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 Entrevue Gourmande . [PV Nicole.]

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MessageSujet: Entrevue Gourmande . [PV Nicole.]   Entrevue Gourmande . [PV Nicole.] EmptyJeu 28 Avr - 19:35

Cela faisait quelques nuits que ce que l’on appelle appétence avait fait de son cerveau un serf impeccable. La retenue assidue qu’il s’infligeait consumait peu à peu sa prudence, et, petit à petit, cet encéphale en mal de satisfaction projetait en lui diverses phantasmes plus burlesques les uns que les autres… Cela commença en premier lieu, avec une couleur, le rouge, toute malheureuse matière vermeille était devenue source d’appétence …Appétence…Encore elle… Puis, en second lieu, ce fut ce bruit de liquide dégoulinant – comme lorsqu’on lui servait de l’eau – il y avait en cela une certaine sensualité. S’il fallait trouver à cela une explication rationnelle alors même les plus érudits y laisseraient leurs plumes. Mais, ne pensez pas que sa digression s’arrêtait là, après le rouge et quelques bruits évocateurs, il y eut Anne. Anne, c’était sa domestique. La pauvre malheureuse, déclenchait à chacune de ses excursions un torrent de pensées faméliques. Combien de fois se retint-il de se saisir de la demoiselle et de la désemplir sauvagement de ce nectar qu’elle contenait ? Il ne les comptait plus…Il semblait vraisemblablement, que ce rôle d’homme noble – ou Duc – qu’il devait endosser perpétuellement, contribuait grandement à cet état miséricordieux dans lequel il se trouvait .

Nul doute à présent, l’heure de la délectation devait sonner, enfin l’ichor, dont il rêvassait inlassablement, se répandrait en son organisme et le libérerait de cette éternelle restriction . A présent, la seule disgrâce qu’il fallait affronter serait celle de convaincre les gardiens des portes de l’édifice royal de le laisser errer une nuit pour qu’il assouvisse sa fringale. Il ne pouvait de lui-même se hisser au dessus de remparts – non pas que ses capacités physiques l’en empêchait, bien au contraire – mais une certaine heure fatidique avait était instaurée ; au coucher du soleil, ces mécréants de gardes vérifiaient chaque appartement et s’assuraient que le noble y habitant s’y trouvait. Que voulait vous ? Depuis que des corps aux morsures et blessures énigmatiques avaient été retrouvés non loin du château, les rumeurs couraient qu’un assassin, ou psychopathe, pour les intimes, rôdait … Ah ! Ce qu’il était amusant de voir comme le peuple s’accommodait d’interprétations piteuses pour ne pas sombrer dans le mythe… Il ne faisait nul doute que quelques uns de ses corps avaient autrefois rencontré quelque chose de bien pire qu’un assassin, et lorsque l’on savait ce qu’il s’apprêtait à faire en sortant cette nuit là, il ne serait pas étonnant de retrouver un corps de plus aux alentours du château. Alors, usant de son statut social sans faillir il ordonna aux gardiens de lui ouvrir les portes.

« Je suis navré mon Duc, mais sa majesté à formellement interdit aux habitants du château de s’aventurer en ville après la ronde du soir. » Lui répondit un des gardes.

Le toisant de son regard pourpre, William laissa échapper un léger souffle amusé.

« Voyons mon brave, vous n’imaginez tout de même pas qu’un manant puisse ne serait-ce qu’imaginer lever la main sur ma personne ? Mon élagage laisse t-il le choix ? Oseriez-vous prétendre le contraire ? »

Légèrement embarrassé, et de plus en complaisant face aux prunelles irrésistibles du Sang Pur, le garde bafouilla quelques mots .

« Mon Duc …je …Non, je n’ose point…Oh… ! Sa majesté sera furieuse ! Mais… » Il se saisit de son trousseau de clefs malgré lui. Confus. « Je ne comprends pas je ne veux pas mais…Bien…Je vous ouvre immédiatement. »

Le faible esprit du pauvre homme n’eut point le choix face à l’emprise qu’il exerça sur lui. Ravi que son habilité à manier les esprits faibles fonctionne aussi bien qu’il y a quelques siècles, le vampire passa le portail d’un air victorieux. Laissant deux pièces d’or au malheureux, au moins l’argent le corromprait assez de temps pour qu’il reste éveillé jusqu’à son retour. «Bien aisé », pensa William, satisfait de lui-même, puis il s’enfonça dans l’obscurité de la nuit, laissant sa fiévreuse nature le guider vers son festin.

La duperie ne posa aucun désagrément. Au petit matin, le Duc avait regagné sa chambre, et personne ne devina un seul instant que la nuit qu’il venait de passer avait causer la mort de deux innocents sans-abris. Pleinement rassasié, les hallucinations dont-il était victime la veille s’étaient dissipées, lorsqu’Anne entra lui déposer ses habits soigneusement lavés et pliés, la fameuse « appétence » n’eut pas lieu. Il pu voir la jeune femme autrement que comme une friandise des plus délectables. Se rehaussant, il se dirigea vers le petit tas de linge, toujours agréablement surpris de voir que sa domestique avait pris le soin de les parfumer à la lavande, cette odeur qui plaisait tant à William..évoquant de suaves réminiscences. Il enfila sa tenue, une tenue que l’on portait souvent chez les hauts nobles du château. Un ensemble réunissant un ample caban aux parures fines et précises assorties à celles de son bas, puis une chemise enfilée et dissimulée en dessous du tout pour qu’il n’attrape pas froid. L’avantage lorsque l’on est enfant de la nuit, c’est que même en passant une nuit agitée, la journée, ce n’est pas l’énergie qui manque. Le Duc quitta ses quartiers avec empressement pour sortir à nouveau du Château. Au passage il croisa quelques personnes de la cour, qui erraient dans les couloirs ou s’adonnaient aux activités les plus banales de l’aristocratie ; jeux de cartes, tasses de thé, séances d’esthétiques, ou encore flânerie amoureuse dans un coin reculé des jardins royaux…toutes ces passions et voluptés que l’on pouvait trouver chez les nobles…Quelle langueur… Dire que lui-même devait jouer cette risible mascarade pour ne pas que son masque d’incube ne soit décelé.

Enfin, peut-être qu’en ville, il trouverait moins de conformisme. Une calèche l’emmena sur la plus belle avenue que l’on puisse trouver, l’avenue des Champs Élysée. Habituellement, il se contentait d’une balade dans le véhicule et ne descendait pas, regardant défiler les boutiques ou observant d’un regard inquisiteur les citoyens et bourgeois affairés. Mais cette fois-ci, son regard fut attiré par une nouvelle succursale, un endroit nouveau qui déclencha en lui, une évidente curiosité. Si bien qu’il intima l’ordre au chauffeur de stopper la calèche. Après être descendu, il dû affronter les regards admiratifs des citoyens, il n’était pas coutume de voir un Duc se rendre en ville et se montrer ainsi. Ignorant toutes ces louanges, il entra dans la boutique, dont le nom lui plut à sa première lecture : « A mon seul plaisir ». Esclave depuis tout jeune aux tentations diverses et variés, William ne put s’empêcher de franchir le seuil de la porte d’un pas empressé et fureteur. En entrant, il s’aperçut que l’endroit accueillait de nombreuses personnes – venues éventuellement se régaler des délices proposés. Mais une chose ne trompait pas, une odeur de chocolat régnait en maître dans la salle. Ce qui n’eut d’autre effet que de l’incommoder, lui que les sucreries répugnaient. Cependant sa curiosité l’empêcha de s’en aller, il décida de contempler le lieu avec étonnement parfois, il fallait avouer que la décoration était délicate et sophistiquée , le ou la propriétaire avait un goût irréprochable. Plongé dans son exploration il ne vit pas que quelqu’un se dirigeait vers lui…
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MessageSujet: Re: Entrevue Gourmande . [PV Nicole.]   Entrevue Gourmande . [PV Nicole.] EmptyDim 1 Mai - 17:35

L’aube pointait dans la capitale française, nimbant son avenue la plus connue d’une douce et pâle lumière qui se mêlait aux brumes et brouillards de la nuit. L’aube était un instant magique, l’alliance entre le jour et la nuit, entre la lumière et l’obscurité. Un moment qu’on sait exister mais dont-on est incapable de donner les limites. Quand la nuit finit-elle ? Quand le jour commence-t-il ? Les deux voient leurs eaux naître et disparaître dans l’aube ou dans son frère, le crépuscule.

Bien qu’il fut tôt, Nicole était debout depuis plus de deux heures et n’avait dormit que trois ou quatre heures. Quand on était dans les affaires et qu’on voulait réussir, le repos et les grasses matinées n’étaient pas de mises. La jeune femme ne s’autorisait pas la moindre faiblesse ou la moindre lassitude. Elle devait avancer et atteindre son but, la noblesse.

Le repos lui était d’autant moins permis qu’elle venait d’ouvrir sa quatrième chocolaterie depuis peu. Celle-ci lui avait coûté une fortune sans compter ce qu’elle devait reverser chaque mois à la corporation qui gérait l’avenue. Mais, comme toujours, c’était un investissement choisit et murement réfléchi. Posséder un salon sur la plus grande avenue de la capitale, connue du monde entier, c’était la fortune assurée. Son commerce allait acquérir une renommée encore jamais atteinte et elle aussi. Bientôt, elle pourrait demander à être reçue à la cour. Mais jusque là, un travail considérable l’attendait encore.

Réglée comme une horloge, Nicole se levait sans avoir besoin d’être réveillée par sa domestique Blanche. Celle-ci avait d’ailleurs, paradoxalement à sa maîtresse, un peu de mal à s’extraire de son lit. La demoiselle attendait donc toujours à ce que ses affaires soient prêtes la veille au soir. Ainsi, elle ne perdait pas de temps le matin et s’habillait jusqu’à ce que sa domestique veuille la rejoindre. Hormis ce désagréable retard matinal, Blanche était de toute confiance et rendait d’innombrables services à celle qui la payait. Une aide si appréciable que Nicole ne la réprimandait pas pour ses retards qui se limitait à une vingtaine de minutes en général.

Les pieds au sol, la jeune femme s’empressa d’ôter sa tenue de nuit, une simple chemise longue en coton blanc, pour commencer à se vêtir. La mode féminine de l’époque était un véritable diktat pour toutes les dames qui se devaient de la suivre un minimum. Une chemisette de soie blanche venait couvrir la peau pâle du buste de mademoiselle Moulin alors qu’une culotte pleine de froufrous venait habiller le bas de son corps. Les bas de soies blanches et les jarretières prenaient ensuite possession de ses fines et longues jambes. Une première sous jupe en coton vint balayer ses chevilles, avant qu’une seconde en coton fin de couleur émeraude vienne s’y superposer, pour terminer par une troisième en soie verte foncée et qui, elle, balayait le sol. Tout cela fut mis en place avant que le corset, objet de torture par excellence, ne vienne souligner sa taille. Celle-ci, d’une grande finesse, n’en avait nul besoin mais la mode exigeait le port d’un tel quolifichet alors la belle s’y soumettait docilement. L’objet placé et attaché grâce aux nombreux crochets, l’habillage était terminé pour moitié. Il ne restait plus que les finitions.

