette que tenait un des gardes alors qu’il intimait à cette pauvresse d’une voix forte d’expliquer ce qui s’était passé. Je m’étais adossé à un des murs d’enceinte, non loin et épiai la situation tout en continuant de savourer, l’épice à fumer, afin de savoir comment cette prétendue voleuse allait répondre de son crime.


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MessageSujet: Re: Paris, capitale de la coquinerie . [PV L.I.A]   Paris, capitale de la coquinerie . [PV L.I.A] EmptySam 20 Aoû - 23:56

" La bise du matin s'engouffre dans nos vie comme une erreur peut emporter notre visage. Ce jour là ma vile curiosité eut raison de moi, sans doute l'avais-je cherché, on ne ramasse pas ce qui ne nous appartient pas, la vie est faite ainsi, même si c'est dans de bonnes intentions, ce qui est sur le pavé reste à terre, et chacun doit continuer sa route sans même baisser le regard vers l'oublié. Je ne l'ai compris que trop tard, et aujourd'hui encore, je refuse cette voie. Je ramasserais tout ce qui tombe, pour retrouver leur propriétaire, car la rencontre que j'eus faite ce jour là, fut des plus importante dans ma vie."

La fatigue recommençait à me toucher, sans doute devrais-je dormir ce soir, si je dépassais mes limites mon sang deviendrait acide et au mauvais goût, ce n'était pas tolérable. De plus le maitre pourrait chasser cette nuit, cela lui fera sans doute du bien même si je devrais sans doute passer à la cathédrale pour y déposer une longue prière pour les victimes que cela engendrera. Ce n'est pas mauvais, c'est seulement dans l'ordre des choses, nous, humains, nous tuons des animaux pour survivre, eux tuent mon espèce. Pour ma part j'étais ravie d'avoir été épargnée, même s'il est vrai qu'au regard de certains, je suis du bétail alors qu'ils sont des gibiers, peu m'importait, j'avais la vie sauve, j'avais de quoi satisfaire ma curiosité la plus insensée, et j'avais trouvé celui à qui ma loyauté serait entièrement dévouée. Mon destin était là, chaque soir sous mes yeux, quelle douce ironie de savoir que ma vie devenait réelle aux cotés d'un défunt.
C'est ainsi que les yeux cernés mais usants habillements de subterfuges féminins de fards et de charbons, je sortis pour ma dernière journée paisible avant le retour de l’effroi des nuits endormies. Le ciel était d'un bleu immaculé, et le soleil semblait vouloir à tout prix me faire perdre la vue tant il était resplendissant. Je me demanderais toujours comment font les seigneurs de la nuit pour se passer de cet astre si glorieux. Arpentant les rues en quête d'une nouvelle tenue, aux manches plus longues et moins évasées que les précédentes afin de cacher mes diverses morsures aux poignets, je me rendis dans la rue commerçante non loin du château. Je n'étais pas une férue des bâtiments aussi luxueux, me rappelant sans arrêt les erreurs de mes ancêtres, et en toute sincérité, si je pouvais éviter de m'approcher de trop près des nobles de la cours, cela me convenait à merveille. Me rapprochant alors d'une boutique, mes yeux perles se posèrent alors sur une robe blanche, sans doute pour la nuit, vue la coupe et le textile fluide et moins richement décoré que la plupart des vêtements de ville. Elle était magnifique, ce n'était pas ce que je cherchais à l'origine, mais pour les soirées cela pouvait-être très agréable en vue des chaleurs tyranniques qui nous assiégeaient. Mais alors que je poussais la petite porte lasurée, mon épaule fut percutée par un gentilhomme, pas si gentil que ça cela dit en passant, puisqu'il poursuivit sa route au pas de course sans même m'adresser un mot ou un regard d'excuse. Non mais vraiment ! Avec de si beaux atours il aurait pu montrer un semblant d'éducation ! Époussetant le pan de ma robe qui avait gracieusement effleuré le mur, je baissai les yeux d'un air surpris vers une petite chose inattendue, une valise semblait-il, à la couleur cendrée aussi claire que mon regard pour le moins stupéfait. La ramassant, je relevais les yeux dans la direction où l'homme aux cheveux du soleil qui l'avait laissé échappée avait disparut. Bien évidement il n'y était plus, qu'est-ce qui pouvait bien tant hâter un homme pour qu'il en oublia ses frusques ? C'était un mystère, mais après tout, cela était étrange, et quelque part mon cœur se mit à s'en réjouir.