Mais avant, le maquillage et le coiffage était de rigueur et c’était toujours à ce moment que Blanche finissait par apparaitre. Deux coups discrets retentirent à la porte de la chambre de Nicole.


« Entre Blanche ! »

Une petite blonde rondouillette entra dans la pièce. Sa tenue était de couleur vert céladon et un tablier d’un blanc immaculé, tout comme le bonnet qui couvrait en partie ses cheveux, recouvrait l’ensemble. Elle fit une légère génuflexion près de la dame assise devant sa coiffeuse.

« Bonjour ma dame. »

Aucune question supplémentaire ne vint ponctuer le salue journalier. Blanche savait que sa maîtresse n’aimait pas les discussions pour ne rien dire sauf si cela était une nécessité comme avec certaines grandes dames de la noblesse. Sans attendre, elle s’attaqua aux cheveux rebelles de Nicole qui étaient un vrai défi pour tout coiffeur. Mais à force de brossage, d’huile, d’onguent et de lissage, la servante parvint à discipliner l’ensemble et à en faire une coiffure parfaite. Les cheveux étaient remontés en chignon sur la tête et plusieurs anglaises en tombaient en cascade. Quelques perles noires vinrent achever la coiffure. Durant ce laps de temps, Nicole n’était pas restée inactive et s’était maquillée de manière légère et avec goût. La poudre de riz avait unifié et un peu plus blanchi son teint, ses yeux s’ombrèrent d’un fard vert foncé et d’un trait de crayon noir, ses lèvres se teintèrent de rouge carmin.

La dernière phase de ce rituel matinal allait débuter. Nicole se leva pour se mettre au milieu de la pièce, là où elle aurait le plus de place. Aidée de Blanche, elle enfila un chemisier de soie et de dentelle qui vint recouvrir le corset et la sous-chemise avant que la dernière jupe en velours vert sombre vint prendre place sur le corps sculptural de la demoiselle. L’arrière était largement froncé sur son fessier et la jupe s’évasait en une légère traîne d’une cinquantaine de centimètres. Un bustier à larges bretelles, richement brodé de fils d’or et de même nature que la jupe fut enfilé sur le chemisier et boutonné. La tenue était d’une grande simplicité mais d’une élégance extrême. Un collier de dentelle orné d’un camé vient habiller son cou. Une paire de chaussures à talons haut carrés de couleur noir compléta la tenue.

Nicole était couverte de la tête aux pieds sauf au niveau de son décolleté qui était des plus plongeants. Ses seins généreux n’étaient que d’avantage mis en avant par le corset. Néanmoins, par rapport à d’autres dames, sa poitrine était « peu » découverte. Pour arriver à un tel résultat, une bonne heure et demi était nécessaire. Temps que l’on pouvait passer à deux voir trois heures suivant la complexité de la tenue et l’occasion pour laquelle elle était portée. Ainsi vêtue, Nicole était fin prête pur affronter sa journée qui devrait faire dans les dix-huit heures. Laissant sa servante s’occuper de ranger et nettoyer la chambre, la jeune femme quitta le lieu, traversa son petit salon privé et rejoignit son bureau. Elle sourit en y entrant. Blanche avait allumé toutes les appliques et les bougies pour permettre à sa maîtresse de travailler. C’était pour ce genre d’attention que Nicole appréciait sa jeune domestique. La chocolatière alla prendre place dans son grand fauteuil posé devant son bureau en acajou où de nombreux documents dossiers et papiers s’étalaient. Une tasse de chocolat fumant ainsi que quelques sandwichs avaient été disposés sur un coin laissé vide. Une autre attention de Blanche. Nicole s’empara d’un portefeuille en cuir rouge qui contenait une partie de sa comptabilité et se mit à étudier.

La jeune femme travaillait absolument sur tous les domaines, la comptabilité, le commercial, la création, la recherche et la composition de nouvelles recettes… Tout était passé au crible. Rien ne lui échappait. Elle n’avait pas le droit à l’erreur ou tout ce qu’elle avait créé depuis six ans se casserait la figure et il en était hors de question.

Après trois heures de travail, il était temps d’aller faire un petit tour dans le salon, juste en dessous. La jeune femme avait pris la décision de s’installer directement au-dessus de sa chocolaterie principale. Au moins, ne serait-elle pas obligée de faire des dizaines d’allées et venues entre son domicile et son travail. Il était certain qu’elle devrait acquérir un petit manoir ou un hôtel particulier dans les prochaines semaines même si elle n’y résiderait pas ou peu. Un noble se devait d’avoir plusieurs propriétés et surtout une maison à proprement parlé. Nicole mettrait l’un de ses « amis » sur le coup d’ici une semaine ou deux. Mais le plus important était la gestion de ce quatrième salon qui débutait et qui battait déjà des records d’affluences. Beaucoup de hauts bourgeois et de nobles y avaient pris leurs quartiers. Cela devait continuer et aucun faux pas n’était possible.

La jolie rousse se leva pour rejoindre la salle principale et voir si toutes les décorations de la vitrine avaient été refaites. Elle jetterait un coup d’œil dans tous les coins, verraient qui était présent et qui faisait quoi. Ensuite, elle se rendrait dans ses trois autres chocolateries pour faire de même. Sa journée débutait à peine. Dans un bruit de froissement de tissu, Nicole passa la porte et se mit à descendre les escaliers menant au rez-de-chaussée, elle passa par les cuisines où de nombreuses petites mains s’affairaient déjà : cuisiniers, pâtissiers, serveurs. Elle fut saluer de multiples « Bonjour ma dame ! » auxquels elle répondit par un « bonjour », un sourire et un simple hochement de tête qui suffisait à dire que tout était bien. Nicole passa dans le petit couloir avant d’émerger dans le grand salon. Malgré ce début de matinée, beaucoup de gens se pressaient déjà en ce lieu. De son regard acéré, Nicole notait chaque détail et chaque visage, affichant un sourire poli et aimable. Tout était bien en place. Ses gens avaient très bien fait leur travail et avait suivi ses indications à la lettre. Ils mériteraient leur prime à la fin du mois s’ils continuaient ainsi. Bien que la jeune femme apprécie moyennement les bains de foule c’était une nécessité. Nicole devait voir et être vue. Elle évoluait alors avec la grâce d’un papillon entre les tables, les gens et les petites allées.


« Bonjour Madame Choiseul. Comment vous portez-vous Madame de Rigord ? Monsieur de Rochebrune c’est une joie de vous revoir ici… »

Elle y allait de son petit salut et compliment à chacun, n’oubliant ni un nom, ni un visage. Chaque interpellé lui répondit de même, la saluant et la félicitant pour son établissement. C’est alors qu’elle aperçût une silhouette masculine qui ne lui disait rien, piquant sa curiosité et éveillant son intérêt. Elle s’approcha du nouveau venu qui était un noble à n’en pas douter. Son attitude, ses vêtements, sa posture, tout en lui transpirait la noblesse. Une haute noblesse même, Nicole en était certaine. Elle le ressentait au fond d’elle. Sans attendre, elle alla se mettre sur son côté.

« Monseigneur ! – Nicole fit une profonde révérence – Soyez le bienvenue en ce lieu. Je me nomme Nicole Moulin et je suis la maîtresse de séant. Puis-je vous aider ? »

La jeune femme prit grand soin de ne pas plonger directement son regard dans celui du noble, cela aurait été un grand manque de savoir-vivre. Elle conserva la tête légèrement inclinée, elle ne la relèverait que si l’homme lui adressait la parole. Elle avait opté pour la grande révérence ne se doutant que de loin qu’il s’agissait d’un membre de la haute aristocratie. Au mieux, elle avait vu juste et elle n’aurait pas fait d’impair, au pire, le noble de basse ou moyenne extraction le prendrait pour une flatterie. Toujours péché par excès quand on se retrouve plongé dans le doute !
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MessageSujet: Re: Entrevue Gourmande . [PV Nicole.]   Entrevue Gourmande . [PV Nicole.] EmptyJeu 5 Mai - 20:45

La gourmandise, sans doute le travers le plus courant de l’homme. A choisir entre restriction et assouvissement , ce dernier préférera l’euphorie qu’apporte – ne serait-ce que l’espace d’un instant – la friandise la plus affriolante, et ce, quelque soit sa nature…Il est encore plus amusant de constater à quel point ce vice augmente avec le prestige, plus on se croît éminent et plus l’objet de convoitise se trouve être titanesque. Il y a comme une sorte de chasse interminable qui s’opère entre les individus…Une traque des plaisirs, des sensations, des jouissances, et même des peines, des tristesses et des déboires..Le soucis constant de se sentir exister et reconnu par les autres…Pour certains, ce besoin est si puissant qu’ils jugent utopique qu’un malheureux n’ose s’opposer à eux ou refuser de se prosterner…Tous ces êtres que l’on nomme « Seigneuries » sont autant animés par leurs pulsions, et penchants que considérés par le peuple…c’est pourquoi, William ne parvint jamais à comprendre les raisons de cette déchéance. Lui, qui depuis la naissance, n’avait cessé de vivre dans la soif et la fièvre inlassable de sang, lui ne se nourrissant que de cette substance vermeil –si indispensable à la vie – et pourtant si délectable …Lui qui a toujours vécu dans l’ombre de sa véritable nature…Ne pu jamais concevoir que l’on puisse ressentir un quelconque attrait envers cette subsistance commune et banale qu’ingèrent les humains ou se damner pour obtenir de quelconques acclamations…Lorsqu’il s’agissait de cuisine, il se retrouvait une fois de plus dans l’embarras…Combien de plats tous plus risibles les uns que les autres avait-il absorbé sans ressentir le moindre plaisir alors que toute l’assistance qui l’entourait s’extasiait sur le goût fascinant de ce que l’on servait ? Tant de fois … Il lui semblait que ses papilles n’avaient d’yeux que pour ce liquide exquis qui le rendait si déférent et luciférien.

C’est pourquoi, le fait d’observer les innombrables félicités et régals que proposait la succursale dans laquelle il venait d’entrer – ne déclenchait en lui que simple circonspection se rapprochant plus de la lassitude que de la curiosité. En réalité, s’il observait avec attention les provendes, c’était sans nul doute parce que ses yeux pourpres et abyssaux s’étaient épris de la finesse avec laquelle chaque pièce était réalisée. En plus de cela, il régnait en ce lieu une atmosphère chaleureuse, contraire à l’antagonisme perpétuel qui régissait la vie de noble. « Être populaire », « Être exemplaire », « Respecter Dieu (et ses principes grotesques) », « Être à l’image de la noblesse – soit disant pure et raisonnable »…Toutes ces choses que l’on ne finirait pas d’énumérer l’entouraient, le cernaient, chaque jour, chaque heure et chaque minute. Son âme s’était recouverte de givre – épuisée par cette comédie hilarante que jouaient les gens qu’il connaissait….Nonobstant cela, en entrant dans cette chocolaterie, son essence s’était apaisée, il se sentait comme un être vivant véridique et anodin qui découvre une nouvelle source de distraction – il en oublia cette nuit agitée qu’il venait de passer ..Elle n’était à présent, plus qu’un éphémère souvenir.

A un aucun moment il ne s’imagina que le lieu dissimulait d’autres merveilles. Son adjonction avait tant capturé son esprit qu’il n’entendit pas les bruits de pas réguliers qui se dirigeaient vers lui. C’est lorsque un phonème cristallin prononça le titre que l’on attribuait aux châtelains qu’il réalisa qu’une présence s’intéressait à lui. Entendre « Monseigneur » sonna comme un rappel à l’ordre dans sa tête – finie l’évasion qu’il s’était permise…Alors ses yeux encore charmés par la beauté du lieu se posèrent sur la créature qui possédait cette voix si plaisante. Il ne s’attendait pas à une telle prestance, et encore moins à ce qu’une si belle femme l’honore ainsi d’une révérence plus qu’admirable. La délicieuse demoiselle ne lui offrit pas immédiatement le privilège de découvrir ses yeux et se présenta respectueusement, attendant sans l’ombre d’un doute qu’il réponde pour se rehausser.

Habituellement, ce genre de situations le laissaient dans l’indifférence la plus extrême – se contentant de répondre avec dextérité d’un hochement de tête à son interlocuteur, il achevait ensuite la rencontre en pivotant et s’éloignant promptement, évitant ainsi d’éventuelles tergiversations dont-il n’était pas caudataire. Mais cette fois-ci, il ne put s’empêcher d’examiner la demoiselle qui lui faisait face avant de lui répondre. Une silhouette avantageuse offrait aux regards des plus curieux de splendides formes et une tenue gracieuse, tout ceci admirablement emmailloté dans des vêtements en vogue – mais qui, ici, retrouvaient toute leur splendeur et leur unicité. Mais ce ne fut pas seulement la vénusté des courbures de cette courtoise dame qui l’attira, ce fut principalement la couleur – plus qu’insolite – de la cascade de cheveux ondulés qui se déversait du chignon impeccablement réalisé. Une chevelure rousse et lumineuse s’alliant magnifiquement avec la peau lactescente que l’on pouvait apercevoir à l’échancrure alléchante qu’offrait son décolleté. Le tout que formait ce complexe de beauté laissa l’incube pantois l’espace d’un instant, puis il se ressaisit, et esquissa un sourire rassasié avant de se remémorer les paroles de la jeune femme – qu’il faillit oublier dans la foulée.

Elle s’appelait Nicole, Nicole Moulin et c’était à elle qu' appartenait cet endroit qu’il commençait étrangement à apprécier . Apprendre cela ne fit que le ravir d’avantage, en effet, en plus de posséder une voix et une silhouette des plus alléchantes, elle avait un goût agréable et raffiné. Alors, ne laissant pas plus longtemps la naïade dans l’attente, il pris l’initiative de lui répondre. Mais il ne se contenta pas d’un simple hochement de tête, bien au contraire – avide de découvrir dans son entièreté le visage de la sylphide, il délogea sa main de son caban et leva son bras jusqu’au menton de Nicole. Du bout des doigts, il rehaussa la tête respectueusement inclinée qu’elle lui présentait et observa les deux prunelles qui le fixèrent avec stupéfaction – sans doute le témoignage de la surprise qu’avait pu engendrer l’inconvenance dont-il faisait preuve. Mais cela ne l’empêcha pas de plonger son regard dans celui de la demoiselle tant ce dernier lui plaisait. Elle avait les yeux vairons, une étonnante alliance entre l’émeraude et le bois, des yeux uniques dans lesquelles on pouvait voir scintiller l’étincelle de la clairvoyance. Il était de plus en rare de trouver ce type de regard, depuis que le conformisme et ses usages plus accablants les uns que les autres régnaient en maître dans le cœur des gens…il était évidemment inaccoutumé de croiser un regard dans lequel ou pouvait lire du discernement et du tempérament. Cette femme possédait, sans l’ombre d’un doute une personnalité, une nature, forte et assumée.

Alors, arborant un sourire galant, il répondit ces mots :

« Je vous en prie, redressez-vous, ma dame. Je ne mérite pas une telle distinction de votre part. »

Il se saisit de sa main droite et l’amena à sa bouche pour l’effleurer des lèvres subtilement. Et profita de cet instant pour aider la jeune femme à se redresser. Droite, elle était encore plus affable et charmante, ce qui ne fut pas pour déplaire à l’incube. Pour lui, les révérences et autres marques de courtoisie étaient de vraies supplices - obliger une personne à s’abaisser ainsi devant une autre lui paraissait indubitablement futile…Cela faisait tout de même un long moment qu’il ne répondait pas à la belle demoiselle, à vrai dire, il aimait se faire désirer, observer les autres dans l’attente d’une réponse…Mais il daigna enfin se présenter comme la bienséance l’exigeait, révélant enfin son identité.

« Je suis le Duc Vanderkan, William Vanderkan, si vous préférez. Heureux que nos routes s’entremêlent. Et vous arrivez à la bonne heure en effet, j’étais justement entrain de me questionner sur l’éventuel possesseur de ce lieu. Je ne m’attendais point à une dame telle que vous. »

Ce ne fut qu’après avoir terminé son laïus qu’il lâcha la main de Nicole, main qui ne tarda pas à retrouver sa place promptement, peut-être de peur que l’envie reprenne au Duc de s’en approprier . Mais William n’y prêta pas réellement attention, bien trop captivé par la beauté de la demoiselle. Il n’était pas dans ses habitudes de montrer son attrait – si attrait il y avait – mais il ne pouvait s’empêcher de laisser courir ses yeux sur l’anatomie et le visage de son interlocutrice. Étrangement, il ressentit pour la première fois quelque chose qui s’approchait de la « gourmandise », cette notion qui lui paraissait si lointaine jusqu’à présent lui devint tout à coup très familière. Se laissant donc guider par son instinct, William s’approcha un peu plus de la jeune femme et attrapa une mèche de sa chevelure impeccablement coiffée. Il fit glisser la mèche entre ses doigts, suivant les boucles qui se désenrouaient puis se reformaient au passage, tout en savourant la douceur de leur matière. Cette couleur s’approchait tant de celle de son narcotique préféré, et la fragrance que dégageait Nicole était si délicieuse que cela réveilla en lui cette soif qu’il pensait pourtant avoir rassasiée la nuit passée. Il ressentit brutalement l’envie de s’abreuver à la nuque si délicate de la jeune femme … ses yeux empruntèrent la voix de l’aliénation et s’amourachèrent des mouvements galvanisants que produisaient les infimes pulsations sanguines de Nicole…La pauvre ne se doutait pas que chaque partie de son corps était à présent épiée par le plus brillant des observateurs.

Quelque peu gêné que son ancienneté, sa vraie nature de sang pur intervienne subitement en lui, il lâcha la mèche de cheveux avec empressement et positionna à nouveau sa main pécheresse dans la poche de son large caban – dans l’espoir de contenir le démon qui sommeillait en lui. Contraint de ne pas montrer sa gène, il se contenta de froncer les sourcils un long moment, et ce, jusqu’à ce que les flammes qui se déchainaient en lui soit attisées. Jamais encore sa nature vampirique ne s’était moquée de lui ainsi. Il était en effet plus qu’habitué à se retenir et à dissimuler son penchant pour le sang depuis des siècles. Ses yeux étant – à la limite – les seuls traitres à sa restriction, d’un rouge pourpre plus qu’étonnant. Alors pourquoi fallait-il que ce genre de chose lui arrive à un moment pareil ? Cela l’agaça énormément . Son visage refléta malgré lui son mécontentement, puis il se rendit compte que son comportement pouvait porter à confusion, et afin de ne pas mettre mal à l’aise la jeune femme, il s’obligea à sourire légèrement et tenta de distraire l’esprit de la jeune femme en changeant de sujet.

« Pardonnez moi mais, je me demandais si vous m’autoriseriez à goûter votre chocolat ? » Il montra du doigt la porte des cuisines, d’où sortait une agréable odeur de confiseries mais surtout de chocolat travaillé. « Je dois vous avouer que je suis assez difficile en matière de cuisine »

Il arbora un sourire narquois en prononçant ces mots. « Difficile » était un bien léger mot pour qualifier le dégoût qu’il avait envers la nourriture des humains. Mais il avait envie de goûter le chocolat que proposait Miss Moulin, d’autant plus que le chocolat était devenu l’un des mets les plus appréciés au château. Bien évidemment, son soudain intérêt envers cette nourriture n’avait d’autre but que celui de passer encore un peu de temps avec la jeune femme sans qu’elle ne devine son manège.
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MessageSujet: Re: Entrevue Gourmande . [PV Nicole.]   Entrevue Gourmande . [PV Nicole.] EmptyJeu 12 Mai - 10:03

Patiente et déférente, Mademoiselle chocolat, comme beaucoup la surnommait, attendait le bon vouloir du nouveau venu. Mademoiselle chocolat ! En voilà un surnom ! Et qui pourtant était de circonstance. Un nom que les gens avaient commencé à lui donner lorsqu’elle avait ouvert sa première échoppe. Ce que peu savait, c’était que ce surnom était péjoratif au départ. Les personnes mal attentionnées à son encontre, l’avaient ainsi appelée pour se moquer de cette petite jeune fille qui ne connaissait rien au monde et qui comptait faire fortune avec des « fruits » étranges venus du nouveau continent. Des fèves qui donnaient un mélange marron au goût amer. Quelque chose qui ne marcherait jamais. Pourtant, Nicole donna tort à tous ces médisants en faisant fortune grâce à ce mélange particulier dont la reine raffolait. Le surnom perdura et, de symbole de mépris, il devint un surnom d’une des plus grandes réussites qui soit.

Curieusement, les gens ne l’appelaient jamais comme ça devant elle. C’était un surnom qui c’était répandu dans la ville pour la désigner. La demoiselle avait d’ailleurs appris ce surnom par hasard. Elle n’avait pas cherché à le combattre, cela aurait été peine perdue. Elle le tolérait et quelque part cela l’amusait aussi.

Nicole attendait toujours. Visiblement le seigneur ne semblait pas bien pressé de la saluer. C’était son droit. Il pouvait totalement l’ignorer, c’était là le privilège des nobles, considérer les inférieurs pour ce qu’ils étaient, des moins que rien, des gens qui n’étaient ni de leur milieu, ni de leur niveau. Néanmoins, la jeune femme avait un petit espoir de voir l’homme la saluer vu qu’il n’était pas encore parti et qu’il s’était tourné vers elle. Il devait prendre son temps et l’observer, voir si elle était digne d’être saluée. Elle ne bougeait pas d’un pouce, le laissant faire à sa convenance.

Si la propriétaire d’ « A mon seul plaisir » s’attendait à un mot, à un geste de la main ou même à voir son interlocuteur s’en aller, elle ne s’attendait pas vraiment à ce qu’une main aux doigts longs et fins vienne chercher son menton et relever ainsi son visage. Cela ne faisait pas vraiment parti des convenances. Elle en était surprise. Les nobles mettaient toujours un point d’honneur à respecter une norme. Enfin, en général, l’excentricité était aussi leur apanage.

Ainsi fut-elle confrontée au visage du noble. Un visage qui l’interpella grandement. L’homme possédait des traits fins, aristocratiques. Il était beau, c’est ce que Nicole pensa en premier. Une bien étrange pensée pour quelqu’un qui se targuait de ne point juger les gens d’après leur apparence. D’ailleurs, elle ne s’était jamais fait cette réflexion pour la gent masculine. Une gent dont elle se préoccupait assez peu hormis pour des relations commerciales ou de rang. L’aspect physique ou l’intérêt humain que pouvait éprouver une femme pour un homme ne lui était encore jamais venu à l’esprit.