Trop tôt sans doute, j'étais tellement perdue dans mes folles pensées de découvertes pour le moins insignifiantes que je n'avais pas fait attention aux gardes royaux courants la rue, si bien que je ne les remarquais que quand ils empoignèrent mon bras et me retirèrent la mystérieuse valise des mains. Au départ, nul besoin de vous dire à quel point j'étais estomaquée, un homme osant ainsi me toucher était une hérésie que je n'avais jamais encore soupçonnée. Je parvint néanmoins à réprimer mon instinct et mes réflexes me dictant de combattre pour m'échapper. Pour une fois, je n'avais pas la moindre curiosité à leur égard d'autant plus qu'ils me livrèrent la réponse sur un plateau. Se vantant de me "tenir" il m'accusa d'un vol, moi une voleuse ?

- Pardonnez moi monsieur, mais veuillez me lâcher, je ne suis en rien coupable d'un tel acte !

Répondis-je d'un air agacé et irrité, tentant de dégager mon bras de son emprise, mais entre le fait que je ne devais à aucun prix laisser paraitre ma peau, et qu'il fallait encore moins que je ne produise quelques dégâts irréversibles, je fus contrainte de l'accompagner aux portes du palais, clamant mon innocence à voix haute. Quel déshonneur, me voir ainsi emmenée par la garde devant le peuple, je ne voulais pas cela pour l'image du maitre, et même si on reconnaissait que je n'étais pas la personne en question, les gens avaient déjà leur opinion à mesure que nous progressions vers le portail. Mais que diable ! Je n'étais pourtant pas vêtue comme une rustre ! je n'avais ni besoin de voler, ni dans les bas quartiers ni chez les hauts. Quelques gardes nous rejoignaient peu à peu, certains avaient l'air ravis de la prise de leur camarade, d'autre un peu plus sceptiques.

Me voici donc aux pieds de cette immense bâtisse reflet d'un jeu de masques sans fin, je ne m'y sentait pas particulièrement à l'aise, mais mon visage haut et fermé disait le contraire, je n'allait pas me laisser affliger par une telle histoire. Les gardes c'étaient retournés vers un vieil homme hésitant et apeuré. Il me regardait d'un œil critique alors qu'on m'accusait d'être rentrée sans autorisation dans l'enceinte du château. Non mais pourquoi aurais-je fait cela ? Pourquoi aurai-je volé une vulgaire valise si légère ? Ils voulaient des explications ? Et bien je n'allais pas laisser la réputation de monsieur être encore plus entachée par mon image que ce qu'ils avaient déjà fait.

- Comment voudriez vous que je prenne la fuite avec une telle valise ? Elle est bien trop massive pour une domestique telle que moi, vous m'auriez rattrapée sans grands efforts.

Sur le coup ça pouvait paraitre crédible, moi seule savais que j'aurais juste eut à user de stratégie et de fourberie pour passer entre les mailles du filet. Mais était-ce vraiment la question. J’époussetais à nouveau ma robe en soupirant, décidément, elle aurait souffert de la journée, avant de proclamer.

- Un grand homme blond m'a simplement bousculé devant la boutique où je comptais me rendre... Comme il avait oublié son bagage, je pensais le lui rapporter... Mais cela me semble fort peu utile à présent.

Fis-je en lançant un regard noir au vieil homme qui ne m'avait toujours pas disculpée. Qu'attendait-il ? Remarquez, il est aussi probable qu'on lui demande surtout, non pas la vérité, mais ce que les gardes voulaient entendre, c'était assez courant comme jugement, et bien que je fus outrée par ces pratiques, je ne pouvais m'empêcher de penser que mon sort serait tout autre.

- Monsieur le marquis en entendra parler croyez moi messieurs...