Le regard rouge sang l’interpella plus que tout autre chose. Deux prunelles qui la fixaient intensément, une intensité presque palpable. Il la regardait d’une manière particulière qu’elle n’aurait su qualifier. Quelque chose de spécial se dégageait de son regard mais une chose impossible à nommer. Se rendant compte de son impolitesse, elle essaya de se reprendre. Cet homme devait avoir le même souci qu’elle pour ses yeux. Tout le monde devait le dévisager et, d’expérience, il n’y avait rien de pire et de plus horripilant. La jeune femme cligna des yeux et essaya de faire comme si ce regard était celui de n’importe qui. Ce n’était certes pas évident mais Nicole ne s’en sortit pas trop mal, du moins à son sens.


« Je vous en prie, redressez-vous, ma dame. Je ne mérite pas une telle distinction de votre part. »

La voix s’alliait parfaitement au personnage, douce et masculine à la fois. Quelque chose d’assez envoutant. C’était bien la première fois de sa vie que miss Moulin était impressionnée et troublée par quelqu’un. L’homme transpirait de charisme. D’un geste, il s’empara de sa main et la porta à ses lèvres. Nicole se redressa alors s’en même s’appuyée sur la main de l’homme. Ces jambes et genoux étaient rompus à ce genre d’exercice. Elle savait parfaitement s’agenouiller et se redresser sans aucune difficulté et toujours avec grâce. Une nouvelle fois un silence s’installa. De nouveau, l’inconnu l’observait. Nicole attendait. Un sourire s’affichait sur ses lèvres vermeilles. Une sourire de politesse et de courtoisie mais qui paraissait d’un grand naturel.

« Je suis le Duc Vanderkan, William Vanderkan, si vous préférez. Heureux que nos routes s’entremêlent. Et vous arrivez à la bonne heure en effet, j’étais justement entrain de me questionner sur l’éventuel possesseur de ce lieu. Je ne m’attendais point à une dame telle que vous. »

Enfin quelques paroles et non des moindres. L’homme s’était présenté et Nicole ne s’était pas trompée. Il s’agissait d’un noble et même un noble de haute lignée vu son titre de duc. C’était la première fois qu’une personne aussi importante franchissait le pas de sa chocolaterie. La propriétaire en était ravie.

« Je suis ravie également de croiser votre chemin seigneur duc. Vous me flattez monseigneur car je ne suis qu’une modeste commerçante. »

Elle fit de nouveau une légère génuflexion. Quelque chose de rapide, qui pouvait presque passer inaperçue si on ne se concentrait pas sur la jeune femme. Une nouvelle marque de politesse et de déférence envers le noble qui lui faisait l’honneur de sa présence. C’est ce moment que choisit la main de William, sous l’impulsion de son propriétaire, pour venir s’approprier une des mèches de cheveux de la dame. Une mèche obéissante qui s’enroula autour des doigts comme un serpent. La jeune femme apprécia moyennement la chose, se rappelant d’autres souvenirs moins agréables. Des manières que certains nobles, ou même des bourgeois, adoptaient avec elle. Des mains baladeuses qui s’arrogeaient le droit de se promener sur son corps comme si elles en étaient propriétaires. Par chance, quelques mots avaient suffit pour les faire se retirer. Là, Nicole s’abstint de toute remarque, ce n’était qu’une mèche mais son regard se fit un peu plus dur pour montrer sa désapprobation. Elle n’était pas une poupée. Le duc comprit-il son message ? Peut-être mais quoiqu’il en soit, la main se retira, relâchant la mèche captive.

L’homme manifesta alors son désir de goûter son chocolat. Cela fit un immense plaisir à Nicole qui relégua le léger incident dans un coin de son cerveau et sourit plus franchement. Elle hocha alors la tête.


« Ce sera avec un immense plaisir. Si vous voulez bien me suivre monseigneur. »

Nicole le devança et le conduisit à une table dans un des coins de la salle. Il serait ainsi à peu à l’écart des autres consommateurs sans pour autant se sentir exclu. Elle avait pensé l’accompagner dans un des salons privés mais cela aurait été un peu trop… intime et trop suggestif. La salle principale était mieux indiquée et la table désignée était parfaite. Légèrement en retrait mais pas trop non plus. La jeune femme désigna l’un des fauteuils moelleux au noble.

« Je vais vous abandonnez quelques instants, le temps de vous préparer une des spécialités de la maison. »

Une nouvelle petite révérence avant que la demoiselle ne quitte la compagnie du duc et s’en aille en direction des cuisines. Nicole n’était pas le genre de femme à diriger sans mettre la main à la patte. Elle savait elle-même préparé toutes les spécialités de l’endroit et se ferait un plaisir d’en faire profiter le sieur Vanderkan. Une fois en cuisine, elle se para d’un tablier immaculé et commença sa préparation. Elle prit une louche et une chocolatière. Plongeant la louche dans une des marmites où le liquide chauffait doucement, elle versa la boisson dans la chocolatière de porcelaine fine au décor subtil et déconcertant. De simples liserés or venaient soulignés le couvercle, le socle, la poignée et le bec verseur. Comme toujours, mademoiselle chocolat misait sur la finesse, le raffinement et la simplicité.

Une fois le liquide chaud versé dans le récipient de porcelaine, Nicole y versa quelques petites cuillérées d’épices afin de rehausser le goût et de le sublimer, deux pincées de poudre de noisette pour aromatiser délicatement et enfin du sucre pour adoucir le mélange. C’était une nouveauté qu’elle avait elle-même mise au point. Au départ, le chocolat était vraiment très amer. Nicole avait eu l’idée d’y rajouter du sucre, un produit encore peu usité et qui coutait fort cher. Mais une nouvelle fois, la jeune femme misait sur cet ingrédient. Refermant le couvercle, elle tourna rapidement le bâton qui était plongé dans la chocolatière afin de bien mélanger le tout et de rendre le mélange crémeux et légèrement mousseux. Elle disposa ensuite la chocolatière sur un plateau d’argent finement ciselé, une tasse et sous-tasse assorties à la chocolatière, une carafe de cristal remplit d’eau et un verre à pied de cristal aussi. S’emparant du tout et s’en ôter son tablier, elle revint dans la salle principal et vers le duc.

Elle déposa le plateau sur la table avant de disposer chaque élément devant William. Elle remplit consciencieusement le verre d’eau puis tourna une nouvelle fois le bâton dans la chocolatière avant de servir le duc. A chaque étape, elle expliquait le pourquoi du comment.


« Voici de l’eau mon seigneur. Le chocolat étant assez épais et consistant, l’eau permet entre chaque gorgée de neutraliser son goût au niveau du palais et ainsi de pouvoir savourer de la meilleure manière possible toutes les saveurs que vous offre le chocolat. Ce que vous pouvez prendre pour une simple théière est en fait une chocolatière. Vous voyez le couvercle mon seigneur, il renferme la tige d’un bâton plongé dans le mélange. Cela permet de mélanger régulièrement le chocolat chaud et éviter qu’il ne se fige. Cela le rend aussi plus crémeux et mousseux. Vous voyez quand on le verse, une légère mousse le couvre comme un joli duvet. Néanmoins, la mousse ne doit pas être excessive sinon cela devient vite désagréable. »

Nicole reposa la chocolatière et se mit sur le côté attendant le bon plaisir du duc. Elle souriait toujours avec simplicité malgré que son cœur batte la chamade. C’était toujours particulièrement stressant quand une nouvelle personne goûtait son chocolat. Elle espérait que cette personne aimerait mais ce qu’elle préférait par-dessus tout était l’honnêteté. Elle préférait qu’on lui dise qu’on n’aimait pas son chocolat plutôt que de faire semblant d’apprécier. C’était stupide à son sens. Elle sourit un peu plus encore.

« Monseigneur je n’ai nullement la prétention de vous faire aimer ce chocolat. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Le chocolat est une boisson atypique que tout le monde n’apprécie pas forcément. Donc je ne serais nullement offensée par le fait que vous n’aimiez pas ce mélange monseigneur ! »

Les mains sagement croisées sur le devant de son tablier, une nouvelle fois Nicole se mit à attendre comme elle savait si bien le faire. La patience était une vertu, la sienne en particulier.
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MessageSujet: Re: Entrevue Gourmande . [PV Nicole.]   Entrevue Gourmande . [PV Nicole.] EmptyVen 10 Juin - 20:17

Les détails sont, pour certains, des choses inutiles…Futiles. Une perte de temps. Voire même un semblant d’inaccessibilité flagrante. Mais, lorsqu’on vit dans un monde ou la perception est maître, ou chaque détail s’impose aux yeux telle une unicité implacable alors ces dites futilités deviennent indispensables..Elles se mêlent pour confectionner une réalité délicieusement imparfaite, divinement frêle et impure…Oui, Impure et fangeuse, et parfois même répugnante…Répugnante de corruption …Mais exquisément pernicieuse…L’alliage des opposées, des contraires ; reflétant un monde incertain dans lequel se côtoient ceux qui s’occultent volontairement et avec empressement et ceux qui peuvent percevoir chaque imperfection ou chaque mouvement…Mouvement ? Est-il seulement encore possible de parler de mouvements lorsqu’il est possible d’en décomposer chaque image qui le constitue ? Le démanteler en une série de plans qui se suivent, discerner un froissement de feuilles à une distance incalculable aussi bien qu’un cri de désaxé à quelques pas de soit. Nombreux sont les privilèges que confèrent une nature vampirique, une vie de nuit, une vie entière d’analyse…Souvent, se sont la lassitude et le désarrois que l’on peut lire sur son visage d’incube éternel…Lassé de lire les mêmes expressions, de voir se plisser les même rides d’expressions, de voir s’humidifier les mêmes regards sous l’effet d’une quelconque émotion …Tant de similitudes, de détails affligeants…Un lac de conformisme et de banalité. Cela l’agaçait, si bien qu’il ne cherchait plus à observer un visage réellement, se contentant d’en retenir les principales caractéristiques…Cherchant tant bien que mal à dissuader ces prunelles lucifériennes de peur qu'elles ne retombent dans leur don constant de dissection et d’analyse des visages… Il ne voulait plus deviner les pensées d’un simple regard…Il voulait de la spontanéité, du renouveau. Cela le hantait. Cela l’appelait. Malgré lui, chaque jour, se demandant s’il croiserait un visage capable de le laisser interdit, de susciter en lui l’envie de le connaître plus encore. Cela n’était encore jamais arrivé – ou peut-être s’était-il forcé à oublier le dernier visage qui lui avait procuré cet effet – quoiqu’il en soit, cela faisait une éternité qu’il n’en avait plus croiser. Qui, alors, se serait douter qu’en entrant par curiosité dans une chocolaterie, son souhait serait exaucé ?

Il suffit à la demoiselle de prononcer ces quelques mots pour qu’il le réalise :

« Je suis ravie également de croiser votre chemin seigneur duc. Vous me flattez monseigneur car je ne suis qu’une modeste commerçante. »

Des mots qui renvoyaient une image humble qui le surprit sur le coup, lui qui côtoyait usuellement des gens dont le terme même de « modestie » était inconnu. Il voulu lui rétorquer qu’elle n’avait pas à se rabaisser ainsi, et que quoiqu’il en soit, le métier de commerçante et en particulier de chocolatière, était, pour lui en tout cas, quelque chose de bien plus glorifiant qu’un simple titre de noblesse qui vous tombe du ciel par héritage ou que l’on acquiert par des relations ou du piston …Que rend -on comme service lorsque l’on se repend sur un fauteuil, ou lorsqu’on se mire dans un miroir à longueur de journée ? Absolument rien. Voilà pourquoi il considérait les commerçants comme des êtres non seulement indispensables mais bien plus important que d’autre au prestige vaniteux. Il aurait bien voulu le lui dire en effet.

« Je vais vous abandonnez quelques instants, le temps de vous préparer une des spécialités de la maison. »

Mais elle avait déjà filé dans les cuisines pour lui préparer le chocolat qu’il désirait goûter. Le laissant seul quelques instants. Instant durant lesquels il contempla de nouveau l’intérieur de la Chocolaterie, repensant à son intitulé « A mon seul plaisir »…Il lui semblait que l’enseigne avait été écrite pour lui. Alors qu’il se faisait la réflexion, elle revint, toujours aussi gracieusement, un plateau dans les mains, duquel s’échappait une délicieuse odeur de chocolat chaud. Une fragrance suave, qui pour une fois et malgré sa nature vampirique, lui fit ressentir le besoin d’y goûter. Il l’écouta d’abord, elle prit le soin de lui narrer chaque étape de sa mise en œuvre.

« Voici de l’eau mon seigneur. Le chocolat étant assez épais et consistant, l’eau permet entre chaque gorgée de neutraliser son goût au niveau du palais et ainsi de pouvoir savourer de la meilleure manière possible toutes les saveurs que vous offre le chocolat. Ce que vous pouvez prendre pour une simple théière est en fait une chocolatière. Vous voyez le couvercle mon seigneur, il renferme la tige d’un bâton plongé dans le mélange. Cela permet de mélanger régulièrement le chocolat chaud et éviter qu’il ne se fige. Cela le rend aussi plus crémeux et mousseux. Vous voyez quand on le verse, une légère mousse le couvre comme un joli duvet. Néanmoins, la mousse ne doit pas être excessive sinon cela devient vite désagréable. »

Lorsqu’elle parlait…. Elle avait, un visage qui recelait des secrets…Des mystères qu’il ne parvenait pas à déchiffrer. Une façon de s’exprimer absolument agréable et apaisante. Il observait sa manière de préparer le chocolat – bien qu’attentif aux explications de la demoiselle – il resta surtout captivé par ces fameux détails qui la caractérisaient. Lorgnant ses lippes qui se mouvaient gracieusement, souriaient de temps en temps, d’une façon plaisante, douce et toujours aussi apaisante. Elle en connaissait long sur le sujet, il aurait prié pour qu’elle ne cesse de parler…Car…Outre les yeux, l’ouïe. Sa voix tintait merveilleusement bien. Une tonalité qui le rendit dépendant de ses mots, il les dévoraient les uns après les autres, restant muet de son côté, attendant qu’elle finisse ses explications…Se sentant même particulièrement inculte face à elle. Mais il appréciait cela ; découvrir des choses que ses siècles de vie ne lui avaient pas encore dévoilé. Se penchant pour saisir la tasse et se servir de ce liquide à l’odeur appétissante, il la regarda prononcer ces derniers mots :

« Monseigneur je n’ai nullement la prétention de vous faire aimer ce chocolat. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Le chocolat est une boisson atypique que tout le monde n’apprécie pas forcément. Donc je ne serais nullement offensée par le fait que vous n’aimiez pas ce mélange monseigneur ! »

Et la gratifia d’un léger sourire au coin de ses lèvres. Se disant intérieurement que s’il s’avérait que le chocolat ne lui plaisait pas, il ne lui en donnerait jamais les véritables raisons. Se rehaussant, la tasse en main, la regardant toujours, ces prunelles dans les siennes comme pour la déstabiliser – s’amusant de voir que cette façon de la regarder faisait augmenter la vitesse de ses battements de cœur…Battements qu’il pouvait percevoir sans mal tant son ouïe s’était affutée avec le temps – Il lui sourit avant de porter la tasse à sa bouche et de laisser une petite quantité de liquide y pénétrer. Il fut surpris. Au premier abord, ses papilles habituées au sang lui crièrent leur souffrance , le suppliant presque de recracher ce qu’il venait d’ingérer. Mais, peu à peu, il s’habitua au goût…Quelque chose de surprenant…Légèrement amer, mais doux, rehaussé de quelques épices et d’autres parfums qu’ils ne connaissaient pas. Quoique ce soit, cela lui plut. La cuisine des humains était un art qu’il ne maîtrisait pas du tout…Il avait simplement entendu parler de certains produits populaires et n’avait que très rarement goûté aux plats qu’on lui servait, prétextant toujours qu’il faisait une diète ou qu’il avait déjà mangé…Mais cette fois-ci il n’éprouva aucun regret après avoir gouté au chocolat de la délicieuse Nicole qu’il venait de rencontrer. D’humeur alors assez joueuse, il posa la tasse sur le plateau d’un geste agacé, plissant les yeux et fronçant les sourcils comme s’il était dégouté, voire même exaspéré. Il plongea son regard pourpre dans celui – bicolore – de la jeune femme et lui répondit d’un ton glacial et quelque peu détestable.

« Dans ce cas. Laissez moi vous dire que ce chocolat est un désastre. »

Il la fixa encore quelques instants, jouant parfaitement la comédie. S’adossant à son fauteuil en adoptant des grands airs de noble désabusé. Mimant alors sa classe sociale, qui le répugnait, de façon remarquable. Il attendit ainsi un long moment, l’observant avec insistance pour guetter la moindre de ses réactions…Le moindre de ses battements de cœur…Il savait qu’il l’avait troublée en disant cela aussi sèchement…Mais il ne tarda pas à stopper la comédie. Se redressant pour prendre la tasse et s’en servir une autre. Il l’amena à sa bouche et bu tout le liquide qu’il venait de se servir. Il lui sourit, plus doux cette fois et la rassura enfin en ajoutant :

« Oui..Un désastre…Il est bien trop exquis, Mlle Moulin. »

Reposant la tasse sur le plateau, il la déshabilla du regard. Il se considérait chanceux de se trouver en ces lieux, dire qu’il avait failli ne pas descendre de sa calèche et continuer sa route sans demander son reste. Heureusement que la curiosité l’avait emporté, heureusement que le chauffeur avait emprunté une route différente de celle qu’il suivait usuellement. Il aurait raté cette rencontre inaccoutumée. Que pouvait-elle bien penser de cet homme qu’il était ? Lui qui entrait dans sa boutique et se réservait le privilège d’un entretient avec la propriétaire même des lieux, lui qui osait lui répondre sèchement par pur amusement…Il n’osa même pas s’en faire une idée, convaincu que la jeune femme se sentirait outrée après une telle inconvenance. Mais cela faisait partie de sa nature…A la fois mystérieux et joueur, se plaisant à cultiver son image d’homme impassible et froid ou de vampire assoiffé de sang face à ses proies…Arborant toujours les mêmes airs et le même sourire presque effrayant, mais qui n’enlevaient malgré tout rien à ce charme lascif que lui conférait sa nature vampirique. Mais elle…Cette délicieuse commerçante, modeste et aimable, possédait un charme naturel qui ne le laissait pas indifférent. Chose qu’il lui cacha bien évidemment, n’étant pas du genre à dévoiler ses pensées ou ses sentiments. Il se leva alors, réajustant son caban et passant une main dans ses cheveux pour dégager son front qui se couvrait un peu. Puis, il se dirigea vers elle et s’inclina un peu pour lui prendre la main délicatement, la relevant elle aussi, sans la brusquer. Ses prunelles la fixaient toujours aussi avidement, se régalant de chacun de ses mouvements…Il porta alors sa main à sa bouche une deuxième fois et y déposa un furtif baiser.

« Vous me semblez si passionnée par votre métier, quel plaisir de voir tant d’investissement. Vous écouter narrer tout ceci m’a apprit beaucoup de choses. Le chocolat ne fait habituellement pas partie de ce que j’apprécie… » Il lâcha sa main doucement, se rendant compte qu’il la tenait toujours. « Mais votre façon de le préparer m’incite à revoir mon jugement. Vous êtes passionnante.» Ajouta t-il enfin, le regard dans celui de Nicole.

Il avait envie de la déstabiliser, de voir ses joues s’empourprer de gêne. Alors il accompagna ses dernières paroles en s’approchant un peu plus d’elle, la faisant reculer malgré elle pour la coincer entre lui et le mur le plus près. Ne voulant pas non plus l’effrayer, il ne la coinça pas à proprement dit. Il se contenta simplement de poser sa main contre le mur – en guise d’appui – n’empêchant pas la jeune femme de s’extirper de là si elle le souhaitait. Il voulait seulement voir comment elle réagirait, simplement se délecter de cette peau immaculée rosie par un surplus d’émotions, juste apprécier un instant sa fragrance d’un peu plus près, comme pour s’étourdir un peu plus et se tester. Tester à la fois sa capacité à résister à l’appel de la danse sanguine qui se déchainait en elle, mais aussi sa capacité à ne pas succomber à cette soudaine envie qui le titillait – goûter à la chocolatière après s’être régalé du chocolat.
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MessageSujet: Re: Entrevue Gourmande . [PV Nicole.]   Entrevue Gourmande . [PV Nicole.] EmptyLun 20 Juin - 9:10

Attentive, guettant chaque geste, chaque expression du noble, Nicole demeurait bien droite près de lui. Ses yeux pers semblaient scruter chaque détail du visage du sieur Vanderkan. C’était une habitude qu’elle avait prise de longues dates, depuis qu’elle avait commencé son commerce de chocolat. Observer était quelque chose d’essentiel. Toute information, même mineure, était un indice précieux pour Nicole. Pour une chocolatière, la satisfaction des clients était primordiale. La satisfaction de celui-ci en particulier. Son cœur battait la chamade alors qu’elle observait la main se saisir de la tasse de porcelaine fin et de la porter jusqu’aux lèvres masculines. Le goût sembla surprendre le duc mais cela n’était guère étonnant. Il ne devait jamais avoir goûté un tel breuvage. Le goût et les parfums surprenaient toujours la première fois. Elle-même avait été particulièrement frappée par le mélange la première fois qu’elle y avait goûté. La tasse fut reposée et le cœur de Nicole s’emballa encore un peu plus en attendant le verdict. L’air dégoûté du jeune homme n’était pas de bon augure et la sentence sembla sans appel.

« Dans ce cas. Laissez-moi-vous dire que ce chocolat est un désastre. »

La jeune chocolatière déglutit péniblement alors que son cerveau fonctionnait à deux cents à l’heure. Le terme de « désastre » ne lui plaisait pas, mais pas du tout. Qu’il n’aime pas était une possibilité. D’ailleurs les gens réagissaient toujours de manière tranchée vis-à-vis du chocolat, soit ils aimaient, soit ils détestaient. S’ils n’aimaient pas, avec du temps, ils pouvaient apprendre à apprécier mais ce ne serait jamais une passion. Par contre, personne n’avait jamais dit que son chocolat était un « désastre ».