Grommelais-je entre mes dents. Non je n'avais pas dans l'idée de les faire dévorer, leur sang devait-être infâme et mon maitre pourrait bien en être révulsé. Mais il restait de sang noble avant tout, il pourrait peut-être avoir un impact sur eux.
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MessageSujet: Re: Paris, capitale de la coquinerie . [PV L.I.A]   Paris, capitale de la coquinerie . [PV L.I.A] EmptyVen 26 Aoû - 17:26

C’est alors que la jeune créature ouvrit la bouche pour rétorquer. Etant encore trop loin pour comprendre les détails de la conversation, je me rapprochais par de grandes enjambées du cercle de soldats tout en tirant une nouvelle bouffée de fumée. Je recrachai un nuage opaque en faisant de petits cercles avec ma bouche mais restai tout de même un peu en retrait. Quelque chose m’attirait chez cette fille. Peut-être était-ce sa fausse niaiserie ou sa dévotion à toute épreuve ? Alors que j’embrassai du regard sa tenue vestimentaire, ses paroles me firent esquisser un sourire : Il eut fallu que son maître soit bien généreux pour lui offrir pareil attirail. Sa tenue, quoique très simple était d’inspiration bourgeoise, comme on en rencontre dans toute gentilhommière dont la survivance perdure grâce aux récoltes des terres environnantes et à un petit négoce bien placé. Je relevais également, son répondant, peu commun pour une domestique. En effet dans mes souvenirs, Marie, notre gouvernante, était une femme douce, aimante mais jamais elle n’aurait osé parler à un homme de cette façon qui plus est un militaire. J’arquai un sourcil à cette réflexion, amenant pour la troisième fois la pipe à ma bouche, pour me plonger dans une ultime observation des personnes présentes : Le visage si délicat de la demoiselle s’était contracté en une moue féroce de mégère tandis que l’éclat de ses orbes cendrées , fixés sur le vieil homme, se ternissaient d’un mépris grandiloquent. Le pauvre homme quant à lui, toujours fidèle à son poste, regardait alternativement les hommes le questionnant et cette jeune femme qu’il n’avait probablement jamais vu de sa vie tout en restant silencieux.
« Mais parles donc vieil homme ! As-tu vu oui ou non cette jeune personne entrer ? Dit-elle la vérité ? »
Alors que j’allais intervenir, son regard pâle et effrayé croisa le mien et il laissa échapper en un glapissement effronté, la plus grosse bêtise que le monde n’eut jamais portée.
« C’est…c’est lui ! Je le reconnais ! C’est l’homme que vous cherchez ! »
Je n’eus pas le temps d’ouvrir la bouche pour rétorquer que déjà les gardes m’avaient empoigné et m’obligeaient à poser genoux à terre. C’est alors que mon éternelle compagne de bois heurta le pavé pour venir se loger devant les guêtres de ce qui semblait être le caporal. Celui-ci, sans cris égards, posa le pied avec sadisme sur le fourneau encore fumant de celle-ci et d’un coup sec brisa en de multiples éclats celle qui avait fait, quelques instants plus tôt, le ravissement de mon palais. C’était un comble ! Je réprimais l’envie de les mettre à pied immédiatement pour leur affront ! Pire ! Je fulminais en sachant que ces bouffons allaient combattre à mes côtés pour défendre la Couronne de France ! Mais je ne savais ce qui m’exaspérait le plus, leur incompétence inouïe ou leur cruel manque de logique.
« Ainsi nous pouvons discuter. Alors, dis-moi perfide ! Quel est ton nom et que contient ce bagage ? »
Je répondais sobrement, contenant mon indignation.
« Que voulez-vous qu’il y ait dans un sac de voyage ?
Ne joues pas au plus malin avec moi, sais-tu le châtiment que l’on réserve aux voleurs ? »
Mimant la distraction je lui rétorquai :
« Un tête à tête en votre compagnie ?
« Petit insolent ! »
De rage, le caporal jeta le bagage en ma direction qui après 2 ou trois cabrioles finit par s’ouvrir, béant, dévoilant aux yeux de tous mon uniforme pimpant d’officier. Un chuchotement de surprise anima l’assemblée, même le vieil homme écarquillait ses yeux marqué par la fatigue d’un métier frustrant.
« Comment ?! Eh bien tu ne te vantes pas de ton butin, mécréant ! Que vois-je là ? Un uniforme de la garde qui plus est celui d’un officier ? Gardes, fouillez cet homme ! Il s’agit très certainement d’un espion ! »
Des mains vinrent palper mon buste sans vergogne mais je restai immobile, attendant patiemment le dénouement de cette farce. Ils trouvèrent enfin l’objet de leur enquête : un pli soigneusement rangé dans la poche intérieure de mon manteau.
« Tenez mon caporal ! »
Je suivis la coupure des yeux, amusé par toute cette agitation superflue. La jubilation du gradé commençait à se faire attendre. Un des trois gardes impatienté lui demanda :
« Eh bien mon caporal ? Quelle est la mission de cet usurpateur ? »
L’intéressé avait soudainement blêmi et humectait nerveusement ses lèvres, la missive ouverte devant ses yeux.
« Eh bien ? »
Le caporal laissa échapper un rire jaune puis regarda furtivement chaque personne présente en laissant cependant traîner son regard sur ma personne. Pour toute réponse, je hochai discrètement de la tête, puisqu’il hésitait visiblement à poursuivre sur sa lancée. Il se racla la gorge et prit alors un ton solennel :
«Par la présente du roi M. Charles de France,
La Cour invite ce jour, le marquis Timothée de la Vallière à se rendre à une audience vers 9h30 afin de discuter des détails de son nouveau poste en temps que chef de la garde royale rapprochée. »