Il mentait, la jeune femme en était certaine. Ses yeux se rétrécirent pour tenter de lire dans l’esprit du noble. Elle connaissait la valeur de chacun de ses produits. Ils étaient les meilleurs, de première qualité. Comme pour tout, elle payait cher mais savait très bien ce qu’elle achetait. Malheur au vendeur ou grossiste qui s’aviserait de la tromper sur la marchandise. Elle ne laisserait rien passé. Donc, le duc mentait. Qu’il n’aime pas, oui, qu’il le trouve catastrophique, ce n’était pas possible. La jeune femme avait elle-même préparé le mélange et n’avait fait aucune erreur de proportion. Elle n’était pas vaniteuse ou orgueilleuse, elle savait ce qu’elle valait et ce que valait son chocolat. Elle allait d’ailleurs lui dire que la mystification ne faisait pas partie de son quotidien et qu’elle détestait le mensonge. Peu lui importait qu’il soit noble. Parfois, il fallait savoir monter au créneau pour défendre ce à quoi on tenait et on croyait, ici son chocolat et sa réputation. C’est alors qu’elle le vit brusquement se resservir et avaler une nouvelle tasse.


« Oui… Un désastre… Il est bien trop exquis, Mlle Moulin. »

S’il avait voulu la déstabiliser, c’était gagné même si elle ne montra que peu son trouble. Ses mains croisées tombèrent simplement de chaque côté de son corps alors que son cœur se calmait quelque peu. Elle avait vu juste, il avait bien menti. Nicole haussa un sourcil montrant ainsi sa désapprobation devant un tel tour. Bien sûr, en tant que noble, il était libre d’agir comme il le désirait peu importait que cela soit au dépend des autres. Quoiqu’il en soit, le fait qu’il apprécie pour de bon son chocolat lui fit obtenir un tour au purgatoire de l’estime de Nicole plutôt que de se retrouver directement dans les sphères infernales. Il pouvait se considérer comme chanceux. Elle inclina alors simplement la tête en guise de merci, son sourire revenant s’afficher sur ses lèvres incarnat.

Elle se décala légèrement quand William se releva pour le laisser passer en premier mais l’homme se posta face à elle venant chercher une nouvelle fois sa main pour la gratifier d’un baisemain rapide et ayant la légèreté d’une aile de papillon. Cet homme était étrange, particulier, la jeune femme le sentait bien.


« Vous me semblez si passionnée par votre métier, quel plaisir de voir tant d’investissement. Vous écouter narrer tout ceci m’a apprit beaucoup de choses. Le chocolat ne fait habituellement pas partie de ce que j’apprécie… - il lâcha alors sa main qui retomba le long de son corps comme privée de vie ou de volonté - Mais votre façon de le préparer m’incite à revoir mon jugement. Vous êtes passionnante.»

Elle allait lui répondre quand elle le vit avancer vers elle. Elle le regarda, interrogative, tout en reculant de manière instinctive. Le duc posa sa main contre le mur, la tenant presque prisonnière. Presque. La jeune femme vit tout de suite comme se soustraire à cette position mais cela aurait été fuir et ça ne faisait pas vraiment partie de sa façon d’être. Elle soutint le regard rubis de William et ne sourcilla même pas. Ses joues ne prirent aucune teinte particulière. Elle n’était pas du genre à s’effaroucher pour si peu, encore moins à paniquer, elle en avait vu d’autres. Son sourire s’élargit même devant cette légère provocation.

« Passionnée est, je pense, le terme qui me caractérise le mieux en effet dans mon travail. J’aime le chocolat et j’aime le faire découvrir. Vous me voyez ravie que vous l’ayez apprécié monseigneur même je dois avouer vous en avoir quelque peu voulu de votre… mensonge. Que l’on n’aime pas le chocolat est une chose mais je connais les qualités du breuvage que je sers et je sais qu’il est très bien préparé et qu’il ne peut, en aucun cas, être qualifié de désastre. »

Malgré le fait qu’elle lui tenait tête, le souffle de la demoiselle s’était accéléré et sa jolie poitrine se soulevait un peu plus que d’habitude. Son cœur aussi battait plus rapidement. Cet homme étrange la troublait quelque peu. Il avait quelques mauvaises manies de nobles pourtant, quelque chose chez lui le rendait particulier, atypique. Il la troublait ou était-ce simplement la couleur sanguine de son regard qui l’ébranlait ? La jeune bourgeoise se dit que cela devait être la même chose pour son regard à elle tout aussi particulier. Enfin, peut-être moins quand même.

« J’ose espérer vous revoir bientôt chez moi, monsieur le duc. Ce sera un grand honneur et un grand plaisir pour moi de vous faire à nouveau partager ma passion. »

La chocolatière ne quittait pas les yeux du duc des siens. Elle avait l’impression d’être curieusement relié à lui comme si leurs regards étaient deux aimants qui s’attirait l’un l’autre. Elle n’était pas dupe et savait qu’il cherchait à la déstabiliser. Une telle position aurait fait rougir bon nombre de demoiselle et, plus les secondes passaient, plus cela risquait de se produire finalement pour la Miss chocolat. Le meilleur moyen de l’éviter était peut-être de le déstabiliser à son tour ou au moins d’essayer.

« Visiblement, vous cherchez à me troubler par votre attitude monsieur le duc. Que puis-je faire pour vous faire rougir à votre tour ? »

La question était audacieuse et fut le déclencheur du rose qui vint légèrement colorer le haut de ses pommettes. Chose qu’elle avait réussit jusque là à éviter mais la tentation de l’embêter un peu à son tour était très forte. Après tout, il avait joué, elle aussi en avait bien le droit. Son sourire se transforma légèrement pour se faire plus joueur, plus mutin. Comment le duc allait-il réagir ? S’offusquer ? Se contrarier ? Jouer ? Nicole l’ignorait mais avait hâte de connaitre la réponse même si celle-ci ne lui convenait pas. Il fallait savoir prendre des risques dans la vie et Nicole était une spécialiste de la question. Sa vie, depuis la mort de son père, avait été une succession de coups de poker tous gagnant jusqu’à ce jour.
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MessageSujet: Re: Entrevue Gourmande . [PV Nicole.]   Entrevue Gourmande . [PV Nicole.] EmptySam 2 Juil - 14:44

Usuellement, la vésanie vampirique permettait deux choses plutôt plaisantes. La première et sans doute la plus évidente était celle de soustraire n’importe quel innocent à soi, pouvant ainsi lui ordonner de réaliser le moindre caprice, la moindre petite folie – l’instinct de survie suffisant en lui-même à le convaincre de ne jamais se révolter et d’accepter sa triste existence de servitude. La soumission, ainsi. Joli qualificatif que voilà pour caractériser ce qu’une âme luciférienne pouvait offrir à son détenteur. La deuxième chose, celle sans doute que l’on pourrait trouver extrêmement exquise, ressemblait étrangement à la première mais se nuançait quelque peu. Au lieu d’effrayer cette fois-ci pour soustraire, il s’agit de séduire. Séduire une âme tourmentée, un sourire glissé sur les lèvres et reflétant quelques arrières pensées peu amènes. Cette lasciveté bien connue chez les vampires astreignait souvent les jeunes demoiselles à tomber sous le charme d’un incube assez rusé. Allons savoir pourquoi et comment ce phénomène était observable, peut-être était-ce de la psychologie inversée ? Peut-être était-ce du masochisme ?Ou tout simplement une attirance irrépressible vers le mal ? Sans doute. L’homme est, après tout, le cerf de la tentation. Mais, il fallait bien l’avouer, dans ce domaine là, William excellait. User de ses privilèges vampiriques pour parvenir à ses fins, il l’avait déjà fait, et s’il fallait recommencer, alors il recommencerait. Ca n’était pas parce que son quotidien ressemblait comme deux gouttes à celui, morose, d’un humain ordinaire qu’en son esprit ne s’agitaient plus les flammes des enfers. Le sang, il en rêvait, et le jeu, il s’en délectait. Simplement, et il est vrai, que quelques siècles d’errance pouvaient s’avérer parfois très bénéfiques en matière de contenance et maturité.

De voir qu’une sylphide à laquelle il s’intéressait puisse demeurer impassible devant ses initiatives, lui plut alors beaucoup. Cette jeune femme, en effet, possédait une peau d’albâtre qui n’empruntait quelques rougeurs de gêne que lorsqu’elle souriait ou riait. Mais, lorsqu’on tentait de la déstabiliser, elle demeurer neutre, une faible accélération de fréquence cardiaque était parvenue à l’oreille du vampire, mais une chamade, cela resta contrôlé. C’était impressionnant, et si, inaccoutumé. Elle semblait fière de son chocolat, sûre de sa qualité, et même la petite plaisanterie du Duc ne parvint pas à lui arracher un sourire. Ses lippes s’entrouvrirent pour lui répondre d’un phonème qui se voulait presque impassible, quelques tressaillements trahissant cependant son élocution.

« Passionnée est, je pense, le terme qui me caractérise le mieux en effet dans mon travail. J’aime le chocolat et j’aime le faire découvrir. Vous me voyez ravie que vous l’ayez apprécié monseigneur même je dois avouer vous en avoir quelque peu voulu de votre… mensonge. Que l’on n’aime pas le chocolat est une chose mais je connais les qualités du breuvage que je sers et je sais qu’il est très bien préparé et qu’il ne peut, en aucun cas, être qualifié de désastre. »

Elle avait prononcé ses mots dans un sourire infaillible, peut-être cherchait-elle à dissimuler ses émotions ou disposait-elle réellement d’un tempérament plus mature que l’on ne croirait, il n’en savait rien, et cela lui donna plus encore envie de la découvrir, de la déstabiliser pour voir jusqu’où elle se retiendrait, et jusqu’où il devrait aller pour voire apparaître sur ses joues rebondies d’exquises rougeurs de jeune fille. Il voyait bien que le fait se retrouver plus proche de lui l’avait malgré tout troublée. Il savait bien aussi qu’elle n’était point insensible à cette fameuse hiérarchie sociale, de part ses appellations, sa courtoisie, et le respect des convenances qu’elle s’imposait. Il trouvait cela inutile, et même rabaissant pour elle qui ne méritait pas de s’incliner devant l’homme qu’il était, il n’avait rien de bien spécial et qui plus est, mais cela elle ne savait pas, il était un monstre…S’incliner devant un monstre était une pure ironie, quelle risible mascarade, quelle comédie hilarante…Il aurait voulu le lui dire, il aurait même préféré qu’elle s’effarouche d’avoir côtoyer de si prés un être aussi vil que lui plutôt que de lui offrir ces petites attentions – certes plaisantes – mais qu’il ne méritait absolument pas. Mais comme toujours et encore pour longtemps, il se tut, et profita presque de ce que sa position lui octroyait.

« J’ose espérer vous revoir bientôt chez moi, monsieur le duc. Ce sera un grand honneur et un grand plaisir pour moi de vous faire à nouveau partager ma passion. »

La revoir ? Il ne dirait jamais non. Partager sa passion ? Elle semblait si cultivée que jamais il ne déclinerait pareille invitation. Il fut même presque ravi qu’elle le lui propose, mais chaque chose en son temps, leur entrevue du jour ne touchait pas encore à sa fin. Elle prenait même une tournure inattendue, car, à terme, la délicieuse chocolatière se prit au jeu….N’étant pas née de la dernière pluie, elle avait parfaitement saisi le petit jeu que menait William depuis qu’il s’était dirigé vers elle et l’avait adossée au mur .

« Visiblement, vous cherchez à me troubler par votre attitude monsieur le duc. Que puis-je faire pour vous faire rougir à votre tour ? »


Que pouvait-elle faire ?Comment pouvait-elle faire rougir une peau cadavérique, une peau dépourvue de vie, blafarde et presque inquiétante ? Il n’en savait rien, non lui, il ne rougissait plus, plus depuis longtemps…Il se demandait même si un jour il avait rougit….Si un seul jour dans sa vie quelque chose l’avait assez ému pour que ses joues se colorent de teintes vermeil osant dévoiler son émoi. Il serait intéressant de voir en effet si Nicole y parviendrait. S on regard pourpre alors plongé dans celui, chamarré, de la chocolatière, il resta impassible quelques instants. Ne sachant pas vraiment quoi répondre, il n’était « déstabilisé », il se demandait seulement comment il allait pouvoir justifier la lactescence de son derme sans révéler sa véritable nature. Ou simplement sans éveiller quelques soupçons mal venus…Il réfléchit alors tout en gardant ses yeux rivés sur le ravissant visage qui lui faisait face, mais resta étrangement taciturne, décidant de ne pas répondre immédiatement à la jeune femme, plus par absence d’inspiration que par désir de la faire languir.

Il laissa son bras prendre appui contre le mur et remonta son autre main vers la visage de la jeune femme. Un doigt osa se posa contre la joue gauche de la belle demoiselle et se descendit vers sa bouche pour en dessiner les contours avec assiduité et soin, ne voulant pas non plus l’effrayer. Puis, finalement, après quelques minutes d’exploration cutanée, connaissant à présent chaque détail de cette attirante bouche, il laissa courir son doigt un peu plus bas. Voyant que cela ne semblait pas plaire à la jeune femme, il esquissa un sourire narquois et ne freina pas la course de ce doigt curieux contre cette peau frémissante. Il arriva alors sur sa clavicule, tout prés d’un canaux sanguin tant convoité, et passa son doigt dessus délicatement, se laissant bercer par le rythme régulier des pulsations et l’odeur du fluide qu’il parvenait à humer. Ses sourcils se froncèrent, cherchant à restreindre le monstre qui se déchainait en lui…Que faisait-il en réalité ? Il voulait simplement voir s’il était capable de résister à cet concupiscence veineuse qui le consumait. D’un point de vue extérieur, ses gestes pouvaient paraître étranges, et il comprendrait parfaitement que la jeune humaine le qualifie d’aliéné après ce qu’il se permettait de faire.

Le doigt se retira après avoir assez martyriser son ôte, et il plaqua sa main contre son front, fourrageant les mèches de cheveux qui le recouvrait de façon contrariée. Du coin de l’œil, il regarda la demoiselle et lui adressa un sourire d’affliction sincère.

« Veillez m’excuser. » Il cessa d’appuyer son bras contre le mur, amplifiant ainsi l’espace dont disposait Nicole. « Quelque fois…Je perds l’esprit . » Ironisa t-il. « Peut-être est-ce de votre faute après tout…. » plaisanta t-il tout en replaçant son visage en face de son interlocutrice. « Me déstabiliser est très difficile malheureusement. » Un sourire étira ses lèvres. « Mais je ne vous en voudrais pas d’essayer…Car, je ne me suis point privé de le faire avec vous. » prononça le duc pour achever son discours.
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MessageSujet: Re: Entrevue Gourmande . [PV Nicole.]   Entrevue Gourmande . [PV Nicole.] EmptyJeu 7 Juil - 14:16

Visiblement, si la question ne le surprenait pas, elle le laissait en tout cas perplexe. Il ne répondit pas. L’aurait-elle vexée ? Ce n’était pas le but mais les nobles étaient parfois si lunatiques. Un jour rouge, l’autre blanc. Ils pouvaient passer du rire aux larmes en un temps record. C’était une chose que la chocolatière détestait tout particulièrement. Elle n’aimait pas ces changements d’humeur brutaux et parfois sans fondements. Surtout que c’était ceux qui les entouraient qui en pâtissaient. Et, histoire d’enfoncer le clou, ces changements n’étaient pas forcément réels. C’était quelque chose qui caractérisait la noblesse. Et tous ceux qui la composaient, s’y pliaient sans se poser de question. Nicole s’en voulait parfois de vouloir s’élever à leur niveau. Elle n’aimait pas mentir, ni jouer les girouettes. Mais elle avait travaillé si dur. C’était bien difficile d’abandonner son rêve. D’ailleurs, elle refusait de l’abandonner même s’il fallait finir par adopter cette attitude déplaisante au possible.

Le duc était toujours aussi silencieux mais il ne la libérait pas pour autant. Il continuait de la fixer de ses étranges pupilles écarlates. Un regard qui ne cessait de la troubler. Elle le sentait différent mais peut-être n’était-ce que l’effet de ce regard si atypique. Pourtant, elle se sentait étrange en sa présence, presque envoutée. Elle n’arrivait pas à décrocher de ses yeux. La jeune femme ne faisait même plus attention aux autres personnes qui se trouvaient dans son salon. Or il y avait fort à parier qu’eux ne rataient pas une miette de ce qui se passait. Mais cela était égal à Nicole.

Mais soudain, il y eut un changement chez le noble. Son doigt vint alors se percher sur sa joue gauche. Le souffle de la chocolatière s’accéléra de nouveau devant cet attouchement. Le doigt du duc était froid. Elle retint sa respiration alors que le doigt commençait à parcourir sa joue pour atteindre ses lèvres. Il les dessina, les redessina avec douceur. Cette caresse impertinente était inattendue. La rousse avait du mal à savoir comment réagir. Si cela avait été un autre, elle l’aurait promptement remis à sa place mais là elle n’y arrivait pas. Elle restait vrillée à son visage, à ses yeux qui la miraient de manière intense. Le doigt souligna un bon moment ses lèvres douces avant de poursuivre sa course sur son cou, jusqu’à sa base. Elle frissonna. Elle lui en voulait de se permettre ce genre de geste pourtant elle ne l’arrêtait pas. Pire elle appréciait presque ça. Cette caresse douce sur sa peau. Un doigt qui avait la légèreté d’un papillon.

Après un moment qui sembla une éternité, le doigt s’enfuit. Son propriétaire reprenait visiblement contenance et paressait presque gêné alors qu’il s’ébouriffait un peu les cheveux.


« Veillez m’excuser. Quelque fois…Je perds l’esprit. Peut-être est-ce de votre faute après tout…. Me déstabiliser est très difficile malheureusement. Mais je ne vous en voudrais pas d’essayer…Car, je ne me suis point privé de le faire avec vous. »

Le bras s’était retiré, la laissant libre. Le duc s’excusait de son comportement voilà qui n’était pas courant pour un noble. La respiration de Nicole reprit un rythme plus normal et elle ne se fâcha pas. Si elle avait du le faire, ça aurait été plus tôt. Maintenant c’était trop tard. De plus, elle n’en avait pas envie. Pire, une partie d’elle aurait bien aimé que cela continu. C’était étrange. Aucun homme ne l’avait troublé comme celui-ci. Elle avait toujours autant de mal à quitter son regard.

« Au final, c’est vous, seigneur, qui me déstabilisez une nouvelle fois – elle sourit un peu gênée – Je crains de ne pas arriver à vous déstabiliser comme vous avec moi. »

Sa voix montrait qu’elle était désolée. Mais était-ce parce qu’elle ne pouvait le déstabiliser ou parce qu’elle était déçue que le doigt est arrêté son exploration ? Les deux au final surement. Les humains ont un esprit bien contradictoire en certaines circonstances. Elle avait l’impression d’être dans un autre monde où il n’y avait que lui et elle. Une idée lui vint brutalement à l’esprit. Elle ne savait pas si cela fonctionnerait mais qui ne tente rien n’a rien. Elle fit un petit pas en avant et se hissa sur la pointe des pieds pour aller déposer un chaste baiser sur la bouche du duc. Les lèvres étaient froides mais c’était bien loin d’être désagréable. Elle resta ainsi quelques secondes, peut-être trop longtemps pour un tel échange. Un échange qui était certainement complètement fou. Elle finit par reprendre sa place mais, malgré son geste presque inconsidéré, elle ne rougissait pas, ne paraissait pas gêné.

« Un prêté pour un rendu monseigneur. Un baiser volé contre la caresse de votre doigt sur moi. J’ose espérer que vous ne m’en tiendrez pas rigueur. »

Son ton était calme et posé mais son regard pers restait toujours plongé dans celui du duc Vanderkan. Décidément, elle n’arrivait pas à briser ce lien particulier mais, au fond, en avait-elle vraiment envie ?
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MessageSujet: Re: Entrevue Gourmande . [PV Nicole.]   Entrevue Gourmande . [PV Nicole.] EmptyMer 13 Juil - 15:28

Cela faisait une éternité…. Une éternité, oui, qu’aucun être n’avait réussi à ébranler la monotonie de son cœur. Las, indifférent, passif, exsangue…Sanguinaire. Incube au flegmatisme sempiternel…Plus rien, n’était parvenu à lui arracher un soupir d’exhortation. Il était le faciès méphistophélique par excellence, tout juste bon à circonvenir de part cette pâle beauté, un rictus amèrement faufilé sur ses lèvres, une lueur ombrageuse dans les yeux, mais jamais…Oh grand jamais, l’on ne pouvait apercevoir, un semblant d’émotion, un trouble enfantin, une rougeur incontrôlée, une crispation sensitive. L’espoir même de sentir à nouveau ses entrailles le déchirer intérieurement s’était évaporer depuis si longtemps, la seule chose, l’unique, l’ultime chose qui le tiraillait…Etait cette soif inextinguible, toujours ce sang, toujours cette fragrance…Mais qu’est-ce donc que ce liquide se permettant outrageusement de le réduire à l’état d’esclave éternel … ? Depuis sa naissance, il n’avait vécu que pour cela, il ne connaissait pas, les joies d’une humanité bafouée…Car bafouée certes, mais connue, pour tous ceux que l’on appelait « Mordus ». Mais, un lignage parfait, un sang immaculé, pur, ne trahissait pas. Il séquestrait l’âme dans cette continuité perpétuelle et empêchait le luciférien de ressentir, juste, un zeste de mansuétude. Quelle acrimonie impalpable. Il s’était engouffré dans ce truisme maintenant, et ce, depuis bien des siècles d’errance. Rien, ne pouvait l’ébranler…Enfin. Disons plutôt que oui, cela faisait une éternité.

Elle semblait même le confirmer. Puisque le déstabiliser, n’était qu’utopie à ses propres yeux.