J’esquissai un rictus en voyant les yeux du caporal se baisser vers le sceau royal, justifiant son authenticité. Celui-ci déglutit difficilement puis après quoi laissa s’installer un silence pesant sur l’assistance qui ne fut brisé que par les gargouillements intempestifs du vieil homme toujours présent. Les quatre hommes visiblement choqués par ce qu’ils venaient d’apprendre posèrent leur regard sur lui.
« Bah quoi ? J’ai toujours faim, moi… »
Comme un brusque retour à la réalité, la situation s’accéléra alors subitement. Les deux gardes qui m’entouraient me relevèrent prestement et époussetèrent chaque centimètre carré de ma personne tandis qu’un troisième s’affairait à refermer mon bagage, couvant le vêtement des yeux comme un bien précieux. Cherchant ses mots, le caporal s’avança alors vers moi et me tendit fébrilement le pli qu’il m’avait arraché et exécuta son salut. J’avais fini par me sentir amusé de cette aventure et surtout de ce premier contact avec mes hommes. Bien sûr, ils n’étaient encore que des enfants n’ayant connu au pire qu’une détestable famine. Je leur pardonnai leurs sottises mais relevai cependant la tête d’un air grave.
« Caporal.. »

« Oui, Chef ? »
« N’oubliez –pas…Vous me devez une pipe… »
Son visage s’illumina alors d’un franc sourire.
« Tout ce que vous voudrez !
Alors, hors de ma vue vous et vos hommes ! A vos postes ! »
Tous s’exécutèrent rapidement me laissant finalement seul avec la jeune femme. Je relevai mon chapeau puis m’agenouillai vers les débris de ma pauvre victime, les triturant du bout de mes longs doigts.
« Quel gâchis. »

Puis, repérant ma malle soigneusement rangée à côté de la guérite, je la prenais d’une main et faisait mine de partir. Mais au moment de dépasser la demoiselle, je me figurais dans les méandres de mes pensées que je ne m’étais même pas excusé pour le dérangement de cette incartade. Je me tournai donc vers elle et la dévisageai une bonne fois pour toute de mes yeux azur. Je la détaillai franchement de bas en haut.
« Je tenais à m’excuser pour ce dérangement mais tout ceci n’est que le jeu infructueux du plus pur hasard. Croyez bien que si je tenais là le larron qui vous a mise dans une telle situation… »

Mais à vrai dire je coupai là ma phrase car j’aurais été plutôt conquis de rencontrer ce fameux malotru afin de le questionner sur sa réelle intention, car il m’avait semblé que rien ne manquait dans ma malle. Poliment, je finis par me découvrir la tête, révélant ma chevelure blonde, soigneusement coiffée en catogan, pour la saluer.
« Je me présente même si à présent vous ne devez plus l’ignorer. Je me nomme Timothée de la Vallière. »
Un mouvement quelque peu brusque accompagna ma présentation, je reposai mon chapeau sur mon crâne.
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