« Au final, c’est vous, seigneur, qui me déstabilisez une nouvelle fois – elle sourit un peu gênée – Je crains de ne pas arriver à vous déstabiliser comme vous avec moi. »

Effectivement, il était ardu de perturber l’imperturbable. Enfin c’est ce que l’on pouvait croire, ou même espérer. Il le savait bien, que pourrait-elle faire pour le troubler ? Il la savait raisonnable, son attitude, sa droiture, l’élégance et la prestance qui émanaient de sa si attirante physionomie dévoilait un tempérament dont le sérieux ne permettait aucun écart de conduite comme il venait de le faire. Baladerait-elle son doigt sur les lèvres comme lui ? Non, en réalité, il était presque sûr qu’elle se contenterait de garder le silence et de ne point riposter à ce pèlerinage charnel, l’exploration consubstantielle qu’il avait divinement menée. Mais, la vie est une source insatiable de petites surprises plus ou moins plaisantes. La vie recèle de folies. Et la si belle chocolatière se risqua à une d’elles. Au grand étonnement du Duc, toujours tiraillé par le démon qui sommeillait en lui, la jeune femme avança vers lui, d’un pas décidé, mais si inattendu. Se rehaussant sur la pointe de ses pieds pour que son visage se retrouve presque au niveau de celui de l’incube, elle osa bafouer les lisières de la bienséance, le rejoindre dans ses pérégrinations lascives. Et, chastement, déposer un baiser sur les lèvres du vampire.

« Un prêté pour un rendu monseigneur. Un baiser volé contre la caresse de votre doigt sur moi. J’ose espérer que vous ne m’en tiendrez pas rigueur. »

« Cela faisait une éternité » ? Eternité brisée. Ainsi soit-il.

Le contact de deux lippes plantureuses contre les siennes. Impuissance. Une prolongation, la palpation incertaine mais si exquise. Que lui arrivait-il ? Des baisers volés, des embrassades, il connaissait, son vampirisme acerbe ne lui empêchait pas non plus de se délecter des folies féminines. Mais sans jamais s’en sentir vacillé. Pourquoi ces lippes là ? Pourquoi ce visage ci ? Cette fragrance et pas une autre … ? Mais, quelle ironie… la connaissait-il seulement ? Non. Que depuis quelques minutes, que savait-il de son passé ? De son présent ? Se prétendrait-il son futur ? Allons… Que la raison lui revienne, qu’il reprenne ses esprits. Ca n’était qu’un baiser. Juste un. Rien de bien grave. Rien de …Bien alarmant. Mais quelle était cette….Perception dans sa poitrine, une pulsation, suivie d’une autre plus excitée. Enhardie… Mais quel fou ! S’éprendrait-il d’elle, d’une simple humaine ? Il ne fallait pas, il lui ruinerait l’existence, il la condamnerait à vivre si prés des horreurs nocturnes dont il pouvait être l’auteur.

Mais étrangement, quelque chose en lui astreignit ses pensées emplies de véracité, pour le pousser plus encore dans cette aliénation grandissante en son encéphale. C’était sur, pour une fois depuis tant de temps elle avait déclenché quelque chose en lui, un si chaste contact pourtant…Mais suffisant à perturber sa placidité habituelle. Il recula de quelques pas, les sourcils froncés, la toisant d’une manière inconvenante. Paradoxalement, il lui en voulait de l’ébranler de la sorte, l’idée de se sentir déstabilisé pour si peu lui parut si inconcevable…Mais pourtant, si véritable. La carnation sanguine de ses iris s’était enhardie, et dans un rictus presque effrayant. Le ton caverneux, intransigeant. Il prononça :

« Inconsciente…. »

Savait-elle seulement dans quoi elle s’embarquait ? Absolument pas. Avoir un vampire en guise d’amant était la pire chose que l’on puisse imaginer. Certes, elle n’en savait rien, elle devait le prendre pour un noble imbus de sa personne, aux réactions étranges, à l’allure atypique….Quelque chose dans ces eaux là. De surcroît, il ne fallait pas qu’il lui révèle sa vraie nature, pourquoi ? Il n’en savait rien, il ne voulait pas l’effrayer… Conserver son ingénuité lui semblait bien plus important que la briser par pur égoïsme. Alors, un long moment, il resta là, à la déshabiller d’un regard stricte, puis, après que ses songes l’aient assez torturé, il placarda sa main sur son front une nouvelle fois et s’ébouriffant la crinière – comme à son habitude lorsque quelque chose le contrariait – et replaça ses prunelles incendiaires dans celles, innocentes de l’humaine. D’un geste prompte, presque imperceptible, il harponna son poignet et l’entraina avec lui derrière la porte dont –elle était sortie peu de temps auparavant – portant le plateau sur lequel se trouvait le chocolat chaud. La trainant derrière lui, pas brutalement, mais surement en revanche. Il claqua alors la porte derrière, les enfermant dans les cuisines. Et la plaqua contre le mur, sans lui faire mal cependant, tenant ses poignets contre le fronton de chaque côté de son visage désemparé. D’un ton rauque, dévoilant son trouble, il ajouta.

« Comment vous en tenir rigueur….? » Sa voix, si grave, et résonant dans la pièce, se calma un peu. « Mais quelle audace. Me concurrenceriez-vous à présent ? N’osez même pas…L’adversaire est démesuré, il est possédé…Fou… » Il lâcha ses poignets, laissant les bras de la jeune femme retomber le long de son corps, et plaça les siens autour d’elle, toujours contre ce mur auquel il semblait vouer – dans sa démesure - une affection particulière. Puis, frugalement, son faciès se rapprocha de celui qui lui faisait face, et il posa à son tour ses lèvres contre celles de la jeune femme, murmurant un « Nicole… » avant de se laisser totalement sombrer dans le panthéisme de son accolade buccale. Ne laissant même pas le choix à la pauvre jeune femme, subissant – et il la plaignait inconsciemment – les envolées d’un démon et d’un homme instable.

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MessageSujet: Re: Entrevue Gourmande . [PV Nicole.]   Entrevue Gourmande . [PV Nicole.] EmptyDim 7 Aoû - 14:08

Nicole remarqua, mais pouvait-elle faire autrement, le changement d’attitude du duc. Son regard se faisait plus incisif, plus insolent aussi. Il la regardait comme si elle était la plus attirante des pâtisseries qu’il soit. Il la déshabillait totalement du regard des pieds à la tête et dans le sens inverse. Comment osait-il porter un tel regard sur elle ? C’était on ne peut plus offensant. Pourtant, c’était bien elle qui avait ouvert les hostilités. Après le baiser qu’elle lui avait prodigué, aussi chaste soit-il et qu’il n’est été qu’une réponse face à au doigt inquisiteur qu’il avait porté sur elle, elle avait passé un cap sans vraiment le vouloir. Il pouvait se sentir tous les droits. La chocolatière ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Il n’était qu’un noble et un homme en plus. Il n’allait pas se gêner face à une simple petite bourgeoise enrichit et chocolatière de son état. Quelle imbécile que d’avoir crut qu’il était peut-être différent. Lorsqu’il afficha son rictus, un frisson parcourut la jeune femme.

« Inconsciente…. »

Le mot la fit frissonner de nouveau. Aurait-elle fait un pas de trop ? Allait-elle provoquer un cataclysme ? Elle finissait par le craindre. Les mires sanguines continuaient de se balader insolemment sur sa personne. Elle oscillait entre colère et crainte. Nicole avait déjà été victime de tels regards mais aucuns ne l’avaient troublés autant. Certes elle lui en voulait mais, tout comme le doigt, le regard qui la déshabillait lui faisait une étrange impression. De nouveau, elle se retrouva aux prises avec ses propres sensations. L’envie qu’il arrête, le désir qu’il continue. Il lui faisait vraiment un effet bien particulier. Elle était perdue. Elle qui avait toujours su ce qu’elle voulait dans la vie. Là, elle ne savait plus bien à quel saint, auquel elle ne croyait pas, se vouer.

Soudain, la situation évolua alors qu’il la prenait par le poignet et l’entrainait vers la cuisine. Les regards se tournèrent spontanément vers le couple. Nicole afficha un sourire de façade et s’empressa de suivre William pour tenter de faire illusion. Les gens ne devaient pas se méprendre et ne pas croire qu’il la forçait alors que c’était bien le cas. Mais une fois de plus, le paraitre devait remplacer les faits. Alors qu’ils pénétraient les cuisines, d’un regard elle fit sortir le personnel qui obéit sans se poser de question. Elle se félicita d’avoir choisi toutes ces personnes à la fois obéissantes et compétentes. Le duc finit par s’arrêter et la plaquer contre le mur, maintenant ses poignets prisonniers contre le lambris. Elle avait le souffle court. Son cœur battait la chamade et sa poitrine se soulevait rapidement.


« Comment vous en tenir rigueur….? Mais quelle audace. Me concurrenceriez-vous à présent ? N’osez même pas…L’adversaire est démesuré, il est possédé…Fou… »

Elle frémit de nouveau. Oui, elle avait voulu le concurrencer, lui rendre la monnaie de sa pièce mais visiblement, elle avait déclenché quelque chose de plus, quelque chose de terrible. La chocolatière le sentait bien. Ses poignets bien que laissés libres mirent un bon moment avant de redescendre le long de son corps. Quel homme étrange, noble, duc, aux prunelles de rubis, à la peau si pâle, aux manières si étranges. Il la troublait bien plus que n’importe qui ne l’avait fait avant alors qu’elle désapprouvait son attitude inconvenante. Son visage se rapprochait dangereusement du sien. Il allait l’embrasser, elle le sentait, le savait. La bienséance aurait voulu qu’elle lui balance une gifle pour tout arrêter mais elle n’arrivait pas à s’y résoudre. Les lèvres se rapprochaient de plus en plus des siennes et elle n’arrivait plus à penser.

« Nicole… »

Ses mots lui provoquèrent de nouveaux frissons. Il avait prononcé son nom comme personne encore. Avant de pouvoir dire ou penser quoique ce soit, il se liait à elle par les biais de leurs lèvres. Ce n’était pas le baiser chaste qu’elle lui avait donné, c’était quelque chose de plus profond, de plus intense. Il l’embrassait comme un homme embrasse une femme quand il a envie d’elle. Un vrai baiser, le premier de toute son existence. Un baiser qu’elle subissait et auquel pourtant elle n’avait pas envie de se soustraire. Elle était toujours dans cette ambivalence profonde de ce qu’elle devrait faire et de ce qu’elle avait envie de faire. Il pouvait se féliciter d’être le premier homme à lui poser autant de soucis. Les autres, nobles ou bourgeois, qui avaient voulu en faire autant, elle les avait remis à leur place et sans ménagements. Elle n’avait jamais accepté qu’on puisse poser la main indécemment sur elle. Et là, elle ne savait plus quoi faire ou comment agir, réagir. Cet homme était un démon. Elle n’aurait pas du tenter le diable mais maintenant il était trop tard. Le pire étant qu’elle n’avait toujours pas envie que cela s’arrête. Timidement, elle se mit à répondre à son baiser, échangeant avec un certain plaisir mélangé à la crainte la plus profonde. Une crainte de lui mais surtout la crainte d’elle-même. Elle avait toujours été libre, elle n’avait jamais voulu se plier aux règles de la bonne société. Elle ne croyait pas plus en Dieu qu’au diable. D’ailleurs pouvait-on croire en l’un sans croire en l’autre ? Ses mains, retombées le long de son corps, se muèrent vers la taille du jeune homme et se posèrent dessus, hésitantes. Elles étaient aussi indécises que leur propriétaire qui n’avait toujours pas cherché à fuir cette situation au combien dangereuse et, au contraire, poursuivait son échange buccale avec le duc Vanderkan.
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